Chrétien ne se sent pas poussé à imiter Clark

Le premier ministre a salué le départ de Joe Clark, hier.
Photo: Agence Reuters Le premier ministre a salué le départ de Joe Clark, hier.

Ottawa — Le premier ministre Jean Chrétien a salué hier le départ de son adversaire de longue date, le chef conservateur Joe Clark, sans pour autant croire qu'il devrait faire la même chose.

M. Clark, âgé de 63 ans, a annoncé mardi qu'il se préparait à quitter la barre de son parti, dès que les conservateurs se seront choisi un nouveau leader, à moins que des élections générales ne soient déclenchées hâtivement. La leader du NPD, Alexa McDonough, âgée de 58 ans, a elle aussi annoncé, il y a quelques semaines, qu'elle passait le flambeau. Mais, même si ses deux collègues plus jeunes que lui ont annoncé leur départ, Jean Chrétien, qui est âgé de 68 ans, a affirmé qu'il ne se sentait pas poussé à faire la même chose.

«Non, parce qu'ils ne sont pas premiers ministres. Je suis premier ministre, la population du Canada ne m'a pas donné le mandat d'être dans l'opposition, elle m'a donné le mandat d'être le premier ministre du Canada», a-t-il expliqué hier, à sa sortie d'une réunion du conseil des ministres.

M. Chrétien a répété qu'il avait l'intention de décider dans la deuxième partie de son mandat s'il se présentait à la prochaine élection générale. En attendant, le départ annoncé de leur chef ne semble pas raviver l'intérêt des conservateurs pour une union de la droite avec l'Alliance canadienne. Et cette nouvelle n'a pas non plus incité d'éventuels successeurs à annoncer leurs couleurs.

Le député conservateur de Richmond-Arthabaska, André Bachand, rappelle à ce propos que bien des gens souhaitent être couronnés roi ou reine, mais encore faut-il avoir les qualités requises pour accéder au trône: avoir une vision, des idées, de solides appuis financiers et politiques.

Mais selon lui, la proposition faite mardi par le chef de l'Alliance canadienne, Stephen Harper — qui consiste à inciter les deux partis à s'unir et à tenir une course à la direction conjointe, l'an prochain —, ne risque pas d'avoir d'écho. «Sa proposition est ridicule», a lancé M. Bachand hier. Il se dit persuadé qu'une fusion des deux partis n'aura pas lieu. Selon lui, c'est trop peu, trop tard, et il ne croit pas que les conservateurs souhaitent encore cette fusion. Il mentionne au passage que M. Harper est absent de la sphère publique depuis l'ajournement de la Chambre des communes, en juin, et est d'avis que sa déclaration sent l'opportunisme.

Le président du Parti progressiste-conservateur, Bruck Easton, partage d'ailleurs son point de vue sur cette question. «Quand il aborde ce sujet, M. Harper manque de crédibilité, en ce sens que, durant la campagne au leadership, il a passé son temps à rejeter l'idée d'une fusion», a-t-il fait valoir. Il ajoute que les conservateurs ont déjà perdu trop de temps à bâtir une coalition ratée avec sept députés dissidents de l'Alliance canadienne, qui rejetaient le leadership de l'ancien chef, Stockwell Day. Ils sont finalement revenus au bercail après l'élection de M. Harper, le printemps dernier.

Deux autres députés conservateurs, Scott Brison et Elsie Wayne, ont eux aussi rejeté l'idée d'une fusion hier.

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