Les longues files d’attente empêchent des électeurs de voter dans Laurier–Sainte-Marie

Des citoyens rencontrés par «Le Devoir» n’ont pas pu voter, ou ont décidé de partir sans voter.

Les longues files d’attente ont empêché des électeurs d’exercer leur droit de vote en soirée dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, à Montréal. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) est également intervenu à un bureau de scrutin parce que des électeurs ne voulaient pas quitter les lieux avant d’avoir voté.

À un bureau de scrutin où Le Devoir s’est présenté dans la circonscription de Laurier– Sainte-Marie, le temps d’attente était estimé à quelques heures. Trente minutes avant la fermeture des bureaux de vote, une longue file de plusieurs centaines de personnes s’étirait dans les rues adjacentes. Quelques minutes avant 21 h 30, des employés du bureau de vote passaient en lançant aux gens qui tentaient de s’y joindre de se dépêcher s’ils voulaient exercer leur droit de vote. « Si vous n’êtes pas dans la file à 21 h 30, vous ne pourrez pas voter », a lancé un officiel.

Des personnes qui cherchaient la fin de la longue file et qui sont arrivées à 21 h 32 se sont fait refuser de voter. « Je suis désolé, c’est le règlement, après 21 h 30 ça ne passe plus », a dit un employé à la fin de la file à plusieurs personnes visiblement mécontentes. Arthur Rainville, 20 ans, et ses deux amis n’ont pas pu voter. « Ça ne devrait pas être comme ça dans une démocratie », lance-t-il.

Photo: Anne-Marie Provost Le Devoir Des électeurs arrivés un peu après 21h30 avaient décidé de rester malgré tout, en insistant pour voter et en s’expliquant mal les règles.

Elizabeth Slanke, elle, a carrément pris la décision de quitter les lieux vers 21 h 45 à cause de l’attente. Elle était accompagnée de son garçon de trois ans. « Je ne vais pas rester jusqu’à 23 h pour voter avec mon fils de trois ans », a-t-elle lancé, en colère contre Justin Trudeau pour avoir déclenché des élections. « Je me sens comme une citoyenne de seconde zone. Je n’ai pas le droit d’exercer ma liberté et d’exprimer ma pensée sur l’avenir de ce pays. »

Alexandra Young, 44 ans, qui patientait sur le trottoir, n’a jamais vécu une attente aussi longue avant d’aller voter. Comme presque tout le monde avec qui nous avons parlé, elle s’explique mal la situation. Mais elle attend malgré tout. « Mon fils vient d’avoir 18 ans et je suis allée voter avec lui à Gatineau. Je lui expliquais comment nous sommes chanceux de pouvoir voter dans un pays sans avoir peur pour notre vie. »

Pierre Tardif, 63 ans, était passé plus tôt dans la journée, mais la queue était trop longue. Il est revenu vers 21 h. « C’est pire que tantôt », dit-il. Il a pensé partir, mais sa conjointe l’a incité à attendre. Il fait des sudokus sur une tablette. « Puis après, j’ai les mots croisés », dit-il.

Johanne Bérard, une superviseure qui travaille pour les élections depuis plusieurs années, a expliqué au Devoir que ce n’est pas un cas unique. « C’est pire au bureau de vote sur Henri-Julien », lance-t-elle. Selon elle, l’attente est causée par le nombre plus élevé de pôles de vote à ce bureau de scrutin, qui se chiffrent à une quinzaine. « Je pense que les endroits où il y avait 12 pôles et moins dans les bureaux de vote, ça a été plus rapide », dit-elle.

Le fait de devoir tenir un registre à l’entrée à cause de la pandémie a ralenti les choses. Le manque d’employés n’a également pas aidé, et l’équipe était plus inexpérimentée. « Ils ont fait un bon travail dans les circonstances », dit-elle. Lorsque Le Devoir a quitté les lieux vers 22 h, la file avançait beaucoup plus vite, parce qu’elle avait « réorganisé les choses » avec l’équipe.

La police intervient

 

Quelques kilomètres plus loin, au bâtiment des Fusiliers du Mont-Royal, certains attendaient depuis quelques heures. Les choses se sont corsées quand un superviseur a pris la décision d’appeler le SPVM. Des électeurs arrivés un peu après 21 h 30 avaient décidé de rester malgré tout, en insistant pour voter et en s’expliquant mal les règles. Le ton est resté calme avec les policiers et ils sont partis sans avoir pu exercer leur droit de vote.

« Je suis venu cinq fois aujourd’hui, mais la file était trop longue », explique Bouchali Abdelmadjid. « J’ai appelé Élections Canada et ils m’ont dit qu’ils n’allaient pas fermer tant qu’il y aurait des gens dehors qui attendent », dit-il. Avec cette information, il s’est présenté un peu après 21 h 30, croyant que c’était permis.

Selon une policière avec qui Le Devoir a discuté, ce n’était pas leur première visite à un bureau de vote.

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