Le ministre Fraser offre très peu de détails sur l’accueil des migrants au pays

Le ministre canadien de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser, a offert peu de détails lundi au sujet du programme qui permettra l’accueil de 15 000 migrants, comme convenu dans le cadre de la renégociation de l’Entente sur les tiers pays sûrs. En vertu des nouveaux paramètres de l’entente, entrée en vigueur le 25 mars, les migrants ne peuvent plus faire une demande d’asile entre les postes frontaliers.
Le ministre fédéral affirme qu’il est encore en train de développer les politiques qui détailleront l’accueil des 15 000 migrants. « J’ai à l’esprit la situation en Haïti en raison de la condition du pays et des liens entre le peuple haïtien et le Canada », a-t-il toutefois précisé. Depuis le 1er janvier, au moins 530 personnes ont été tuées dans le pays en raison de conflits armés entre des gangs et policiers selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
Ottawa a indiqué que les 15 000 migrants qui seront accueillis chaque année proviendront de « l’hémisphère occidental », mais le ministre Fraser n’a pas spécifié lundi quels pays seraient inclus dans le programme. « On va voir si on cible exclusivement les gens dans l’hémisphère ou ceux qui se sont rendus dans l’hémisphère », a-t-il dit en conférence de presse. Après les Haïtiens, les Turcs et les Colombiens ont été les plus nombreux à demander l’asile au chemin Roxham en 2022.
On ne sait toujours pas à quel moment les détails du programme d’accueil seront connus ni les critères qui seront fixés pour s’y qualifier. Mais le ministre Fraser a fait valoir qu’il espérait pouvoir accueillir les 15 000 migrants au cours des 12 prochains mois.
9000 km de frontière à surveiller
Le gouvernement fédéral n’a pas non plus précisé de quelle façon il entend surveiller l’entièreté des 8900 kilomètres de frontière canado-américaine. Les libéraux ont pendant des années fait valoir qu’il serait difficile de colmater la brèche permettant le passage irrégulier de migrants entre les postes frontaliers. L’Entente sur les tiers pays sûrs prévoit qu’un migrant doit demander l’asile dans le premier pays où il met les pieds.
La Gendarmerie royale du Canada, qui patrouille à la frontière, a indiqué au Devoir qu’« au besoin, des ressources d’autres secteurs pourraient être réaffectées à court terme afin de répondre aux besoins opérationnels ». Mais la police fédérale n’a pas offert plus d’informations « pour des raisons opérationnelles ».
Le premier ministre Justin Trudeau a pour sa part semblé indiquer que ces effectifs n’ont pas encore été réaffectés, trois jours après l’annonce par le premier ministre et le président américain, Joe Biden, d’un « protocole additionnel » prévu à l’entente transfrontalière pour y empêcher désormais les passages irréguliers comme au chemin Roxham, en Montérégie.
« On va continuer de regarder ce qui est nécessaire pour assurer la sécurité de nos frontières. Et surtout pour démontrer qu’on a un système d’immigration qui fonctionne pour les Canadiens », s’est contenté d’affirmer M. Trudeau, à son arrivée aux Communes lundi.
L’Agence des services frontaliers s’affairait cette fin de semaine à installer de nouvelles pancartes, notamment au chemin Roxham, prévenant qu’il est « illégal d’entrer au Canada ici » et que tout migrant pourrait être renvoyé aux États-Unis.
Samedi et dimanche, le long de la frontière canado-américaine, neuf demandeurs d’asile ont été interceptés et renvoyés aux États-Unis, tandis que sept autres ont vu leur dossier jugé admissible et ainsi obtenu le droit de poursuivre leur demande d’asile au Canada, selon l’Agence des services frontaliers du Canada. Le ministre Fraser estime que la nouvelle entente réduira le nombre de personnes qui traversent le continent américain pour venir au Canada.
Le gouvernement n’a pas précisé combien de personnes ont été interceptées au total, cette fin de semaine, en essayant d’entrer au Canada de façon irrégulière. Au fil de l’année 2022, un peu plus de 39 500 personnes ont ainsi tenté d’entrer au Canada, dont la quasi-totalité au Québec (soit près de 39 200).
Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.