Afghanistan - La mort guette les soldats canadiens

Ottawa — Les Canadiens doivent se préparer psychologiquement à la grande probabilité qu'un de leur soldat soit tué dans le cadre d'une nouvelle opération militaire qui se déroulera dans le sud de l'Afghanistan, affirme le chef des forces armées.
«Existe-t-il une probabilité que nous subissions des pertes? Oui, bien sûr, a dit le général Rick Hillier hier. Est-ce que je peux vous donner des chiffres à ce sujet? Absolument pas.»Le Canada envoie, dans une région instable de la province de Kandahar, une équipe d'environ 250 soldats ainsi que des représentants des Affaires étrangères, des travailleurs humanitaires et des policiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
Une petite partie de ce qui est connu sous le nom d'équipe provinciale de reconstruction (EPR) commencera à se déployer au début de la semaine prochaine. La majorité des soldats, principalement d'Edmonton, entrera en service au début de la semaine suivante.
Des représentants afghans ont prévenu que le réseau al-Qaïda d'Oussama ben Laden planifiait contre des soldats de la région des attentats du même type que ceux perpétrés en Irak. Le mois dernier, une EPR américaine a été la cible d'un kamikaze à Kandahar — dans le même secteur où l'équipe canadienne sera déployée. Quatre soldats ont été blessés.
Les pertes font partie de la réalité militaire, a dit M. Hillier, mais il doute que les Canadiens soient prêts à cette éventualité.
«Non, je ne crois pas qu'ils le soient, a affirmé le chef d'état-major de la Défense. Mais l'opinion publique doit être éveillée aux dangers auxquels nous sommes exposés.»
Certains ont aussi émis des réserves concernant le niveau de préparation des Canadiens face aux effusions de sang que le nouveau rôle du Canada en Afghanistan pourrait causer.
«Kandahar sera la mission décisive qui déterminera si nous sommes prêts à payer le prix de notre plus récent engagement, a écrit Nic Boisvert dans un article publié cette semaine par le Conseil pour la sécurité canadienne au XXIe siècle. Il est préférable de savoir maintenant si nous pouvons supporter ce genre de mission. Il faudra du courage et du leadership politique. Sommes-nous à la hauteur?»
Malgré le niveau élevé de danger à Kandahar — comparativement au calme relatif de Kaboul, où le Canada a perdu trois soldats, morts en service —, l'armée ne prévoit pas modifier ses façons de faire pour le travail des EPR.
«Il s'agira de la même stratégie, a dit M. Hillier. Un pâté de maisons à la fois», alors que les soldats se concentreront sur de petites zones au sein des communautés afin d'éviter de se retrouver dans des affrontements plus importants.
À Kaboul, le Canada a eu du succès avec une stratégie visant à gagner le coeur de la population en assurant la sécurité et en contribuant à des projets de reconstruction. Il reste à voir dans quelle mesure les Canadiens seront les bienvenus à Kandahar.