Motion unanime à Québec pour une pleine compensation d’Ottawa sur l’assurance dentaire

La motion de Québec solidaire a été appuyée par 102 députés, dont 73 caquistes. Il n’y a eu aucune abstention.
Baker Jarvis Getty Images iStockphoto La motion de Québec solidaire a été appuyée par 102 députés, dont 73 caquistes. Il n’y a eu aucune abstention.

L’Assemblée nationale s’est liguée pour réclamer à l’unanimité que le gouvernement de Justin Trudeau verse au Québec une pleine compensation pour son futur régime d’assurance dentaire. Et le gouvernement Legault a, de ce fait, consenti à consacrer une partie de ces sommes à élargir lui aussi la couverture de soins dentaires.

La motion de Québec solidaire (QS), adoptée sans opposition jeudi, venait stipuler que « la santé est une compétence exclusive du Québec ». Le texte proposait d’appuyer la demande du gouvernement Legault d’obtenir « une compensation financière sans condition ». Mais le libellé demandait aussi au gouvernement « de s’engager à utiliser des transferts découlant du programme fédéral pour bonifier la couverture des soins dentaires des Québécoises et Québécois ».

La proposition a été appuyée par 102 députés, dont 73 caquistes. Il n’y a eu aucune abstention.

Pourtant, mercredi, le ministre des Finances, Eric Girard, ne s’était pas avancé quant à ce que son gouvernement ferait des 2,9 milliards de dollars. Il évalue pouvoir les récupérer de la part du fédéral en vertu du « régime canadien de soins dentaires », prévu au coût de 13 milliards de dollars au plus récent budget d’Ottawa.

Un réinvestissement, à ses propres conditions

Le gouvernement Legault défend toujours jalousement ses champs de compétences. Justin Trudeau avait laissé entendre qu’il pourrait être disposé à discuter d’une compensation pour le gouvernement québécois, mais il avait également prévenu que celle-ci devrait servir à offrir une assurance dentaire aussi généreuse au Québec qu’ailleurs au Canada.

La Coalition avenir Québec (CAQ) a ainsi fait retirer un passage de la motion de QS. Ce dernier proposait, au départ, de demander au gouvernement Legault de réserver « l’entièreté des transferts » pour élargir l’assurance dentaire au Québec.

À l’heure actuelle, le Québec couvre les soins dentaires des enfants de moins de 10 ans. Le gouvernement Trudeau rembourse, quant à lui, depuis l’an dernier, les soins dentaires des enfants de moins de 12 ans.

Dans son budget 2023, déposé mardi à Ottawa, M. Trudeau s’est engagé à créer un « régime canadien de soins dentaires » qui élargira, d’ici la fin de l’année, cette couverture aux mineurs, aux personnes âgées ainsi qu’à celles vivant avec un handicap qui n’ont pas d’assurance privée. Le régime sera ensuite offert à tous les Canadiens au revenu familial annuel inférieur à 90 000 $ d’ici 2025.

M. Trudeau insistait mercredi sur le fait qu’il n’y avait pas de chicane à l’horizon dans ce dossier. L’Assemblée nationale a convenu de lui faire parvenir la motion unanime adoptée jeudi.

Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a choisi de saluer que le Québec a envoyé le message avec cette motion, « que partout au pays, on croit à l’importance des soins dentaires qui sont essentiels pour une santé globale ».

Le député solidaire et auteur de la motion, Vincent Marissal, s’est réjoui que la CAQ se soit engagée à bonifier la couverture des soins dentaires, le parti de gauche proposant, pour sa part, un régime universel depuis des années. « Nous allons surveiller le dossier de près pour nous assurer que la CAQ mène cette bataille face à Ottawa pour nous ramener l’argent dont on a besoin pour investir dans les soins dentaires », a réagi M. Marissal par voie de communiqué.

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