Les bloquistes refusent de lier contrôle de l’immigration et «cohésion sociale»

Les bloquistes ont rejeté samedi au congrès du parti à Drummondville deux propositions qui auraient lié l’absence des pleins pouvoirs du Québec en immigration avec une menace à la «cohésion sociale».
Page Facebook du Bloc québécois Les bloquistes ont rejeté samedi au congrès du parti à Drummondville deux propositions qui auraient lié l’absence des pleins pouvoirs du Québec en immigration avec une menace à la «cohésion sociale».

Les bloquistes persistent à réclamer les pleins pouvoirs du Québec en immigration. Mais les militants du parti, réunis en congrès, ont rejeté samedi deux propositions qui auraient lié l’absence de ces pouvoirs pour le gouvernement québécois avec une menace à la « cohésion sociale ».

« On ne peut pas se permettre ça », a tranché le député de Longueuil-Saint-Hubert, Denis Trudel, au micro de la salle de commission qui débattait des résolutions au congrès du parti à Drummondville.

Les élus bloquistes sont bien conscients du risque que ce choix de mot ne leur attire mauvaise presse. « L’immigration n’est pas un problème. C’est le manque dans la façon de les intégrer, au gouvernement, qui est le problème », a expliqué M. Trudel par la suite au Devoir.

Deux résolutions proposaient de stipuler, au programme du Bloc québécois, que « lorsqu’une nation n’a pas tous les pouvoirs en matière d’immigration, cette situation représente un obstacle pour la cohésion sociale ». Toutes deux ont été rejetées par les militants, qui déterminaient samedi quelles propositions iront ensuite en plénière dimanche pour connaître leur sort ultime.

François Legault avait avancé, en campagne électorale l’automne dernier, que l’immigration non-francophone et le déclin du français risquaient de menacer la « cohésion nationale ». Tous les partis d’opposition au Québec, y compris le Parti québécois, avaient dénoncé ces propos du premier ministre québécois et chef de la Coalition avenir Québec.

Les plein pouvoirs exigés

 

Soucieux d’éviter de subir le même sort, les membres du Bloc québécois ont donc évité de sombrer dans le même débat.

Ils ont par ailleurs endossé une proposition — qui sera débattue formellement dimanche — réclamant que « le Québec puisse obtenir le rapatriement des pouvoirs entiers en ce qui concerne les programmes temporaires en matière d’immigration ». Le programme du Bloc réclame déjà « tous les pouvoirs en matière d’immigration ».

Les bloquistes ont également priorisé une seconde résolution réclamant que le « volume d’immigration, excluant les réfugiés » soit fixé pour « respecter la capacité d’accueil et d’intégration du Québec ».

Ils en ont endossé une autre s’opposant « à l’immigration irrégulière et à ceux qui s’en servent dans le but d’affaiblir le Québec ».

En début de journée, le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, avait fait valoir dans son discours aux troupes qu’une bonne intégration des immigrants passe par l’éducation, la santé, les services de garde, l’art et la culture. « Tout cela, c’est la juridiction du Québec », a-t-il insisté, en réclamant lui aussi les pleins pouvoirs en la matière pour le Québec.

Une main tendue du chef Blanchet

 

Le chef avait aussi pris soin dans son discours d’insister pour se montrer accueillant. « Qu’est-ce qu’un Québécois ? Quelqu’un qui vit là-dedans », a-t-il souligné, en montrant une carte du Québec aux écrans installés sur scène derrière lui.

Seulement, Ottawa devrait laisser le Québec gérer la chose sur son territoire, a-t-il martelé. « Et on sera capables de mieux recevoir davantage de nouveaux québécois, a argué M. Blanchet. Et on serait capables de les rendre heureux en français, dans une nation dont le Bloc québécois a forcé les fédéralistes à reconnaître sans condition que c’est la nation québécoise, qu’elle a une seule langue commune, une seule langue officielle, et c’est le français. »

Quelque 350 délégués du Bloc québécois sont réunis en congrès à Drummondville, cette fin de semaine, pour établir les politiques qui formeront leur prochain programme électoral. Les élections à date fixent prévoient que le prochain scrutin fédéral se tienne à l’automne 2025, mais plusieurs s’entendent à Ottawa pour prédire que les élections risquent de se tenir plutôt en 2024.

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