La campagne de Justin Trudeau: un scrutin maudit

Dimanche 15 août. En matinée, le premier ministre, Justin Trudeau, dit au revoir à ses enfants. L’après-midi même, il part en campagne électorale pour 36 jours, soit la plus courte période prévue par la loi. Une élection est nécessaire pour choisir comment mettre fin à la crise et assurer une reprise postpandémique, dit-il devant Rideau Hall pour justifier une élection estivale en pleine quatrième vague de COVID-19. « Vous avez votre mot à dire. »
L’explication n’a pas collé, et Justin Trudeau a été appelé à expliquer ce choix tout au long de la campagne. Il n’a jamais reconnu que son objectif était d’obtenir une majorité perdue en 2019 ; il s’est contenté de demander un « mandat fort » pour guider le pays.
À 10 000 kilomètres du Canada, la prise de l’Afghanistan par les talibans a fait irruption dans la campagne du premier ministre. Ses adversaires politiques l’ont accusé de s’être traîné les pieds et d’avoir fourni trop peu d’aide aux collaborateurs du Canada dans ce pays. Justin Trudeau a promis de doubler le nombre de réfugiés afghans admis au pays, à 40 000.
Même s’il est premier ministre depuis 2015, Justin Trudeau a surtout fait campagne sur son bilan des 18 derniers mois, en particulier sur sa gestion de la pandémie et sur ses récents projets, comme le programme pancanadien de garderies inclus dans le budget de 2021. Quelques jours avant la campagne, il a annoncé la vaccination obligatoire des fonctionnaires fédéraux. Ceux qui la refusent ne savent toujours pas exactement à quelles conséquences ils feront face si le gouvernement Trudeau est réélu.
L’offensive libérale s’est précisée en cours de campagne : les conservateurs sont l’ennemi à battre. Tant dans les publicités du parti que dans les discours du chef en campagne, l’adversaire Erin O’Toole est présenté comme une menace au droit à l’avortement ou au contrôle plus strict des armes à feu, comme un risque de privatisation du système de santé. Justin Trudeau a attaqué son adversaire conservateur sur son refus d’exiger que ses propres candidats soient vaccinés. Il a doublé la mise, promettant une loi qui protégerait des poursuites les entreprises qui exigent le vaccin.
En grande pompe, le chef libéral a présenté sa plateforme après tout le monde, sauf le Parti vert. Il est toutefois le seul à l’avoir chiffrée sur-le-champ. Il ne craint pas les déficits futurs : 78 milliards de dollars en nouvelles dépenses sur cinq ans, en plus de la centaine de milliards prévue pour la relance dans le budget, et 25 milliards de dollars de nouveaux revenus.
D’autre part, Justin Trudeau a multiplié les déclarations d’attachement au Québec, réclamant même des excuses à l’animatrice du débat en anglais pour une question jugée insultante pour les Québécois. Se décrivant comme un « fier Québécois », il promet un gouvernement « progressiste, à notre image, avec nos valeurs ».
On savait que le chef libéral attirait les foules et les demandes d’égoportraits. Il est apparu clairement qu’il attire aussi ses détracteurs, bruyants et parfois agressifs, surtout dans le sud de l’Ontario. La sécurité a été renforcée autour de la caravane, ce qui n’a pas empêché quelqu’un de lui lancer du gravier. À ces manifestants tentés de prendre ensuite pour cible un établissement de santé, il promet désormais un procès criminel.
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