La police d’Ottawa aurait vite perdu la confiance du fédéral lors du convoi
![« Entre vous et moi seulement, le GoC [gouvernement du Canada] est en train de perdre ou a perdu confiance dans le SPO [Service de police d’Ottawa]… Nous devons aller vers des », a dit par texto le 5 février Thomas Carrique, de la Police provinciale de l’Ontario, à Brenda Lucki, de la GRC.](https://media1.ledevoir.com/images_galerie/nwd_1415939_1088547/image.jpg)
Le gouvernement Trudeau était en train de perdre confiance dans les capacités de la police d’Ottawa à gérer la crise du Convoi de la liberté après la première semaine de l’occupation, selon la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Dans un texto, Brenda Lucki a fait allusion à la Loi sur les mesures d’urgence dès le 5 février.
« S’ils vont jusqu’à la Loi sur les mesures d’urgence, vous et moi pourrions être appelés à diriger… Pas quelque chose que je souhaite », a écrit la commissaire Lucki dans un message texte le 5 février dernier.
Son message, dévoilé dans le cadre des audiences de la Commission sur l’état d’urgence, était adressé à son homologue de la Police provinciale de l’Ontario, Thomas Carrique. Ce dernier témoignait devant le juge Paul Rouleau jeudi.
« Entre vous et moi seulement, le GoC [gouvernement du Canada] est en train de perdre ou a perdu confiance dans le SPO [Service de police d’Ottawa]… Nous devons aller vers », a-t-il indiqué dans sa conversation avec Brenda Lucki, sous forme de confidence, le 5 février dernier.
Le grand patron de la police provinciale n’a pas voulu préciser à la commission si, lui, avait toujours confiance en la police d’Ottawa. « Je sentais qu’en apportant notre contribution, nous pourrions arriver avec un plan opérationnel. C’est ce qui s’est finalement produit », a-t-il répondu.
Camions loin du parlement
À l’arrivée dans la capitale fédérale des camions transportant les manifestants opposés aux mesures sanitaires, le commissaire Carrique était responsable de faire en sorte que le renseignement était adéquatement transmis aux chefs de police de sa province.
Or, il a indiqué aux avocats de la commission Rouleau qu’il avait compris que le plan opérationnel de la police d’Ottawa était d’empêcher les camions d’accéder à l’enceinte parlementaire. Il croyait que « [les manifestants] devaient plutôt prendre des autobus ou des navettes pour participer aux manifestations au centre-ville ».
Dans les faits, la police d’Ottawa a invité les camions à s’installer dans une « zone rouge » directement devant le parlement, une décision qui a été plus tard critiquée.
Le plan opérationnel, également rendu public à la commission Rouleau, reprenait des descriptions du convoi vraisemblablement inspirées d’une chronique du polémiste anglophone Rex Murphy selon lesquelles il s’agissait d’un événement spontané et populaire. Son auteur, le policier Russell Lucas, a d’ailleurs rassuré ses collègues lors d’une réunion, à la veille de l’arrivée des camions : « les principaux camionneurs organisateurs sont coopératifs et sont pour la plupart pro-police ».
Ensuite, la demande maintes fois répétée de la police d’Ottawa de renforts de 1800 policiers pour déloger le Convoi de la liberté a déplu au commissaire ontarien Thomas Carrique. « Ça a montré aux manifestants que la police était dépassée », a-t-il expliqué dans sa pré-entrevue.
Une lettre d’appui
La correspondance entre les commissaires Lucki et Carrique déposée devant la commission Rouleau évoque finalement une demande étonnante du ministre fédéral de la Protection civile, Bill Blair, concernant une lettre à signer.
« Est-ce que le ministre Blair t’a contacté pour une lettre d’appui à la [Loi sur les mesures d’urgence] ? » demande Brenda Lucki, de la GRC, à son homologue provincial, dans un texto.
M. Carrique lui répond n’avoir rien reçu, et demande s’il doit s’attendre à être contacté par le ministre. Les deux commissaires se sont ensuite parlé au téléphone, et la correspondance par messages n’indique pas quelle était la conclusion de la conversation. Questionné par Le Devoir, le bureau du ministre Blair a nié jeudi avoir fait toute demande de soutien auprès de ces deux hauts responsables policiers, jeudi.