Les cols bleus ciblent la «vitrine» de la Ville de Montréal

Le syndicat s’engage à fournir les employés nécessaires aux soins donnés aux animaux et aux plantes pendant le conflit.
Photo: Jacques Grenier - Le Devoir Le syndicat s’engage à fournir les employés nécessaires aux soins donnés aux animaux et aux plantes pendant le conflit.

Le Biodôme et l'Insectarium de Montréal seront fermés au public à compter du 26 mars prochain pour une période indéterminée. Sans contrat de travail depuis trois ans, les cols bleus ont décidé d'accentuer la pression auprès de leur employeur en déclenchant une grève qui affectera ces deux institutions. La Ville de Montréal a aussitôt accusé les syndiqués de s'en prendre aux enfants et aux familles.

Trois jours après que le Conseil des services essentiels eut invalidé leur précédent avis de grève, les cols bleus récidivent. Mais cette fois, leurs actions risquent de faire mal. Dans un nouvel avis de grève expédié à l'employeur hier, les cols bleus ont annoncé qu'ils entendaient cibler le Biodôme et l'Insectarium.

«On a toujours dit qu'on ne voulait pas compromettre les services à la population, mais là, on monte d'un cran avec ce qui représente la "vitrine" de la Ville de Montréal», a indiqué Marc Ranger, négociateur pour les cols bleus. Selon lui, un tel geste devenait nécessaire après trois ans de négociations infructueuses avec la Ville.

À compter du 26 mars, les deux musées cesseront d'accueillir les visiteurs, mais le syndicat s'engage à fournir les employés nécessaires aux soins donnés aux animaux et aux plantes. Ironiquement, cette grève aura des effets importants sur la clientèle des Muséums nature, mais affectera peu les cols bleus puisque 95 % des employés continueront de travailler pour assurer la préservation du cheptel animalier, a précisé Marc Ranger.

En plus de fermer l'accès des deux musées à des milliers de visiteurs, cette grève forcera l'annulation d'activités scolaires et de camps de jour qui y ont été planifiés. «Je pense que les Montréalais vont être pris en otages. Je trouve regrettable que le syndicat aille si loin et je lui demande de reconsidérer cette décision, a commenté le vice-président du comité exécutif, Alan DeSousa. C'est rire des Montréalais, des familles et des écoliers. Je ne pense pas que ça aide la cause des cols bleus.»

La prochaine ronde de négociations doit débuter le 6 avril, mais l'administration Tremblay se dit prête à poursuivre les pourparlers dès maintenant et souhaite que les cols bleus reviennent sans tarder à la table de négociations. «Pourquoi reporter les discussions de deux ou trois semaines? Est-ce que ça démontre le sérieux des cols bleus? Ma réponse, c'est non», a indiqué M. DeSousa. L'administration reproche aussi au syndicat d'avoir mis abruptement fin à une rencontre de conciliation qui s'est tenue le 9 mars dernier et qui n'a duré que 15 minutes.

Dans le cadre de leurs moyens de pression, les cols bleus entendent aussi refuser de faire des heures supplémentaires à compter du 26 mars, une mesure qui ne devrait pas perturber les services aux citoyens. Ils ont également décrété que les quelque 300 à 350 syndiqués occupant les fonctions de chefs d'équipe sur le terrain cesseront d'assumer ce rôle. La Ville n'a pas été en mesure hier de dire quel impact aura cette décision sur l'organisation du travail.

Les négociations entre la Ville et ses 5500 cols bleus achoppent sur les questions des salaires et du plancher d'emplois. Les deux parties ont eu recours à la conciliation pour tenter de réduire le fossé qui les sépare. Plus tôt cette année, les cols bleus avaient opté pour des grèves tournantes d'une durée de 40 jours, qui ont affecté les services dans les 19 arrondissements.

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