Hillary Clinton met les libéraux en garde contre les forces de droite

Hillary Clinton lors de la Journée internationale des droits des femmes, à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 8 mars 2023
Kamran Jebreili Associated Press Hillary Clinton lors de la Journée internationale des droits des femmes, à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 8 mars 2023

Après que le droit à l’avortement a été remis en question aux États-Unis, l’ex-candidate présidentielle Hillary Clinton a tenu à prévenir les militants libéraux fédéraux réunis en congrès national, vendredi : des forces de droite s’activent aussi au Canada pour faire reculer les acquis sociaux.

« Je prédis que vous en aurez vous aussi dans votre pays […] des gens qui veulent prendre l’horloge, et la faire reculer », a déclaré Mme Clinton devant une salle comble réunissant plusieurs milliers de sympathisants du Parti libéral du Canada à Ottawa.

Celle qui a été secrétaire d’État sous le gouvernement de Barack Obama, et plus tard candidate aux élections présidentielles de 2016, était l’invitée d’honneur du Congrès national du Parti libéral du Canada de 2023. Elle était interviewée vendredi soir par la vice-première ministre du Canada et ex-journaliste, Chrystia Freeland, devant près de 4000 délégués.

« Ne faites pas erreur : dans notre pays se déroule une lutte historique significative », a déclaré Hillary Clinton, au sujet du renversement de l’arrêt Roe v. Wade à la Cour suprême des États-Unis. Cette décision survenue l’an dernier a mis fin au droit constitutionnel à l’avortement sur l’ensemble du territoire des États-Unis.

Selon elle, de telles « forces » opposées à de tels droits fondamentaux sont aussi présentes au Canada, et pourraient prendre tous les moyens nécessaires pour gagner lors des prochaines élections fédérales, prévues au plus tard pour 2025. La politicienne américaine a par exemple conseillé aux militants libéraux de prendre au sérieux le risque que posent la désinformation et les images manipulées sous forme de « deep fakes ».

« Prenez au sérieux l’avertissement de Mme Clinton. […] En 2016, vous avez vu ce qui s’est passé », a dit Chrystia Freeland, évoquant la défaite démocrate aux mains du président Donald Trump.

La vice-première ministre a plus tard explicitement fait le parallèle avec le chef conservateur Pierre Poilievre, soulignant qu’il faut « prendre au sérieux » ses propositions qu’elle juge choquantes, comme de renvoyer le gouverneur de la Banque du Canada ou de couper le financement public du réseau anglais de Radio-Canada.

S’opposer à l’autoritarisme

Les deux femmes ont aussi vanté la politique féministe du Canada et le programme national de garderies à 10 $. Elles ont longuement parlé de l’invasion russe de l’Ukraine et de leur vision commune en soutien au camp de Kiev, parmi d’autres sujets sur lesquelles elles étaient toujours d’accord.

« On a un ancien président aux États-Unis qui exprime son admiration pour [le président russe Vladimir] Poutine, [le premier ministre Viktor] Orbán en Hongrie. […] Il y a un triste, malheureux développement dans plusieurs de nos démocraties, une attraction de ces forces largement à la droite et qui minent nos institutions, attaquent notre presse libre et oppressent les droits des minorités. Dans mon pays, et ailleurs », a lancé Mme Clinton à une foule convaincue.

Officiellement, le Parti libéral du Canada a invité Hillary Clinton à son premier rassemblement politique en personne depuis 2018 pour l’entendre « offrir son soutien continu à Justin Trudeau et à son mouvement ».

Le ministre fédéral de la Santé et député de Québec, Jean-Yves Duclos, a déclaré vendredi que de recevoir au congrès libéral Mme Clinton reflète le retour des bonnes relations entre Ottawa et Washington.

« C’est un signe de cette nouvelle philosophie, cette énergie positive qui existe entre les gouvernements canadiens et américains. C’est reflété par les valeurs de Mme Clinton qui sont les valeurs de la nouvelle administration [Biden] », a-t-il expliqué.

Le prix régulier pour assister à cette grande messe libérale organisée tous les deux ans était de 599 $.

Les États-Unis en vedette

La relation entre le Canada sous un gouvernement libéral et le voisin américain a été le fil conducteur des deux premiers jours du congrès national du parti, lancé jeudi.

L’ex-premier ministre Jean Chrétien a ponctué son allocution de vendredi soir d’anecdotes mettant en scène les relations avec les États-Unis. Il a raconté avoir tendu la main à l’ex-président Bill Clinton pour gravir un muret de pierre lors d’une promenade, puisque ce dernier avait « mangé trop de McDonald’s ».

Il a surtout reçu une ovation debout au moment de rappeler son refus d’engager le Canada dans la guerre en Irak, en 2003, devant le président américain George W. Bush. L’homme de 89 ans s’est remémoré les détails de ces tractations, visiblement encore très fier d’avoir pris la bonne décision à l’époque.

Jeudi, le discours du premier ministre Justin Trudeau comptait lui aussi de nombreuses allusions à la relation canadienne avec les gouvernements de Donald Trump et de Joe Biden. M. Trudeau a par exemple tenté de ridiculiser son adversaire conservateur, Pierre Poilievre, pour s’être plaint devant le président américain des obligations vaccinales durant la pandémie.

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