L'expérience lyonnaise - Au PMAD montréalais correspond le SCOT français

Ce texte fait partie du cahier spécial Grand Montréal
En France, on parle de SCOT, pour Schéma de cohérence territoriale. L'agglomération lyonnaise, troisième de l'Hexagone pour la population avec ses 1,3 million d'habitants, a signé le sien en décembre dernier.
L'objectif du SCOT lyonnais: préparer les conditions d'une vie meilleure à l'horizon de 2030. Le maire de la ville, Gérard Collomb, sera à Montréal le 29 septembre prochain, dans le cadre des Entretiens Jacques-Cartier, et donnera une conférence au CORIM sur l'importance, pour les grandes régions métropolitaines, d'avoir une vision cohérente de leur développement, notamment en matière d'économie, d'urbanisme, de transport, de tourisme, d'environnement et de culture, afin d'assurer leur compétitivité et leur attractivité sur le plan international. À quelques jours de sa venue, il dévoile quelques pans de la stratégie lyonnaise.Qu'est-ce qui vous a amené à adopter un Schéma de cohérence territoriale pour l'agglomération lyonnaise?
C'est à la fois une obligation de la loi de solidarité et de renouvellement urbains et une nécessité pour toute agglomération ambitieuse. Le SCOT permet de mettre en cohérence les politiques publiques de tous les partenaires autour d'une vision partagée. Dans notre cas, il se présente comme un schéma global d'aménagement à long terme, 2030, portant sur une aire urbaine très élargie: il rayonne en effet sur trois territoires, le Grand Lyon, la Communauté de communes de l'Est lyonnais et la Communauté de communes du pays de l'Ozon. Soit un total de 73 communes représentant 1,35 million d'habitants et 600 000 emplois. Cela correspond à un noyau urbain et sa couronne périurbaine.
De quel constat êtes-vous parti pour mettre sur pied ce que vous appelez le SCOT 2030 Agglomération lyonnaise?
Nous nous sommes dit d'abord qu'aujourd'hui, pour rayonner en Europe et dans le monde et pour améliorer la vie des habitants, il fallait penser le développement de nos territoires et leur aménagement à l'échelle de la métropole. Ainsi, nous avons voulu que notre SCOT développe une vision partagée avec les territoires voisins composant la totalité de l'aire métropolitaine lyonnaise. L'autre principe majeur qui nous a guidés, c'est cette conviction que l'aménagement de notre territoire est un instrument de réponse pertinent au défi des changements climatiques. À partir de là, le SCOT s'est construit autour de trois choix: celui du développement résidentiel et économique, celui de la cohésion sociale et territoriale et, enfin, celui de la préservation de l'environnement comme facteur d'attractivité et de qualité de vie.
Concrètement, quels objectifs vous êtes-vous fixés pour 2030?
Le SCOT est un schéma de cohérence, il traite donc de l'ensemble des composantes de la vie du territoire, au-delà des questions d'urbanisme seules. Ainsi, en matière d'habitat, notre objectif chiffré est de 150 000 nouveaux logements à construire en 20 ans, dont 50 000 à 60 000 logements sociaux.
En matière d'économie, nous avons l'ambition de renforcer notre attractivité et notre rayonnement international en dégageant notamment 2500 hectares de terrains à vocation économique. Nous avons également élaboré un schéma de développement du transport en commun ambitieux autour d'un RER métropolitain.
Sur le plan de l'environnement, nous souhaitons réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 %, tout comme notre consommation énergétique. Nous avons aussi la volonté de conserver, toujours à l'horizon 2030, une agriculture périurbaine de proximité capable de nourrir l'agglomération dans une logique de circuits courts sur une trame verte protégée. Quelque 50 % de notre territoire lui sera réservé. Mais le SCOT traite également du commerce, de la culture, de la santé, de l'éducation, des sports et des loisirs. L'idée est de construire une organisation multipolaire permettant aux habitants de trouver, à proximité de chez eux, l'ensemble des services dont ils ont besoin au quotidien sans avoir besoin de passer plusieurs dizaines de minutes dans leur voiture.
Quels sont les axes prioritaires pour l'agglomération lyonnaise?
Nous avons décidé de privilégier trois orientations que les différentes collectivités qui adhèrent au SCOT doivent intégrer dans leurs politiques: l'accélération du renouvellement urbain, ou la reconstruction de la ville sur la ville; la densification urbaine autour des axes de transport; et la valorisation de nos réseaux verts (parcs et promenades) et bleus (fleuves).
Si tous les objectifs du SCOT sont tenus, en quoi le bien-être des populations sera-t-il amélioré?
Si nous atteignons les objectifs, et nous les tiendrons, l'attractivité de l'agglomération s'en trouvera renforcée. Elle comptera encore plus en Europe et sera plus à même d'attirer investisseurs et habitants. La population bénéficiera alors d'une agglomération moins polluée, moins bruyante et riche en emplois verts, notamment dans la vallée de la chimie. Elle sera préservée des flux autoroutiers, circulera dans une ville apaisée faisant une grande place aux modes de transport doux. Elle pourra trouver à proximité immédiate des commerces, des écoles, des hôpitaux, des théâtres, des équipements sportifs. Et ce, en passant un minimum de temps dans les transports. J'ai la conviction que c'est comme cela, en changeant la ville, qu'on change vraiment la vie des gens!
Par exemple, à la porte d'entrée sud de la ville de Lyon, la vallée de la chimie, berceau de la chimie française, s'étend sur les deux rives du Rhône sur plusieurs dizaines de kilomètres. Ce site, considéré comme un gros pollueur, est aujourd'hui en pleine mutation et de nombreux projets voient le jour dans le domaine de l'environnement.
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Collaboratrice du Devoir
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