Déficit de 75 000 immigrants francophones hors du Québec

Le commissaire Raymond Théberge estime que le gouvernement fédéral est en voie de rater de nouveau son objectif d’augmenter, ou au moins de maintenir, le poids démographique des francophones à l’extérieur du Québec.
Photo: Sean Kilpatrick Archives La Presse canadienne Le commissaire Raymond Théberge estime que le gouvernement fédéral est en voie de rater de nouveau son objectif d’augmenter, ou au moins de maintenir, le poids démographique des francophones à l’extérieur du Québec.

Le Canada aurait dû admettre au moins 75 839 immigrants francophones de plus hors du Québec depuis 2008, soit environ l’équivalent de la population de la ville de Saint-Jérôme, pour maintenir le poids démographique du français dans les provinces à majorité anglophone, calcule le commissaire aux langues officielles.

Dans son rapport déposé mardi, le commissaire Raymond Théberge estime que le gouvernement fédéral est en voie de rater de nouveau son objectif d’augmenter, ou au moins de maintenir, le poids démographique des francophones à l’extérieur du Québec à 4,4 %. Cette cible avait d’abord été fixée pour 2008, puis reportée à 2023.

49 853 immigrants francophones ont été admis hors du Québec entre 2008 et 2020, un nombre bien en deçà des ​125 692 requis pour maintenir la francophonie hors Québec à 4,4 % de la population.

« Si la cible avait été atteinte depuis 2008, elle aurait pu contribuer à réduire le déclin du poids démographique de cette population entre les recensements de 2001 et de 2016 », note le rapport.

Déclin

 

À l’extérieur du Québec, la population francophone du pays, définie selon la langue maternelle et la première langue officielle parlée, est en déclin. Elle représentait 4,4 % de la population en 2001 et 3,8 % en 2016.

Le nouveau ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a promis la semaine dernière de s’assurer que les préjugés inconscients de ses fonctionnaires ne font pas en sorte de discriminer les Africains francophones souhaitant venir étudier au pays. Du même souffle, il a promis de travailler à atteindre la cible de nouveaux arrivants francophones au Canada, tant au Québec que dans les autres provinces.

Selon les données compilées par Le Devoir, les taux de refus des étudiants originaires de l’Afrique ne cessent de grimper, alors que le nombre d’étudiants étrangers anglophones augmente au Québec.

« On est en train de causer des torts irréparables à la francophonie », indique le titre du communiqué de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, qui a rapidement réagi au rapport du commissaire aux langues officielles.

Selon sa présidente, Liane Roy, les communautés francophones hors Québec « ont fait tout ce qu’elles ont pu pour développer l’immigration francophone de A à Z, et elles l’ont fait avec très peu d’appui du gouvernement fédéral sur les plans de la promotion à l’étranger et du recrutement ». 

Elle note que, depuis plusieurs années, le taux de francophones parmi les immigrants qui s’installent hors du Québec stagne à 2 %, avec un creux historique de 1,5 % enregistré en 2015.

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