À Québec et à Ottawa, des élus suppriment TikTok de leur téléphone

Les élus de l’Assemblée nationale et de la Chambre des communes font une croix sur TikTok. Ils retireront de leurs téléphones de fonction l’application de propriété chinoise. Leurs employés politiques, aussi.
Quelques heures après que la présidente du Conseil du Trésor du Canada, Mona Fortier, a soulevé le « niveau de risque inacceptable pour la vie privée et la sécurité » que présentait le réseau social, les parlementaires québécois ont reçu mardi un courriel de l’Assemblée nationale les incitant « fortement » à supprimer l’application de leurs appareils.
La Coalition avenir Québec (CAQ), le Parti libéral, Québec solidaire et le Parti québécois ont signifié leurs intentions de se plier à cette suggestion.
Lundi, les employés de la fonction publique, tant à Ottawa qu’à Québec, avaient appris qu’ils devraient se débarrasser de l’application dans les meilleurs délais.
Mardi matin, les ministres de la CAQ ont été avertis du fait que « la décision prise hier concerne les appareils utilisés et fournis par l’administration publique québécoise ». « Donc : tout cellulaire de l’État doit supprimer TikTok », a indiqué l’attaché de presse du premier ministre François Legault, Ewan Sauves, dans un échange de messages texte. Les employés politiques de ces élus sont aussi touchés par la directive, a-t-il précisé.
Les ministres qui détiennent un compte devront-ils supprimer ce dernier ? « Il n’y a pas de décision prise pour l’instant », a affirmé le cabinet du premier ministre. Environ 112 000 personnes suivent le compte de M. Legault sur TikTok. La ministre Sonia LeBel, une habituée de la plateforme, où elle publie régulièrement des vidéos d’elle derrière le guidon de sa motoneige, a plus de 3000 fidèles.
La Chambre des communes aussi
À Ottawa, les députés ne pourront plus installer TikTok sur leur téléphone à partir de vendredi, ont-ils appris. « Tous les utilisateurs qui détiennent des appareils gérés par la Chambre [ont été avertis] que l’application mobile TikTok ne pourra plus être installée », a écrit la directrice des communications du Bureau de la présidence à la Chambre des communes, Amélie Crosson.
Évitez de supprimer l’application et vous serez en contravention des règlements de la Chambre, a ajouté la présidence dans son message aux parlementaires.
Au Parti conservateur du Canada, le chef Pierre Poilievre, qui est très actif sur la plateforme, a fermé son compte au cours des dernières heures et tous les membres du caucus « suspendront » le leur et retireront l’application de leur téléphone, a indiqué la formation politique.
« Les conservateurs prennent au sérieux toutes les menaces à la vie privée et à la sécurité provenant de régimes autoritaires étrangers et défendront toujours le droit à la vie privée des Canadiens », a écrit leur porte-parole Sebastian Skamski dans un courriel.
Le Bloc québécois a fait savoir que son compte TikTok a été supprimé. Le chef Yves-François Blanchet n’avait pas de compte.
« Pour des raisons de sécurité et afin de nous conformer à la directive de la Chambre des communes, tous les députés et le personnel du Bloc québécois supprimeront l’application TikTok de leurs appareils gérés par la Chambre », a écrit le parti sur Twitter.
Le compte du chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, qui totalise 879 000 abonnés, est toujours en ligne. Le NPD a fait savoir que ses députés se conformeront à la directive de la Chambre des communes. Sa dernière publication remonte à cinq jours.
Le premier ministre et chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, ne possédait pas de compte TikTok.
Et les sociétés d’État ?
L’interdiction d’utiliser le réseau social ne s’applique pas qu’aux élus. Mardi, Hydro-Québec a confirmé au Devoirqu’elle « interdit TikTok sur ses appareils mobiles et bloque l’accès à partir du réseau de l’entreprise ».
La Société des alcools du Québec n’avait pris aucune décision en ce sens mardi. « Toutefois, nous suivons de près l’évolution de la situation et n’excluons pas l’interdiction de l’utilisation de l’application sur nos appareils comme mesure préventive », a écrit la porte-parole de la société d’État, Geneviève Cormier.
Avec La Presse canadienne
La Maison-Blanche ordonne aux agences fédérales de bannir TikTok
Les agences fédérales américaines devront s’assurer que leurs appareils ne sont plus dotés de l’application de vidéos TikTok sous 30 jours, a ordonné lundi le Bureau de la gestion et du budget à la Maison-Blanche (OMB). Détenue par l’entreprise chinoise ByteDance, TikTok a été prise pour cible par les législateurs américains qui considèrent l’application comme une menace à la sécurité nationale, et avaient interdit son usage sur les appareils des fonctionnaires dans une loi votée fin décembre. L’ordre de l’OMB est pris en application de cette loi, ratifiée début janvier par le président Joe Biden. Dans un mémorandum, la directrice de ce bureau, Shalanda Young, a demandé aux agences gouvernementales de « supprimer et d’interdire les installations » de l’application sur les appareils leur appartenant ou gérés par elles, et d’« interdire le trafic Internet » depuis ces appareils vers l’application. L’interdiction ne s’applique pas aux entités américaines ne dépendant pas du gouvernement fédéral ni aux millions de particuliers qui utilisent TikTok.
Agence France-Presse