Ottawa suspend le dépistage aléatoire dans les aéroports

L’engorgement dans les aéroports canadiens suscite la colère au pays. Des images de files interminables à l’aéroport Pearson de Toronto et les témoignages de voyageurs ayant raté leur vol ont fait les manchettes.
Pour tenter d’aider à y remédier, le gouvernement a annoncé vendredi qu’il suspendait dès samedi et jusqu’au 30 juin les tests de dépistage aléatoire de la COVID-19, qui lui permettent de surveiller l’évolution des vagues de COVID-19 et l’émergence de nouveaux variants.
Le dépistage à l’arrivée demeurera toutefois obligatoire pour les voyageurs non vaccinés. À compter du 1er juillet, ces tests, tout comme les tests aléatoires qui reprendront, se feront hors site, à l’extérieur des aéroports.
Les députés conservateurs réclament en outre que pour alléger les douaniers dans les aéroports, Ottawa abandonne son application ArriveCAN, qui exige que les voyageurs de retour au Canada y inscrivent leur statut vaccinal et que les non-vaccinés y enregistrent leur résultat de test de dépistage ainsi qu’un plan de quarantaine si nécessaire.
Vaccination
Les appels à ce que le gouvernement de Justin Trudeau laisse tomber ses décrets de vaccination obligatoire se multiplient par ailleurs. Voilà que des élus libéraux ont joint leur voix à celles de l’opposition conservatrice, qui le réclame depuis des semaines. Et même la Santé publique fédérale a confirmé vendredi que la politique actuelle n’était plus à jour, comme elle n’exige que deux doses de vaccin, ce qui est devenu inefficace. Le gouvernement, lui, a annoncé la levée temporaire du dépistage aléatoire dans les aéroports, dans l’espoir d’alléger les problèmes de congestion qui entraînent d’importants retards pour les voyageurs.
« Deux doses ne sont pas suffisantes pour offrir une efficacité vaccinale contre l’infection [au variant] Omicron », a statué vendredi la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de l’Agence de la santé publique du Canada. « Parce que l’immunité faiblit avec le temps et surtout après six mois. Il faut donc une dose de rappel, ou une troisième dose pour renforcer à nouveau l’immunité », a-t-elle expliqué, alors que cette obligation vaccinale du fédéral est de plus en plus critiquée.
Ottawa exige deux doses de vaccin contre la COVID-19 aux gens qui veulent voyager en train ou en avion. Les Canadiens non vaccinés peuvent toujours revenir de l’étranger, conformément à la Constitution, mais doivent remplir certaines conditions de dépistage et de quarantaine. Les vols intérieurs leur sont interdits. Le fédéral exige également la double vaccination de ses fonctionnaires.
Or, après six mois, ces deux doses de vaccin, qui étaient au départ efficaces à un taux de 50 % à 80 % pour prévenir une infection et la transmission de la COVID-19, ne le sont plus qu’au mieux à environ 20 %, a affirmé la Dre Tam. La protection contre une forme grave de COVID-19 conférée par deux doses de vaccin diminue elle aussi grandement avec le temps. Les campagnes de vaccination massive des deux premières doses remontent au printemps et à l’été 2021 pour la population générale.
Une politique désuète
La Santé publique n’a cependant pas voulu se prononcer officiellement sur la pertinence de la politique vaccinale actuelle et celle, ou non, d’une prolongation au-delà du 30 juin 2022 — date jusqu’à laquelle elle a récemment été renouvelée.
Il s’agit d’une « décision politique qui tient compte de plusieurs facteurs », comme l’évolution de la pandémie dans le monde et la capacité hospitalière des provinces, et qui « revient maintenant aux décideurs politiques », s’est contentée de dire la Dre Tam.
« La difficulté, présentement, c’est que la définition fédérale du décret de vaccination […] n’est pas à jour », a-t-elle toutefois reconnu. « Et j’encourage tout le monde à adopter la définition, peu importe [sa] façon de voir cette politique [de vaccination], qui témoigne du besoin d’avoir la meilleure protection possible », a-t-elle ajouté.
Près de 82 % des Canadiens ont reçu deux doses de vaccin (ou 31,2 millions de personnes de cinq ans et plus), selon les données du fédéral. Ce chiffre tombe à 49 % pour trois doses (ou 18,6 millions de personnes).
Quant aux fonctionnaires fédéraux, 98,5 % d’entre eux ont attesté être doublement vaccinés (279 124 personnes). Et 0,9 %, soit 2598 personnes, ont demandé des mesures d’adaptation pour être exemptés.
Le journal parlementaire le Hill Times révélait jeudi, en citant quelques élus s’étant exprimés sous le couvert de l’anonymat, qu’une « écrasante majorité des députés libéraux » veulent que les décrets de vaccination ou de port obligatoire du masque soient abolis.
L’opposition conservatrice refait quotidiennement cette même demande aux Communes. « Quand est-ce que les libéraux vont enfin écouter les experts, les médecins au sein de leur propre caucus et mettre fin aux décrets ? » a de nouveau demandé l’élu albertain Michael Cooper vendredi.
« Bien que les cas de COVID-19 au Canada aient atteint un sommet, d’autres pays constatent une remontée, et nous devons demeurer vigilants », a rétorqué le secrétaire parlementaire du ministre de la Santé, Adam van Koeverden.