Ottawa enverra des chèques pour les soins dentaires des enfants

Pour couvrir les soins dentaires, Ottawa enverra un chèque de 650 $ d’ici à la fin de l’année aux parents d’enfants de moins de 12 ans qui gagnent moins de 70 000 $ par année.
Ryan Remiorz Archives La Presse canadienne Pour couvrir les soins dentaires, Ottawa enverra un chèque de 650 $ d’ici à la fin de l’année aux parents d’enfants de moins de 12 ans qui gagnent moins de 70 000 $ par année.

Le gouvernement Trudeau s’assure du soutien du NPD pour au moins la prochaine année en créant trois programmes temporaires destinés à « lutter contre l’inflation », à coups de chèques dès cette année, dont celui pour les soins dentaires aux enfants.

Les parents d’enfants de moins de 12 ans gagnant moins de 70 000 $ par an pourront s’attendre à un chèque de 650 $ par enfant d’ici à la fin de l’année, a annoncé mardi Justin Trudeau, accompagné de pas moins de six de ses ministres.

Il s’agit de l’un des trois programmes mis en place dès l’automne et destinés à assurer le soutien du Nouveau Parti démocratique (NPD), conformément à l’entente entre les formations politiques conclue en mars. Il ne s’agit que d’une mesure temporaire, pour deux ans, dans l’attente d’un véritable projet de loi qui doit être déposé le premier au retour en Chambre, possiblement dès la semaine prochaine.

« Nous avons entendu clairement comment les gens en ont besoin », a affirmé en conférence de presse Justin Trudeau, qui estime que près de la moitié des familles au pays auront droit à au moins une de ces prestations.

Les parents d’enfants âgés de moins 12 ans en 2022 pourront faire la demande d’aide du nouveau programme dentaire auprès de l’Agence du revenu du Canada (ARC), à laquelle ils devront plus tard fournir la preuve d’un paiement effectué après le 1er octobre. Ceux qui gagnent jusqu’à 90 000 $ annuellement auront aussi droit à ce programme, mais pour des montants moindres. Il sera possible d’obtenir cette aide deux fois : cette année et l’année prochaine.

Le programme fédéral ne couvre toutefois que la facture des enfants qui ne peuvent bénéficier de la couverture d’un assureur privé de leurs parents ou dont la province ne paie pas déjà ces services. Au Québec, l’assurance maladie couvre déjà certains frais dentaires pour des enfants de moins de 10 ans, comme les examens annuels ou les plombages.

Un chèque pour le loyer

 

Le gouvernement enverra aussi un paiement unique de 500 $ à des Canadiens pauvres qui doivent payer un loyer hors de prix. Cette mesure figurait aussi dans l’entente avec le NPD. Seront admissibles ceux dont le revenu familial est de moins de 35 000 $, ou de moins de 20 000 $ pour une personne seule, et qui dépensent plus de 30 % de ce montant pour payer le loyer.

Finalement, le gouvernement enverra un ultime chèque d’au maximum 467 $ pour doubler le crédit d’impôt de TPS, dans le cas d’une famille de deux enfants. Les aînés, pour leur part, recevront en moyenne 225 $. Ce montant surprise était absent de l’entente de mars avec le NPD, mais avait été suggéré en mai par son chef, Jagmeet Singh. L’idée aurait plu aux libéraux, au point qu’ils ont décidé dans les dernières semaines de l’inclure dans l’annonce de mardi, selon une source proche du comité de négociation du NPD.

L’annonce devait initialement avoir lieu la semaine dernière, mais elle a été reportée à mardi à cause du décès de la reine Élisabeth II.

Il ne s’agit que d’une étape pour assurer la survie de l’entente NPD-PLC, qui vise à maintenir au pouvoir les libéraux de Justin Trudeau lors des votes importants en Chambre jusqu’en 2025. Les deux partis ne forment pas une coalition, puisque le NPD ne dispose d’aucun siège au Conseil des ministres et qu’il se permet de critiquer publiquement son partenaire.

La troisième opposition à Ottawa donne maintenant un an au gouvernement Trudeau pour mettre sur pied un programme fédéral permanent de soins dentaires pour les moins de 18 ans ainsi qu’un projet de loi créant une assurance médicaments publique fédérale.

Compétences du Québec

 

Le chef néodémocrate, Jagmeet Singh, s’est attribué le crédit de l’annonce de mardi. « Ce qu’on a forcé le gouvernement à faire, c’est à mettre en oeuvre un programme fédéral, en payant des factures pour des services. Ce n’est pas une ingérence dans les compétences [du Québec] », a-t-il affirmé.

Ce n’est pas l’avis du Bloc québécois, qui juge qu’Ottawa n’a « pas la compétence » pour mettre en place une assurance dentaire. « Si le gouvernement fédéral y tient, il n’a qu’une chose à faire : transférer l’argent à Québec, qui a compétence exclusive en santé et dont l’assurance maladie couvre déjà les soins dentaires pour les enfants de 0 à 10 ans », écrit le député bloquiste Gabriel Ste-Marie dans une déclaration.

Pour sa part, le nouveau chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, s’est félicité d’avoir mis le thème de l’inflation à l’ordre du jour, mais il a vertement critiqué la solution proposée par le gouvernement. « Trudeau propose encore plus de dépenses, d’ajouter des coûts un peu partout. Le plus qu’il dépense, le plus que les choses coûtent cher. C’est la Justin-flation », a-t-il répété dans un discours-fleuve, après lequel il n’a accepté de répondre qu’à deux questions des journalistes.

Justin Trudeau attribue plutôt l’inflation observée au pays à la pandémie de COVID-19 et à l’invasion russe de l’Ukraine. Il a nié catégoriquement que l’annonce de mardi ait quoi que ce soit à voir avec l’accession de M. Poilievre au poste de chef de l’opposition. La ministre des Finances, Chrystia Freeland, hochait vigoureusement la tête en entendant son chef dresser la liste d’autres mesures fédérales récentes, comme le programme national de garderies.

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