Les élus libéraux appelés à serrer les rangs pour le projet de loi C-13

Le premier ministre Justin Trudeau repousse l’offensive menée par des députés libéraux québécois — Marc Garneau (Notre-Dame-de-Grâce–Westmount), Anthony Housefather (Mont-Royal) et Emmanuella Lambropoulos (Saint-Laurent) — contre le projet de loi C-13.
Contrairement à eux, il est persuadé que le projet de loi modifiant la Loi sur les langues officielles renforcera la présence de la langue française au pays sans porter atteinte aux droits des Québécois d’expression anglaise. « On a mis de l’avant une proposition avec C-13 qui protège les minorités linguistiques à travers le pays avec une emphase particulièrement sur la protection du français. On sait que c’est le bon équilibre. On va continuer à avancer avec cela », a-t-il promis lors d’une mêlée de presse sur la colline du Parlement mercredi avant-midi.
Cela dit, le premier ministre s’est abstenu de sermonner publiquement M. Garneau, M. Housefather et Mme Lambropoulos pour avoir proposé aux autres membres du Comité permanent des langues officielles d’édulcorer le projet de loi C-13, déposé par leur consoeur Ginette Petitpas Taylor à la Chambre des communes il y a près d’un an. « Les Canadiens, comme nos députés, sont ancrés dans des principes de défense de liberté, de défense des droits linguistiques et ils sont en train de représenter leur communauté », a-t-il expliqué.
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Bref, les trois élus libéraux n’ont réussi à convaincre ni les conservateurs, ni les bloquistes, ni les néodémocrates, ni les autres libéraux d’en faire moins pour protéger la langue française.
De telles « discussions » se tiennent dans toutes les bonnes familles, a affirmé le député franco-ontarien Francis Drouin (Glengarry-Prescott-Russell). « Je ne m’entends pas toujours avec ma femme », a-t-il fait remarquer, sourire en coin.
Mardi, M. Drouin avait accusé les trois élus d’avoir monté un « show de boucane […] honteux » en alléguant par exemple qu’un médecin aurait refusé de soigner une femme anglophone en anglais de crainte de subir des représailles judiciaires (Mme Lambropoulos). « Le Montréal island n’a pas le monopole sur la politique linguistique du Canada. La désinformation n’a pas sa place dans ce débat », avait-il laissé tomber sur Twitter.
Les élus libéraux demeurent « unis », a soutenu le ministre Pablo Rodriguez après avoir appelé tous les élus libéraux québécois à serrer les rangs autour du projet de loi C-13, qui vise, selon Mme Petitpas Taylor, à donner « plus de mordant » à la Loi sur les langues officielles.
Le ministre Marc Miller (Ville-Marie–Le Sud-Ouest–Île-des-Soeurs) a mentionné que le projet de loi C-13 suscitait des discussions sur des « choses très émoti[ves], de langue, d’identité, des éléments de fond » au sein du groupe parlementaire libéral, qu’il compare à « une belle famille ». Les dissensions internes qui ont éclaté au grand jour en plein comité parlementaire l’« inquiètent ». « Ça devrait inquiéter tout le monde. […] Les gens, quand ils font des sorties publiques, c’est qu’ils n’ont pas eu l’occasion de s’exprimer dans une instance privilégiée », a-t-il fait valoir, avant de réitérer « l’importan[ce pour les libéraux] de garder cet esprit de famille ».
Le whip en chef du gouvernement, Steven MacKinnon, a quant à lui rappelé que « [son] travail consiste à faire adopter des projets de loi qui sont des engagements de [sa] formation politique », y compris le projet de loi C-13 — ce qui n’est pas toujours simple puisque le gouvernement Trudeau ne dispose pas d’une majorité parlementaire.
Le leader du gouvernement à la Chambre des communes, Mark Holland, a pour sa part mentionné que la protection des « deux langues officielles du Canada », l’anglais et le français, figurait dans l’ADN du Parti libéral du Canada. « On va continuer de faire cela [soit protéger la langue française] », a-t-il assuré à la presse.
Au moyen du projet de loi C-13, le gouvernement Trudeau compte notamment offrir le libre choix aux entreprises privées de compétence fédérale présentes au Québec de mener « leurs communications avec les consommateurs » dans le respect de la loi fédérale — qui réitère que « les consommateurs au Québec ont le droit de communiquer en français avec une entreprise privée de compétence fédérale qui y exerce ses activités et de recevoir de celle-ci des services dans cette langue » — ou encore de la Charte de la langue française du Québec.