Les écoliers n’ayant pas de drapeau de la Fierté en ont un sur la Colline dit Trudeau

Les enfants qui ne voient pas de drapeau de la Fierté dans leurs écoles devraient savoir qu’il y en a un qui vole pour eux sur la colline du Parlement, a déclaré jeudi le premier ministre Justin Trudeau, condamnant la forte augmentation des lois restreignant les droits des personnes transgenres aux États-Unis.
M. Trudeau a hissé le drapeau qui célèbre la communauté LGBTQ + lors d’un événement où il a été rejoint par des députés de tous les partis politiques, marquant la huitième fois qu’il le fait depuis son élection au pouvoir en 2015.
« Nous pensions tous que les choses deviendraient plus faciles après ce moment », a-t-il déclaré, en faisant référence à la première fois que le drapeau a été hissé sur la Colline à Ottawa.
« Mais la montée de la colère, de la haine, de l’ignorance et de l’intolérance nous a rappelé que les choses ne deviennent pas automatiquement plus faciles. »
Le premier ministre a fait écho à d’autres orateurs qui ont mis en garde contre la discrimination à laquelle sont confrontées les personnes issues de la communauté LGBTQ +, à la fois en ligne et dans leur vie quotidienne.
La situation s’est aggravée ces dernières années alors que des groupes conservateurs, en particulier aux États-Unis, protestent contre les performances de drag queens et se battent pour supprimer les soins d’affirmation de genre pour les personnes transgenres, en particulier les mineurs.
Les conférenciers ont souligné que le Canada n’est pas à l’abri de tels sentiments, étant donné que de telles manifestations se produisent également dans le pays. M. Trudeau a affirmé que « la transphobie, la biphobie et l’homophobie sont toutes en augmentation ».
Le gouvernement Higgs critiqué
Parmi les problèmes soulevés par les orateurs, mentionnons les changements proposés par le gouvernement du premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, qui visent à modifier certaines règles en milieu scolaire concernant les élèves LGBTQ. Un tel changement signifierait que les étudiants de moins de 16 ans qui s’identifient comme transgenres et non binaires ne seraient pas autorisés à changer officiellement de nom ou de pronom sans le consentement parental.
Le gouvernement progressiste-conservateur de M. Higgs a défendu cette décision comme répondant aux souhaits des parents, mais elle a été accueillie avec des réactions négatives.
Le député néodémocrate Blake Desjarlais, coprésident du caucus parlementaire de la fierté, récemment créé, composé de législateurs fédéraux issus de la communauté LGBTQ +, a déclaré jeudi que le Canada était témoin d’extrémisme poussé par des individus qui tentent de priver les autres de leurs droits.
« Nous n’accepterons pas de revenir en arrière », a soutenu Blake Desjarlais, lui-même bispirituel.
« Nous ne sommes pas ici pour rendre les enfants queers. Nous sommes ici pour nous assurer que les enfants queers ne deviennent pas des enfants morts. C’est pourquoi la levée de ce drapeau aujourd’hui n’est pas seulement un symbole de notre amour pour la communauté, c’est aussi un symbole que nous serons inébranlables dans notre découverte de qui nous sommes. »
Au cours de son allocution, le premier ministre a déclaré que des tentatives avaient eu lieu pour arrêter les célébrations de la Fierté et a noté qu’au cours des dernières semaines, les Canadiens ont vu des gens essayer de retirer des écoles des livres sur l’identité de genre et sexuelle.
C’est cruel pour les enfants qui se débattent avec des questions sur leur identité ou qui vivent dans des foyers où ces questions ne sont pas traitées avec amour, a laissé tomber M. Trudeau.
La Brandon School Division, dans le sud du Manitoba, a récemment voté contre un appel à retirer les livres à contenu LGBTQ de ses bibliothèques.
Poilievre justifie son absence
M. Trudeau a également souligné que les étudiants sont souvent ceux qui se battent pour que le drapeau de la Fierté soit hissé dans leurs écoles, et à certains endroits, ces efforts ont été rejetés.
Ce fut le cas pour le York Catholic District School Board, qui a voté la semaine dernière contre le fait de faire flotter le drapeau à l’extérieur de son bureau principal.
S’adressant aux étudiants qui n’ont pas de drapeau de la Fierté, le premier ministre a déclaré : « Je suis ici pour dire que même si le drapeau ne flotte pas dans votre école, sachez qu’il flotte fièrement ici, dans votre siège du gouvernement. »
Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) Jagmeet Singh et la cheffe du Parti vert Elizabeth May ont tous deux assisté à la cérémonie. Melissa Lantsman, cheffe adjointe des conservateurs et lesbienne, était également présente.
Lors d’une conférence de presse distincte sur la colline du Parlement, le chef conservateur Pierre Poilievre a expliqué qu’il était resté debout tard pour faire de l’obstruction au budget des libéraux à la Chambre des communes la nuit précédente lorsqu’on lui a demandé pourquoi il n’était pas venu.
« Je crois que chaque Canadien, peu importe qui il est, peu importe sa race, sa sexualité, son sexe, mérite d’être en sécurité », a-t-il déclaré jeudi, ajoutant que si un Canadien commet des actes de violence à l’encontre d’un autre, « il devrait être jeté en prison ».
M. Poilievre considère que son rôle en tant que leader conservateur est de promouvoir la liberté pour tous les Canadiens. S’exprimant à Winnipeg la semaine dernière, il a souhaité aux Canadiens « un joyeux mois de la Fierté », déclarant que « notre liberté est une chose dont nous pouvons tous être fiers ».
Il n’a cependant pas répondu lorsqu’on lui a demandé s’il prévoyait d’assister à un événement, alors que des festivités ont lieu dans tout le pays jusqu’à la fin du mois.
Sur Twitter, la ministre des Sports, Pascale St-Onge, a dit de M. Poilievre qu’il « parle, mais n’agit pas » et a dénoncé qu’« on ne l’a vu nulle part » lors de l’événement de la matinée.
« La grandeur d’un chef se mesure à sa capacité de rallier tout le monde. Son absence en dit long. Maintenant plus que jamais, il faut se battre contre la haine montante envers les personnes 2ESLGBTQ + », a écrit Mme St-Onge sur Twitter.