Équité salariale: la Ville de Montréal s'entend avec ses 10 000 cols blancs
La Ville de Montréal s'est finalement entendue avec le syndicat des fonctionnaires municipaux concernant l'équité salariale, quelques jours avant Noël. Il était minuit moins cinq puisque la Ville, qui avait déjà conclu des accords avec les autres groupes d'employés, s'exposait à des pénalités importantes si elle ne réglait pas le dossier des cols blancs avant la date butoir du 31 décembre 2010.
Ce dénouement survenu le 23 décembre dernier, au terme d'un intense blitz de négociations mené le mois dernier, a réjoui les représentants de la Ville et du syndicat. Le dossier de l'équité salariale a été particulièrement laborieux à Montréal en raison des fusions et des défusions municipales qui ont chambardé la ville au cours de la dernière décennie. La tâche était complexe dans le cas des cols blancs, puisqu'ils représentent le plus important groupe de travailleurs à la Ville, avec 10 000 syndiqués sur l'île de Montréal et 1200 catégories d'emplois.Les fonctionnaires touchées par l'équité salariale auront droit à des ajustements de rémunération variant de 0,1 à 120 %, dans certains cas exceptionnels, a indiqué hier la présidente du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal, Monique Côté.
Le directeur du Capital humain à la Ville, Jean Yves Hinse, estime que les coûts annuels associés à ces ajustements salariaux atteindront de cinq à six millions de dollars, mais il prend soin de signaler que les montants précis ne seront connus que lorsque les employées visées se seront manifestées à la suite de l'affichage des modalités de l'entente. Les premiers versements devraient être effectués à l'automne 2011, a-t-il dit. «Mais nous avons des provisions nécessaires pour faire face à cette situation. Donc, on ne prévoit pas de déboursés pour la Ville en dehors de ces provisions», a-t-il ajouté.
Monique Côté juge toutefois ces prévisions conservatrices. La masse salariale des cols blancs atteint 200 millions par année, a-t-elle précisé.
Rappelons que, si les deux parties n'avaient pas réussi à s'entendre avant la date butoir, la Ville aurait perdu son droit d'étaler sur quatre ans les ajustements versés aux employés, ce qui aurait entraîné des coûts supplémentaires de plusieurs millions de dollars. «Pour nous, il y avait un moment fatidique, et c'est ce qui a suscité la motivation de mener un blitz de négociations avec le comité syndical d'équité salariale, afin de trouver une solution qui nous apparaît satisfaisante dans les circonstances», a commenté M. Hinse.
Si Montréal a réglé le dossier à temps, ce n'est pas le cas des villes liées de l'île de Montréal. Johanne Tremblay, directrice des communications à la Commission de l'équité salariale, signale toutefois qu'une cinquantaines d'employeurs au Québec ont réclamé un sursis, dont plusieurs villes défusionnées de l'île de Montréal. Celles-ci devraient recevoir une réponse positive, ce qui leur évitera des pénalités supplémentaires, a-t-elle dit.
La commission ne peut déterminer avec certitude si l'ensemble des 45 000 employeurs québécois visés par la Loi sur l'équité salariale à l'échelle du Québec ont complété l'exercice, mais plusieurs indices laissent croire que la majorité d'entre eux ont fait leurs devoirs, a indiqué Mme Tremblay. «À partir de mars 2011, les employeurs qui font leur déclaration annuelle au registre des entreprises vont devoir indiquer s'ils ont respecté ou non la Loi sur l'équité salariale. C'est ce qui va nous permettre de savoir, dans un an, combien d'employeurs se conforment à la loi», a-t-elle expliqué.