L'impact des barils de récupération d'eau est minime, dénonce Projet Montréal
La distribution de récupérateurs d'eau de pluie à prix modique par la Ville de Montréal n'aura guère d'impact sur l'engorgement du réseau d'égouts montréalais, estime Projet Montréal. La mesure, annoncée plus tôt cette semaine, aura un effet d'autant plus marginal que Montréal compte beaucoup de toits plats qui rendent l'installation de tels dispositifs impossible, signale le parti de la deuxième opposition.
Les barils de récupération sont un excellent moyen de recueillir l'eau de pluie pour arroser son jardin ou laver son auto. Cette mesure permet d'éviter l'utilisation de l'eau potable traitée à grands frais par les municipalités tout en réduisant les rejets dans les égouts, reconnaît Marc-André Gadoury, conseiller de Projet Montréal dans le district d'Étienne-Desmarteau. De nombreuses villes québécoises offrent d'ailleurs à leurs citoyens des barils à prix réduit. Mais à Montréal, le cadre bâti des quartiers plus anciens, où les problèmes d'inondation et de refoulement d'égout sont plus criants, ne permet pas l'utilisation de ces dispositifs.«Ça prend un toit en pente et une gouttière pour utiliser ces barils, rappelle M. Gadoury. Pour ce qui est du rapport coût-bénéfices, on se demande s'il y a eu une évaluation de performance, car ce projet ne cible pas les quartiers où il y a eu des inondations importantes.»
Quelque 1500 barils seront offerts aux Montréalais à compter de l'automne prochain au coût unitaire de 20 $, alors que sur le marché leur prix dépasse 100 $. Pour Projet Montréal, cela équivaut à subventionner les citoyens mieux nantis qui peuvent se permettre de vivre dans une maison unifamiliale à Montréal. Sans compter que quelques dollars suffisent pour se bricoler un tel baril.
Plutôt que de lancer, à la pièce, des initiatives aux impacts négligeables, la Ville devrait se doter d'un plan d'ensemble de réduction des eaux de ruissellement, estime M. Gadoury. Le verdissement et le remplacement des espaces asphaltés par des surfaces perméables constituent, selon lui, des mesures beaucoup plus efficaces pour réduire les eaux de ruissellement et lutter contre les îlots de chaleur.
DeSousa réplique
Le responsable du développement durable au comité exécutif de la Ville, Alan DeSousa, réplique que les 1500 barils qui seront distribués à l'automne permettront de détourner d'importants volumes d'eau du réseau d'égouts, soit 70 000 mètres cubes annuellement, ou l'équivalent de 20 bassins olympiques.
S'il convient que Montréal compte beaucoup de toits plats, il estime qu'on y trouve aussi beaucoup de toits en pente, ce qui justifie l'initiative. Aux prises avec d'importants problèmes d'engorgement de son réseau d'égouts, la Ville prévoit construire quatre nouveaux bassins de rétention au coût de 148 millions. Elle vient aussi d'adopter un nouveau règlement pour obliger les propriétaires de nouvelles constructions et ceux qui rénovent leur sous-sol ou qui ont été victimes d'un refoulement d'égout à doter leur immeuble d'un clapet anti-refoulement et d'une fosse munie d'une pompe.
Philippe Sabourin, chargé de communication à la Ville, croit que les barils de récupération pourraient trouver preneurs dans un quartier comme Ahuntsic-Cartierville, où les toits en pente sont plus nombreux. Mardi, le tunnel Salaberry, situé dans cet arrondissement, a d'ailleurs été inondé. «S'il suffisait de changer une conduite, on le réglerait, le problème, mais le réseau montréalais est complexe et il faut mettre en place un ensemble de solutions pour le soulager, dit-il. Le Service de la gestion durable de l'eau est conscient qu'on devra trouver des solutions pour les toits plats.»