Rassemblement et retrouvailles indépendantistes au congrès du Bloc québécois

Les bonnes fortunes du Bloc québécois et du Parti québécois (PQ) ont donné lieu à de grandes retrouvailles souverainistes. Trois ténors du mouvement indépendantiste sont venus motiver les militants bloquistes, réunis en congrès à Drummondville. Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, leur a même lancé que si leur mouvement se porte mieux, c’est avant tout grâce à eux.
Tant le Bloc que le PQ se sont remis de périodes difficiles, dans les dernières années. Les difficultés internes ou électorales étant chose du passé, les deux formations souverainistes ont maintenant davantage le coeur à la fête. Et à célébrer ensemble.
L’ancienne première ministre péquiste, Pauline Marois, et le chef actuel du parti, Paul St-Pierre Plamondon, ont ainsi offert une visite surprise aux 350 délégués bloquistes réunis au centre des congrès de Drummondville vendredi soir et pour la fin de semaine. L’ancien chef du Bloc Gilles Duceppe s’est aussi joint à la partie.
Un « momentum » attribué au Bloc
M. St-Pierre Plamondon s’est permis de rêver que l’indépendance du Québec soit aujourd’hui davantage à portée de main. Les observateurs en parlaient encore « comme d’un vieux rêve lointain, distant et peut-être inaccessible », a-t-il affirmé. « Or, je pense qu’il se passe réellement quelque chose présentement. À savoir que ce vieux rêve distant, éloigné est probablement en train de se transformer en un rendez-vous à brève échéance », a-t-il lancé au fil d’un discours d’une vingtaine de minutes devant les bloquistes.
Et c’est le Bloc québécois qu’il a tenu à remercier, comme instigateur de ce « momentum ». « C’est vous », a-t-il lancé aux quelques centaines de bloquistes. « Parce que l’un des signes de ce retour en force de l’indépendance, c’est la remontée du Bloc québécois sous le leadership d’Yves-François Blanchet », a lancé le chef du PQ aux militants et à leur chef, son « ami », assis au premier rang de la salle de congrès.
Ce contexte actuel, M. St-Pierre Plamondon l’a également attribué à une réaction des Québécois face à une « menace réelle », celle d’un « déclin senti par rapport à la langue et à la culture ».
Ce partenariat renouvelé entre le Bloc et le PQ, l’ancien chef bloquiste Gilles Duceppe l’a lui aussi encensé. M. Duceppe a ardemment défendu le travail de ses anciens collègues à Ottawa et leur lutte, qu’ils mènent « avec un allié extraordinaire à Québec », a-t-il dit au sujet du PQ. Il a sommé les troupes bloquistes de se tenir prêtes, de continuer de militer et de lutter pour convaincre les Québécois. « Il faut être prêts à tout moment à saisir l’occasion », a-t-il scandé à ses anciens fidèles, en se disant confiant que M. St-Pierre Plamondon est le bon chef pour mener cette bataille.
Mme Marois n’a pas pris la parole, mais a elle aussi été chaudement applaudie à son arrivée au congrès. Les militants se sont empressés de se faire prendre en photo avec elle, après ces discours qui ont servi d’ouverture au congrès.
Des flèches au fédéral
M. St-Pierre Plamondon, qui s’est présenté accompagné de ses deux députés, Pascal Bérubé et Joël Arsenau, s’en est également pris aux partis fédéraux, qui diront toujours « non » aux demandes du Québec, a-t-il dit, en prenant pour cible tant le premier ministre Justin Trudeau que le chef conservateur Pierre Poilievre.
Le chef du PQ a voulu leur lancer un avertissement, en anglais « pour être sûr qu’ils comprennent » : « Objects in mirror are closer than they appear », a-t-il lancé, sous de chauds applaudissements (les objets dans le miroir sont plus près qu’il n’y paraît, tel qu’écrit sur les rétroviseurs de voitures).
Gilles Duceppe a quant à lui voulu régler quelques comptes avec les libéraux fédéraux. Et notamment avec la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, qui arguait au congrès libéral il y a deux semaines que les bloquistes n’avaient pas su empêcher les compressions en culture du gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Or, le Bloc québécois sous sa gouverne n’a appuyé qu’un seul budget, a rétorqué M. Duceppe, et si les autres ont été adoptés, c’est « parce que les libéraux ont voté pour », a-t-il accusé. « Mme Joly, ou bedon elle a menti, ou bedon elle a manqué de rigueur », a raillé l’ancien chef bloquiste, avec sa verve d’antan.
Le Bloc québécois a connu quelques années sombres, lorsqu’il n’a conservé que 10 députés aux élections de 2015 et qu’il a ensuite frôlé l’implosion sous la gouverne de Martine Ouellet entre 2017 et 2018. Le parti s’est redressé à la suite de l’élection du chef Yves-François Blanchet, et compte désormais 32 députés.
Le Parti québécois semble pour sa part profiter d’une légère remontée dans les intentions de vote dernièrement. Un coup de sonde de Léger, début mai, donnait 22 % d’appuis au PQ, qui demeure deuxième derrière la Coalition avenir Québec, à 36 %. Le premier avait cependant gagné quatre points de pourcentage en trois mois, tandis que le second en avait perdu l’équivalent.
Le congrès du Bloc québécois se poursuit jusqu’à dimanche, à Drummondville. Le chef Blanchet y subira un vote de confiance, samedi. Les délégués voteront une série de résolutions, qui risquent de façonner la plateforme électorale du parti en vue des prochaines élections, attendues par plusieurs observateurs politiques au courant de l’année 2024.