L’importation d’armes de poing interdite au Canada dans deux semaines

Les armes de poing à autorisation restreinte ne pourront plus être importées au Canada en attendant l’entrée en vigueur du projet de loi qui doit interdire leur vente au pays, a annoncé le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino.
« Il sera interdit pour tous les individus et les entreprises du Canada d’importer des armes de poing », a indiqué vendredi le ministre en banlieue de Toronto, au lendemain d’une annonce faite à Montréal sur le financement de la stratégie québécoise de lutte contre la violence liée aux armes à feu.
La mesure réglementaire s’appliquera dès le 19 août.
Étant donné que presque toutes les armes de ce type en circulation au pays sont importées, cela revient à instaurer le gel national des armes de poing plus tôt que prévu, a noté M. Mendicino, qui était accompagné de sa collègue des Affaires étrangères, Mélanie Joly.
« Il faut empêcher que les tablettes des commerçants qui vendent des armes de poing puissent vraiment se remplir au moment où on essaie de restreindre les armes à feu, les armes de poing, dans nos communautés », a expliqué la ministre Joly.
Le gouvernement libéral a déposé ce printemps le projet de loi C-21, qui prévoit un « gel national » du nombre d’armes de poing ; il en interdit notamment l’achat, la vente et l’importation sur le territoire canadien. Le texte législatif est actuellement à l’étude par le Parlement fédéral, qui est en pause pour l’été.
Le projet de loi a suscité son lot de critiques, certains jugeant qu’il ne vise pas suffisamment les criminels armés. À la suite de son annonce, plusieurs amateurs d’armes s’étaient également rués vers les marchands pour se procurer les pistolets visés par le gel.
Ces armes « n’ont qu’un seul but, tuer des gens », a souligné le ministre Mendicino. Il a remercié le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois pour leur appui au projet de loi C-21, tout en critiquant le Parti conservateur du Canada, qui, selon lui, met des bâtons dans les roues du processus parlementaire pour en ralentir l’adoption.
Le Bloc québécois a salué l’annonce de vendredi, mais déplore que cette interdiction d’importation n’ait pas été mise en place dès le dépôt du projet de loi, le 30 mai dernier, comme il le demandait. « Il faut continuer à s’attaquer […] aussi aux armes de poing qui sont déjà en circulation avec un programme de rachat », a d’ailleurs noté le député bloquiste Rhéal Fortin par courriel.
Le groupe de pression PolySeSouvient s’est également réjoui du fait que l’importation d’armes de poing sera interdite plus tôt que prévu. « Il s’agit d’une mesure importante et novatrice qui ralentira incontestablement l’expansion du marché canadien des armes de poing en attendant l’adoption du projet de loi C-21, cet automne, espérons-le », a écrit Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique de 1989, dans une déclaration.
Le fédéral a aussi annoncé jeudi le versement de 41,8 millions de dollars au gouvernement québécois pour le financement d’initiatives communautaires visant les jeunes les plus à risque de tomber dans la violence armée.