Les contrats d'Ottawa avec McKinsey feront l’objet d’une enquête
![« Il y a une question d’influence d’une multinationale. Une multinationale qui [fait l’objet d’une] enquête en France », a déclaré le chef conservateur Pierre Poilievre mardi.](https://media1.ledevoir.com/images_galerie/nwd_1447391_1111268/image.jpg)
Les partis d’opposition à Ottawa forceront la main d’un comité parlementaire pour qu’il passe au peigne fin les contrats totalisant plusieurs dizaines de millions de dollars accordés à la firme de consultants McKinsey & Company.
« Nous forçons la tenue d’une enquête au comité des opérations gouvernementales pour connaître tous les détails de ces contrats […] et aussi pour mieux connaître l’influence que cette entreprise a dans le gouvernement libéral », a annoncé mardi le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, en mêlée de presse.
Puisque le Parti libéral du Canada est à la tête d’un gouvernement minoritaire, les autres partis fédéraux peuvent s’entendre entre eux pour établir l’ordre du jour des comités parlementaires, notamment. Ces comités peuvent assigner des témoins à comparaître ou exiger la production de documents gouvernementaux.
Toutes les oppositions se sont scandalisées des conclusions d’un article de Radio-Canada selon lequel les libéraux ont accordé des contrats à la firme de consultants McKinsey d’une valeur 30 fois supérieure à ce qui a été accordé lors des années au pouvoir des conservateurs de Stephen Harper. La Presse canadienne a également rapporté que les contrats conclus entre le fédéral et le cabinet-conseil depuis mars 2021 totalisaient plus de 84 millions de dollars.
McKinsey avait aussi fait les manchettes au Québec pour ses services offerts au gouvernement caquiste durant la pandémie de COVID-19.
Une compilation effectuée par Le Devoir démontre que Travaux publics et Services gouvernementaux Canada et Citoyenneté et Immigration Canada ont été d’importants clients de la firme, leur relation d’affaires se chiffrant à plusieurs dizaines de millions de dollars.
« Il y a une question d’influence d’une multinationale. Une multinationale qui [fait l’objet d’une] enquête en France », a ajouté M. Poilievre mardi. Le chef de l’opposition officielle s’est posé comme le défenseur des professionnels de la fonction publique, à qui le gouvernement imposerait ces « ovnis venus de l’espace » que sont les firmes de consultants.
Déboires en immigration
Le Bloc québécois, par la voix de son chef, Yves-François Blanchet, a aussi demandé au gouvernement de publier « l’entièreté des contrats, sans caviardage », qui portent le nom de cette multinationale. M. Blanchet a qualifié les résultats de l’association du gouvernement avec McKinsey de « pitoyables », après avoir énuméré de nombreux problèmes du système d’immigration canadien, comme les problèmes de traitement des demandes de visa connus durant la pandémie.
« McKinsey n’est pas responsable de la cible du gouvernement d’accepter 500 000 immigrants par an », a toutefois précisé le chef bloquiste. Il désigne le premier ministre comme le grand responsable d’accepter ou non les conseils qui lui sont donnés.
Le Nouveau Parti démocratique appuie lui aussi l’enquête proposée sur les contrats de McKinsey. « Les libéraux doivent s’expliquer », a écrit sur Twitter le député québécois Alexandre Boulerice en début d’année. « Cela fait partie d’une campagne soutenue visant à miner nos travailleuses et travailleurs de la fonction publique, et les libéraux devraient avoir honte d’eux-mêmes », a ajouté mardi son collègue député Matthew Green.
La motion qui sera déposée au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires devrait donc être adoptée sans problème. La ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Helena Jaczek, dit être prête à y collaborer.
« Nous continuons à maintenir les normes les plus élevées d’ouverture, de transparence et de responsabilité fiscales », a précisé son bureau par courriel. Au sujet des services fournis par McKinsey, on assure que « les conseils reçus aident le gouvernement à continuer d’obtenir des résultats pour les Canadiens ».