Le ministre Fraser promet de s’attaquer au racisme systémique à l’Immigration

Nommé le mois dernier ministre de l’Immigration par Justin Trudeau, Sean Fraser réagissait aux révélations du «Devoir» selon lesquelles les taux de refus des étudiants originaires de l’Afrique ne cessent de grimper, alors que le nombre d’étudiants étrangers anglophones augmente au Québec.
Photo: Justin Tang La Presse canadienne Nommé le mois dernier ministre de l’Immigration par Justin Trudeau, Sean Fraser réagissait aux révélations du «Devoir» selon lesquelles les taux de refus des étudiants originaires de l’Afrique ne cessent de grimper, alors que le nombre d’étudiants étrangers anglophones augmente au Québec.

Le nouveau ministre de l’Immigration du Canada, Sean Fraser, promet de vérifier « personnellement » que les préjugés inconscients des fonctionnaires de son propre ministère ne font pas en sorte de discriminer les Africains francophones souhaitant venir étudier au pays.

« Cela n’est pas un secret qu’au cours de notre histoire les biais inconscients et le racisme systémique ont été une partie honteuse de l’histoire du Canada touchant différents aspects des opérations du gouvernement. Nous voulons nous assurer que […] ce genre de biais inconscient ne crée pas de discrimination envers les gens qui viennent de différentes parties du monde », a expliqué le ministre Sean Fraser à l’entrée d’une réunion du caucus libéral mercredi.

Nommé le mois dernier à la tête du ministère de l’Immigration par Justin Trudeau, le ministre originaire de la Nouvelle-Écosse réagissait aux révélations du Devoir selon lesquelles les taux de refus des étudiants originaires de l’Afrique ne cessent de grimper, alors que le nombre d’étudiants étrangers anglophones augmente au Québec. Le ministère refuserait certains dossiers « impeccables » de candidats répondant à tous les critères.

Ces décisions sont prises par les fonctionnaires d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Ce ministère échoue toujours à atteindre les cibles fixées pour l’accueil d’immigrants francophones au Québec et hors Québec, a rappelé M. Fraser, malgré la pénurie de main-d’œuvre que connaît le pays.

« Je crois que c’est en fait une occasion pour le Canada d’examiner [les dossiers] d’étudiants internationaux qui arrivent de pays francophones de l’Afrique de l’Ouest pour potentiellement faire augmenter la proportion des nouveaux arrivants francophones », a ajouté le ministre, en anglais, après s’être excusé de ne pouvoir répondre aux questions dans la langue de Molière malgré ses cours de français.

Le ministre a ajouté que les étudiants internationaux représentent « l’un des groupes ayant le plus de succès dans leur intégration » à la société canadienne, notamment grâce à leur niveau d’éducation et à leur maîtrise de l’une des langues officielles du pays.

Sean Fraser ne croit toutefois pas que l’exclusion d’un nombre croissant d’étudiants africains représente « une décision [consciente] de favoriser activement un pays plutôt qu’un autre » et il soutient qu’une grande majorité des fonctionnaires ont les meilleures intentions. « Mais je suis certain que, d’une perspective de l’expérience de l’usager [immigrant], il y a des personnes qui se sentent victimes de discrimination », a-t-il admis. 

Un rapport fédéral rendu public le mois dernier révélait pourtant que son ministère, IRCC, est confronté à des problèmes de racisme. Des fonctionnaires utiliseraient des clichés ouvertement racistes dans leurs conversations et des préjugés guideraient les embauches et les promotions. Le problème toucherait même la prestation des programmes auprès de la clientèle.

Dans un courriel au Devoir, l’attaché de presse du ministre Fraser, Alexander Cohen, a réitéré « l’engagement sans faille d’IRCC envers un système d’immigration équitable et non discriminatoire ». Le ministère a mis en place une panoplie de mesures pour lutter contre les préjugés inconscients, dit-il, comme une formation obligatoire sur les préjugés inconscients et la création d’un réseau d’employés noirs.

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