Trudeau défend la nomination intérimaire de la belle-sœur du ministre LeBlanc

Le ministre canadien des Affaires intergouvernementales, M. LeBlanc, affirme qu’il s’est récusé lorsque le premier ministre a abordé la question durant des discussions du Cabinet.
Adrian Wyld La Presse canadienne Le ministre canadien des Affaires intergouvernementales, M. LeBlanc, affirme qu’il s’est récusé lorsque le premier ministre a abordé la question durant des discussions du Cabinet.

Le premier ministre Justin Trudeau défend la nomination de la belle-sœur de son ministre Dominic LeBlanc comme commissaire intérimaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, soulignant que son travail dans ce bureau remonte aux années au pouvoir de l’ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Martine Richard, qui travaille au Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique du Canada comme avocate depuis 2013, a été nommée pour un mandat de six mois cette semaine.

« La commissaire intérimaire œuvre au sein des plus hauts niveaux à l’intérieur du Bureau du commissaire à l’éthique depuis plus de 10 ans. […] Elle a fait un excellent travail sous l’ancien commissaire (Mario) Dion et elle l’a d’ailleurs remplacé une couple de fois quand il était en congé de maladie et qu’il faisait face à des problèmes de santé », a dit M. Trudeau vendredi en point de presse à Moncton, au Nouveau-Brunswick.

À ses côtés, le député de cette province de l’Atlantique et ministre des Affaires intergouvernementales, M. LeBlanc, a précisé qu’il s’était récusé lorsque le premier ministre avait abordé la question durant des discussions du Cabinet.

« Je n’ai pas participé du tout dans ce processus (de sélection) », a-t-il en outre soutenu en disant n’avoir rien d’autre à ajouter.

Une porte-parole du Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique du Canada avait indiqué jeudi que, depuis que Mme Richard est à l’emploi de ce bureau, une disposition fait en sorte que certains sujets qui pourraient la placer dans un conflit potentiel ne sont jamais portés à son attention.

Vendredi, M. Trudeau a affirmé que « s’il y a bien un bureau qui comprend comment gérer les conflits d’éthique ou des apparences de conflits, c’est ce bureau-là ».

Mme Richard est devenue commissaire lundi en vertu d’un article de la Loi sur le Parlement du Canada qui permet au gouvernement de « confier l’intérim à toute personne compétente pour un mandat maximal de six mois ».

Les conservateurs critiquent depuis plusieurs jours, au fil des périodes des questions, la nomination de la belle-sœur de M. LeBlanc. Ils soutiennent aussi que le fait que les libéraux martèlent que son intégration au sein de l’équipe du commissariat remonte aux années du gouvernement Harper n’y change rien.

Jeudi, le leader parlementaire du gouvernement, Mark Holland, avait servi cet argument, au même titre que M. Trudeau.

Vendredi, le Bloc québécois s’est aussi mis de la partie, durant la période des questions, après avoir dénoncé la nomination par écrit. Son porte-parole en matière d’éthique, René Villemure, a même été jusqu’à demander que le gouvernement fasse marche arrière.

« L’apparence de conflits d’intérêts saute aux yeux. Même s’ils semblent ne pas savoir ce que c’est, un conflit d’intérêts, nous demandons aux libéraux de revenir sur cette nomination », a-t-il lancé.

Le chef conservateur Pierre Poilievre voit dans le choix de la belle-sœur de M. LeBlanc comme chien de garde de l’éthique une façon, pour les libéraux, de s’assurer de « pouvoir discuter de chaque cas autour de la table du souper » sans s’inquiéter.

M. LeBlanc a été reconnu coupable d’avoir enfreint les règles sur les conflits d’intérêts en 2018 pour avoir approuvé un permis de pêche lucratif pour une entreprise dirigée par un membre de la famille alors qu’il était ministre des Pêches.

Selon M. Poilievre, le premier ministre a dû se dire qu’il « aime bien nommer les membres de (sa) famille (libérale) et (ses) amis comme officiers indépendants ». En prononçant ce dernier mot, il a mimé des guillemets dans les airs.

« Est-ce qu’on va épuiser la liste […] pour ces positions-là ? », a-t-il poursuivi.

Les conservateurs, tout comme les bloquistes, jugent notamment que le rapporteur spécial sur l’ingérence étrangère, David Johnston, est trop proche des libéraux et de Justin Trudeau.

Pour M. Villemure, il ne fait aucun doute que le cas de Mme Richard « s’ajoute à une liste interminable de manquements à l’éthique ».

Avec des informations de Mickey Djuric

À voir en vidéo