Assouplissements et fin de l’urgence sanitaire en vue au Québec
Québec a annoncé mardi un calendrier de déconfinement qui doit mener à une « vie plus normale » et à la fin de l’état d’urgence sanitaire au mois de mars.
Le plan en cinq dates constitue « un risque calculé » de l’avis du premier ministre, François Legault. « Je pense qu’on franchit une étape importante », s’est-il réjoui, en ajoutant qu’il faudra désormais « vivre avec le virus ».
Dès samedi, il n’y aura plus de limite légale pour les rassemblements dans les résidences privées. La recommandation de la Santé publique demeure néanmoins fixée à dix personnes ou à des invités de trois adresses différentes. La même journée, la limite de convives passera à dix par table dans les restaurants. Des personnes de trois adresses différentes pourront partager un repas.
Le 14 février, les matchs de sport deviendront autorisés, et 5000 personnes au maximum pourront assister à des spectacles extérieurs. Québec avait déjà annoncé que les adultes allaient pouvoir reprendre le sport organisé à cette date. Les salles d’entraînement et les spas rouvriront aussi leurs portes cette journée-là.
Une semaine plus tard, le 21 février,« tous les commerces pourront rouvrir à 100 % de leur capacité », a affirmé M. Legault. La limite de 500 spectateurs imposée aux salles de spectacle et amphithéâtres sera aussi levée, mais ces espaces devront continuer de fonctionner à la moitié de leur capacité.
Le 28 février, les compétitions sportives pourront reprendre. Le télétravail sera recommandé, mais plus obligatoire. Les lieux de culte et les salles de spectacle pourront aussi ouvrir au maximum de leur capacité, sauf le Centre Bell et le Centre Vidéotron. Les bars et casinos pourront aussi accueillir des clients, à 50 % de leur capacité. La danse et le karaoké demeureront interdits jusqu’au 14 mars.
Une vie « plus normale »
Au milieu du mois de mars, donc, « l’essentiel des mesures sanitaires va être levé » et « on va revenir à une vie plus normale », a souligné M. Legault.
Le moment sera tout indiqué pour déposer un projet de loi qui viendrait marquer la fin de l’état d’urgence sanitaire et « encadrer [le] besoin d’avoir des règles exceptionnelles ». Ces règles permettent l’octroi de primes aux infirmières et le recours aux masques ou au passeport vaccinal, a illustré le premier ministre. « Ce n’est pas notre objectif de continuer à garder indéfiniment l’urgence sanitaire », a-t-il assuré.
M. Legault a dit croire que l’approche, face à la COVID-19, doit « changer ». « Il va y avoir de moins en moins de confinement avec la vaccination. Il va falloir que les Québécois et les citoyens en général partout [dans le monde] apprennent à vivre avec le virus en minimisant leurs risques et en acceptant d’aller chercher les doses au fur et à mesure qu’elles sont nécessaires », a-t-il ajouté.
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La conférence de presse lors de laquelle le gouvernement a annoncé ces assouplissements:Il s’est, de son côté, engagé à travailler pour augmenter la capacité hospitalière. « Le gros frein, c’est de trouver des infirmières », a-t-il rappelé.
Aux côtés du premier ministre, le directeur national de santé publique par intérim, Luc Boileau, a averti la population qu’il était possible que le plan de déconfinement soit ralenti advenant un regain de la COVID-19. « On pourrait peut-être devancer certaines dates, peut-être en reculer certaines, a aussi dit M. Legault. Mais là, pour l’instant, le scénario le plus probable et qui est assez solide, c’est celui jusqu’au 14 mars. »
D’ici là, la Santé publique ne compte pas relâcher ses recommandations sur le port du masque, y compris dans les écoles. Le passeport vaccinal n’est pas près de disparaître, a aussi affirmé le ministre de la Santé, Christian Dubé.
Des « éclaircies » dans les prévisions
Le premier ministre Legault a refusé d’associer l’annonce d’un plan de déconfinement aux récentes protestations publiques contre les mesures sanitaires. « La manifestation comme telle n’a pas pesé. Ce qu’on voulait, c’est d’avoir une certaine assurance de la Santé publique et[du ministère]de la Santé que le risque était calculé, que le risque était minime », a expliqué M. Legault. « Ça aurait été facile, en janvier, pour nous autres, de dire : “On lâche tout ça lousse”, mais ça n’aurait pas été responsable », a-t-il aussi dit plus tard.
Le 27 janvier, le Dr Boileau décrivait une situation fragile dans le réseau de la santé et ajoutait qu’il entrevoyait une baisse modeste des hospitalisations dans les semaines à venir. Désormais, « nos calculs montrent qu’il y a un risque réel d’avoir une augmentation [des hospitalisations], mais qui ne nous inviterait pas à reculer sur les mesures qui sont là », a déclaré mardi l’expert en santé publique. « On a de meilleures éclaircies cette semaine », a-t-il aussi affirmé.
Les oppositions sceptiques
En réaction au point de presse du gouvernement, Québec solidaire a rappelé qu’il avait proposé en juin une loi transitoire pour mettre fin à l’état d’urgence sanitaire. « Moi, je pense que François Legault trouve ça pratique de pouvoir gouverner par décrets. Le problème, c’est que ça affaiblit notre démocratie. […] On peut lutter efficacement contre le virus, c’est possible, tout en sortant de l’état d’urgence sanitaire permanent », a lancé Gabriel Nadeau-Dubois.
Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, aurait souhaité que le calendrier de déconfinement serve également « à déconfiner la démocratie ». « On sera satisfait uniquement lorsque ce sera fait, a-t-il dit au sujet de la levée de l’état d’urgence sanitaire. On va s’assurer que le projet de loi ne sert pas à normaliser des mesures qui devaient être temporaires et exceptionnelles. »
Au Parti libéral, le député Monsef Derraji s’est dit inquiet de constater que « la population n’a aucune garantie de ne pas revenir en arrière ». « Ce gouvernement doit accepter de recourir à des pratiques qui ont fait leurs preuves et démontré leur utilité, telles que le suivi des eaux usées et bien d’autres encore », a-t-il ajouté, en reprochant à Québec de « naviguer à l’aveugle ».