Trudeau «énormément préoccupé» par de possibles postes de police chinois au Québec

Le premier ministre canadien Justin Trudeau, à son arrivée au parlement, jeudi, à Ottawa.
Justin Tang La Presse canadienne Le premier ministre canadien Justin Trudeau, à son arrivée au parlement, jeudi, à Ottawa.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, se dit « énormément » préoccupé par de présumés postes de police chinois établis à Montréal et Brossard.

« C’est un enjeu qui nous préoccupe énormément et ça souligne à quel point les cibles primaires de l’ingérence étrangère, c’est justement les communautés de diaspora, les communautés d’origine chinoise ou iranienne qui sont ici au Canada », a-t-il dit jeudi en mêlée de presse à son arrivée à la réunion du Conseil des ministres.

M. Trudeau a noté que son gouvernement est au courant depuis « bien des mois » du problème des postes de police chinois à travers le pays.

« On est en train de s’assurer que la GRC est en train de faire des suivis là-dessus et que nos systèmes de renseignement prennent ça au sérieux », a-t-il ajouté.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a confirmé le matin même que l’Équipe intégrée de la sécurité nationale du Québec avait ouvert des enquêtes sur les centres dans la province.

Intimidation de ressortissants

 

La GRC a indiqué que des Canadiens d’origine chinoise étaient victimes de possibles activités de ces centres. Le corps de police a assuré qu’il ne tolérera aucune forme d’intimidation, de harcèlement ou de ciblage préjudiciable.

Dans un courriel, le sergent Charles Poirier de la GRC a précisé que le corps policier menait des actions « visant à détecter et à perturber ces activités criminelles soutenues par un État étranger et pouvant menacer la sécurité de personnes vivant au Canada ».

La GRC affirme prendre « très au sérieux les menaces à la sécurité des personnes vivant au Canada » et a dit être « au courant que des États étrangers peuvent chercher à intimider des collectivités ou des personnes au Canada ou à leur causer du tort ».

La GRC a d’ailleurs invité toute personne qui s’estimerait victime d’intimidation ou de harcèlement à le signaler à une ligne téléphonique dédiée : le 514-939-8301.

La nouvelle, qui avait d’abord été relayée par Le Journal de Montréal, signifie que le Québec serait lui aussi ciblé par ces présumés postes de police clandestins. Selon l’organisation espagnole Safeguard Defenders, trois de ces centres seraient établis dans la grande région de Toronto, a-t-on appris à la fin octobre. En tout, il y aurait plus de 50 sites du genre dans le monde.

Le groupe de défense des droits de la personne soutient que ces stations sont utilisées pour persuader des personnes que la Chine prétend être des fugitifs vivant à l’étranger de retourner en Chine pour faire face à des accusations.

Quelques semaines après les révélations initiales, M. Trudeau et le président chinois, Xi Jinping, ont eu un échange tendu en marge du sommet du G20, à Bali. Le bureau du premier ministre avait déclaré aux journalistes que M. Trudeau avait discuté des inquiétudes concernant « l’ingérence » chinoise au Canada.

Le président chinois, Xi Jinping, avait ensuite rabroué le premier ministre Trudeau, mais le ministère chinois des Affaires étrangères a ensuite nuancé, plaidant que le président n’avait critiqué personne et que c’était le Canada qui était irrespectueux et condescendant.

Ingérence électorale

 

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a dressé un lien entre ces prétendus postes de police et l’ingérence électorale.

« C’est un phénomène qui est très, très grave, a-t-il dit dans le foyer de la Chambre des communes. Notre crainte, c’est que ça joue un rôle dans la prochaine élection et dans le contexte d’un gouvernement minoritaire. »

Il a alors à nouveau réclamé une enquête publique et indépendante, comme s’époumonent aussi à le demander les conservateurs et les néodémocrates. Or, le gouvernement Trudeau propose plutôt de nommer un « rapporteur spécial » qui tranchera si c’est la bonne formule.

En matinée, le leader du gouvernement à la Chambre, Mark Holland, a affirmé qu’« absolument » il discute de noms avec les partis d’opposition.

Mais M. Blanchet a affirmé qu’il veut « d’abord » que M. Trudeau « reconnaisse » que c’est une enquête publique à travers le mandat du rapporteur. Quant à une liste de propositions, le chef bloquiste a dit ne pas en avoir eu vent. « Si le premier ministre veut me parler d’une liste de noms […] il a mon numéro de téléphone », a-t-il résumé.



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