Budget 2011 de Montréal - Hausse moyenne de 4,3 % du compte de taxes

Les contribuables montréalais ne pourront y échapper: leur compte de taxes bondira en moyenne de 4,3 % l'an prochain en raison d'une hausse de l'impôt foncier de 2,5 % et d'une contribution accrue au Fonds de l'eau et à celui de la voirie. En dévoilant le budget 2011 de la Ville hier, le maire Gérald Tremblay a confirmé l'imposition d'une taxe sur l'immatriculation de 45 $ qui entrera en vigueur au cours de l'année prochaine.
Même si l'administration Tremblay a promis de réduire la taille de l'appareil municipal, elle n'a pas réussi à freiner l'augmentation des dépenses. Le budget 2011 de la Ville atteindra donc 4,5 milliards, soit une hausse de 5 % par rapport à 2010.L'impôt foncier augmentera de 2,5 %, alors que la contribution des Montréalais au Fonds de l'eau, qui avait été gelée l'an dernier, augmentera de 1,2 %. Ainsi, la taxe d'eau sera de 5,5 ¢ par 100 $ d'évaluation. Les contribuables renoueront avec la taxe destinée aux travaux de voirie, qui s'élèvera à 0,5 ¢ par 100 $ d'évaluation. Globalement, c'est donc une augmentation du compte de taxes de 4,3 % que devront subir les Montréalais.
«C'est vrai que personne ne veut payer davantage, mais quand c'est dédié à des fonds comme ceux de l'eau et de la voirie, je crois que les contribuables sont prêts à faire un effort additionnel», a dit le maire.
L'augmentation de la taxe d'eau permettra à l'administration de payer comptant une plus grande part de ses investissements dans le réseau d'aqueducs et d'égouts tout en empêchant la Ville de s'endetter indûment. «Notre budget porte sur les services essentiels, a ajouté le maire. Ce n'est peut-être pas grandiose, ça ne fera peut-être pas les manchettes des journaux et ce n'est peut-être pas une autre Expo 76 dans laquelle nous investirons des millions de dollars, mais les contribuables doivent se rappeler qu'à cause du passé, nous devons consacrer 16 cents pour chaque dollar à la dette.»
Quant à la taxe de 45 $ sur l'immatriculation, elle n'entrera pas en vigueur avant quelques mois puisque Québec doit donner son aval à son application sur tout le territoire de l'agglomération. Gérald Tremblay souhaite que cette nouvelle taxe, qui sera destinée au financement des transports en commun, soit imposée «le plus vite possible». «On a besoin de l'appui de la Société de l'assurance automobile du Québec», a-t-il dit. Dans ses prévisions budgétaires, la Ville a donc limité à 18,5 millions les revenus qu'elle compte récolter l'an prochain, au lieu des 38 millions évalués pour 12 mois.
Des hausses douloureuses
Bien que le rôle d'évaluation, qui a fait grimper de 23,5 % en moyenne la valeur des propriétés, ait été étalé sur trois ans, les augmentations de taxes seront douloureuses pour de nombreux Montréalais.
Les arrondissements les plus touchés par des hausses de taxes du secteur résidentiel seront le Sud-Ouest (7,3 %), le Plateau-Mont-Royal (6,8 %), Lachine (6 %) et Saint-Léonard (5,8 %).
À titre d'exemple, le propriétaire d'une résidence dont la valeur est passée de 278 000 $ en 2007 à 348 050 $ en 2011 paiera l'an prochain 3151 $ en taxes, soit 127 $ de plus qu'en 2010.
Les augmentations de taxes pour le secteur non résidentiel seront du même ordre et les arrondissements où elles seront les plus élevées sont le Plateau-Mont-Royal (7,8 %), le Sud-Ouest (6,3 %) ainsi que Verdun et Saint-Léonard (6,2 %).
Gérald Tremblay a attribué l'essentiel de la hausse de dépenses de la Ville à l'effet de la crise économique de 2008 sur les régimes de retraite des employés, car Montréal devra y consacrer 135 millions de plus en 2011, a-t-il précisé.
Au mois d'octobre dernier, l'administration Tremblay avait promis de réduire de 125 millions les dépenses de fonctionnement de la Ville en 2011, mais hier, le maire est demeuré vague sur les mesures qui seront mises en place pour y arriver. L'administration entend notamment réduire les dédoublements dans la fonction publique, d'abord à la ville centre, puis dans les 19 arrondissements. Dans le budget, les économies ont été chiffrées à 80 millions.
Gérald Tremblay a répété que les villes devaient bénéficier de nouvelles sources de financement, les taxes foncières ayant leurs limites. Même si Montréal a obtenu de nouveaux pouvoirs de taxation grâce à la loi 22, leur application se limite au territoire montréalais. «Ce n'est pas normal que ce soient seulement les Montréalais qui fassent un effort», a-t-il rappelé. À cet égard, il compte sur Québec pour hausser la taxe sur l'essence et suggère que l'Agence métropolitaine de transport mette en place une taxe sur le stationnement à la grandeur de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).
Sauf que les maires des banlieues nord et sud se font tirer l'oreille. Gérald Tremblay estime toutefois que si la CMM veut réaliser son plan de transport métropolitain de 20 milliards, les banlieues devront y mettre du leur.
Un budget «fade»
Les partis d'opposition n'ont guère été impressionnés par le budget de l'administration Tremblay. «Les contribuables vont enregistrer, pour une deuxième année, des hausses consécutives qui totaliseront plus de 10 %, a signalé la chef de l'opposition, Louise Harel. À ce rythme-là, c'est l'étranglement. C'est sûr que ça ne peut pas continuer comme ça.»
Lors de la prochaine séance du conseil municipal, son parti proposera d'ailleurs d'entreprendre un vaste chantier visant à réorganiser les services de la Ville et à faire «le ménage dans le gaspillage» au sein l'appareil administratif. «C'est un budget sans audace, sans courage et sans vision», estime Mme Harel.
De son côté, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a lui aussi déploré l'absence de projet rassembleur dans le budget. «C'est cher, fade, sans imagination et sans projet pour les Montréalais, a-t-il dit. C'est la machine qui se nourrit d'elle-même. Les payeurs de taxes vont voir leur compte augmenter pour nourrir la machine, sans plus». L'implantation du tramway apparaît dans le programme triennal d'immobilisations, mais au cours des trois prochaines années, les investissements prévus se limitent à 143 millions. «Ça demeure un tramway de papier», a-t-il dit.