Un discours de Poilievre sans un mot sur les feux de forêt

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a été applaudi à tout rompre mercredi après avoir exigé un plan de retour à l’équilibre budgétaire.
Adrian Wyld La Presse canadienne Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a été applaudi à tout rompre mercredi après avoir exigé un plan de retour à l’équilibre budgétaire.

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a comparé mercredi les déficits à « du gaz sur le feu inflationniste » qui crée une crise « incendiaire », lors d’un discours prononcé devant ses troupes, par ailleurs muet sur les importants feux de forêt qui touchent présentement le Québec.

« Aujourd’hui, on voit une tragédie humaine », a laissé tomber M. Poilievre pour lancer la période de questions à Ottawa, ajoutant que des Canadiens « vont avoir besoin d’abandonner leur maison ».

Il faisait référence non pas au désastre des incendies de forêt qui a provoqué l’évacuation de milliers de Québécois, mais plutôt à la hausse du taux directeur à 4,75 % par la Banque du Canada. Une hausse qu’il dit causée par les « dépenses inflationnistes » du fédéral.

Ce thème a entièrement monopolisé son discours fait devant les autres députés conservateurs, mercredi matin, lors duquel il a annoncé qu’il se lançait dans une campagne d’obstruction parlementaire dès mercredi soir pour empêcher l’adoption de la loi de mise en oeuvre du budget de 2023. Le gouvernement Trudeau entend adopter ce projet de loi, nommé C-47, avant la pause estivale de juin.

Une crise… d’endettement

Pierre Poilievre a été applaudi à tout rompre après avoir exigé au premier ministre un plan de retour à l’équilibre budgétaire, s’adressant directement à lui pour la figure de style.

« Justin Trudeau, vous êtes en train de nous mener vers une vraie crise d’endettement pour les Canadiens à travers le pays », a-t-il clamé dans une allocution d’abord en français d’une dizaine de minutes, devant son caucus et la presse parlementaire. Il a notamment fait valoir que les familles canadiennes étaient les plus endettées des pays du G7.

Tout juste avant, son parti a été directement attaqué par le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, pour des propos tenus sur Internet sur les feux de forêt. Selon M. Guilbeault, « ça en dit long sur [l’ancien] gouvernement conservateur » que l’un de ses ministres, Maxime Bernier, fasse état sur Twitter de ses suspicions voulant que des « terroristes verts » soient à l’origine des feux de forêt.


 

M. Bernier tente maintenant de se faire élire sous la bannière du Parti populaire du Canada dans une élection partielle au Manitoba.

« C’est quand même incroyable que ce bonhomme-là ait été ministre des Affaires étrangères sous un gouvernement conservateur », a lâché M. Guilbeault, renvoyant l’insulte vers l’opposition officielle aux Communes.

Silence remarqué

 

Puis, lors de la période de questions, le premier ministre Justin Trudeau a levé le ton après s’être fait à répétition questionner sur les dépenses de son gouvernement. Il a souligné avoir remarqué que le thème des feux de forêt n’était pas mentionné dans les interventions en provenance des banquettes conservatrices.

« Est-il en train de descendre si bas qu’il exploite ces feux pour des points politiques afin de faire diversion pour ses politiques inflationnistes ? » lui a répliqué M. Poilievre.

« Le chef de l’opposition considère que les feux de forêt qui provoquent la fuite de communautés et qui détruisent des maisons ne sont qu’une distraction, et pas une préoccupation des gens d’un océan à l’autre. C’est honteux », a scandé M. Trudeau en anglais, accusant les conservateurs de ne pas avoir de vrai plan de lutte contre les changements climatiques.

Après une intervention du chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, qui lui faisait remarquer que mercredi était la « Journée de l’air pur », Justin Trudeau a détourné la question pour accuser de nouveau les conservateurs de ne pas savoir si « oui ou non on devrait agir pour lutter contre les changements climatiques ».

Le ton était pourtant tout autre en début de semaine. Pierre Poilievre a offert sa collaboration pour les actions du gouvernement visant à aider « les familles et les communautés québécoises [qui] sont frappées par de grands feux de forêt ».

Le ministre libéral Bill Blair lui avait répondu être reconnaissant pour « le fort plaidoyer de chaque député de cette chambre » dans ces circonstances. Le Bloc québécois avait lui aussi offert au gouvernement « [sa] main tendue et sa collaboration » pour l’envoi d’aide aux sinistrés des feux de forêt.

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