Trudeau se porte à la défense de l’indépendance de la Banque du Canada

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a qualifié de « manque de leadership » et de « désolant » le fait que le député conservateur et aspirant chef du parti Pierre Poilievre s’attaque à la Banque du Canada, et veuille montrer la porte à son gouverneur.
L’institution « est reconnue pour non seulement sa rigueur, son professionnalisme mais son indépendance des machinations politiques qui pourraient se passer dans un gouvernement », a fait valoir Justin Trudeau jeudi.
La défense en règle de la banque centrale par le premier ministre survient au lendemain du premier débat officiel de la course à la chefferie du Parti conservateur du Canada (PCC), lors duquel le candidat Pierre Poilievre a proposé de renvoyer le gouverneur Tiff Macklem.
M. Poilievre, considéré comme le meneur de la course, voudrait y voir un gouverneur qui pourrait « ramener le mandat de faible inflation » de la Banque. Parmi ses autres affirmations controversées sur ce thème, il avait notamment déjà accusé la banque centrale d’être « financièrement illettrée » et avait fait la promotion du bitcoin pour « redonner aux Canadiens le contrôle sur leur argent ».
Selon Justin Trudeau, la Banque du Canada représente au contraire « un pilier important de notre réussite et de notre profil économique à l’international ». La réputation du dollar canadien repose d’ailleurs sur le « fait que nous avons une banque centrale indépendante de la politique. »
« Le fait qu’il y ait un candidat à la chefferie du deuxième plus grand parti à la Chambre des communes du Canada qui ne comprend pas cela, ou qui choisit de ne pas comprendre cela, c’est désolant », a-t-il laissé tomber.
Il a plus tard qualifié la sortie de M. Poilievre de « manque de leadership responsable », et a ajouté que ce sont les membres du Parti conservateur qui auront à faire le choix de leur chef. La course à la chefferie conservatrice se terminera le 10 septembre.
En décembre dernier, la mission de la Banque du Canada a été ajustée afin de continuer à viser le maintien de l’inflation à long terme à 2 %, tout en surveillant l’emploi. Depuis, la Banque a augmenté deux fois son taux directeur dans l’objectif de s’attaquer à l’augmentation de l’inflation au pays. Le PCC critique régulièrement le gouvernement libéral pour les dépenses effectuées durant la pandémie, cause alléguée d’une part de cette inflation.