Chrystia Freeland mentionne l’économie verte et la santé pour le budget 2023

Les Canadiens peuvent s’attendre à davantage de mesures fédérales « ciblées » et « responsables » pour lutter contre l’inflation dans le budget fédéral qui sera déposé la semaine prochaine, a indiqué lundi la ministre des Finances, Chrystia Freeland.
« On ne peut pas compenser tous les Canadiens pour l’inflation. En faisant ça, on ne ferait qu’agrandir l’inflation. Les Canadiens sont intelligents, ils comprennent cela », a-t-elle évoqué dans un passage en français de son allocution.
Celle qui est aussi vice-première ministre du Canada a profité de sa visite d’un centre de formation syndical d’Oshawa, en Ontario, pour livrer un discours de 23 minutes à saveur économique devant un groupe d’apprenties électriciennes. Elle a du même coup fourni quelques indices du contenu du prochain budget fédéral, qu’elle doit révéler mardi prochain, le 28 mars.
Chrystia Freeland perçoit la situation économique actuelle comme une « période turbulente », dans laquelle l’action gouvernementale ne doit pas être trop imposante, au risque de « jeter de l’huile sur le feu » de l’inflation. Elle met toutefois en avant la valeur de la solidarité pour justifier le renforcement du « filet social » et aider les plus démunis grâce à des programmes ciblés.
Investissements verts
La ministre des Finances a également dévoilé ce qui constituerait deux investissements importants du budget : « l’économie propre » et la santé.
Sur ce premier thème, Chrystia Freeland a évoqué le besoin d’orienter l’économie canadienne vers l’énergie propre, les technologies propres, la fabrication de batteries et les véhicules électriques. Il s’agit, selon elle, de « la plus importante transformation économique depuis la révolution industrielle ».
Elle a d’ailleurs expressément mentionné les États-Unis comme un pays qui effectue lui aussi ce virage vert. Ottawa a déjà exprimé dans le passé le souhait de riposter à l’Inflation Reduction Act du gouvernement Biden, une loi adoptée l’été dernier qui prévoit quelque 370 milliards de dollars américains (plus de 500 milliards de dollars canadiens) pour donner un coup de pouce à différentes industries vertes, comme les voitures électriques.
Le président américain, Joe Biden, sera d’ailleurs de passage à Ottawa jeudi et vendredi, à quelques jours du dépôt du budget fédéral.
En santé, on s’attend que le budget reflète la récente entente conclue avec les provinces. En février, Ottawa a proposé de bonifier ses transferts de 46,2 milliards de dollars sur dix ans, pour atteindre un total de 196 milliards de dollars. Depuis, le fédéral a aussi annoncé qu’il compte retrancher 41,87 millions de dollars de son Transfert canadien en santé (TCS) vers Québec, soit l’estimation du coût des soins que le système facture directement aux patients.
Continuer l’entente avec le NPD
La ministre Freeland a longuement vanté la reprise économique canadienne après la pandémie de COVID-19 et les différents programmes d’aide mis en place par le gouvernement libéral. Elle a par exemple estimé lundi que les soins dentaires de 200 000 enfants ont été couverts par une nouvelle prestation fédérale en vigueur depuis décembre.
Cette prestation était l’un des 27 engagements inclus dans l’entente entre le Parti libéral du Canada et le Nouveau Parti démocratique (NPD). Or, plusieurs autres éléments de cet accord doivent en théorie voir le jour en 2023.
Il est attendu que le gouvernement fédéral étende sa prestation pour les soins dentaires des familles les moins fortunées aux adolescents, aux personnes âgées et aux personnes handicapées. Ottawa doit aussi réaliser certaines étapes embryonnaires vers une politique d’assurance médicaments fédérale.
Le gouvernement Trudeau s’est aussi engagé à écrire une charte des droits des acheteurs immobiliers et à dresser la liste des propriétés dans un registre public, notamment. Il doit aussi créer un Centre de formation pour les emplois propres.
Plusieurs responsables du gouvernement libéral minoritaire et du NPD ont récemment affirmé au Devoir que les deux partis sont toujours satisfaits de l’entente de 2022, unique dans l’histoire politique au fédéral. Le prochain budget du Canada devrait donc sans surprise être entériné par le Parlement.