La campagne d’Erin O’Toole: au centre toute?

Le candidat du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole
Illustration: Sébastien Thibault Le candidat du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole

À la tête de l’opposition officielle depuis à peine un an, Erin O’Toole a été plongé dans une campagne électorale dont il ne voulait pas. Pour le chef du Parti conservateur du Canada, la campagne électorale a consisté à faire la démonstration qu’il avait « un plan » pour diriger le pays. Aux insatisfaits du gouvernement libéral, il a dit être le seul qui peut remplacer Justin Trudeau.

Sur sa page couverture, ledit plan est illustré de son image, les bras croisés, avec sur le dos un t-shirt moulant ses biceps d’ancien militaire. À l’intérieur : des promesses pour l’emploi, le logement, l’accès à la propriété ; mais aussi des promesses sociales et environnementales. Il s’est défini beaucoup plus au centre, disant ne pas représenter le Parti conservateur « de [nos] grands-parents ». M. O’Toole a plusieurs fois amalgamé ses adversaires : le choix des électeurs est entre lui et des partis tous similaires aux libéraux.

Déjà, dès le premier jour de la campagne électorale, il était clair que la vaccination de ses propres candidats deviendrait un enjeu. Tous les autres partis ont assuré que tous leurs candidats étaient adéquatement vaccinés contre la COVID-19 lorsque possible. Erin O’Toole n’a jamais pu éviter ce sujet ; il a par exemple dû préciser qu’un ministre de la Santé conservateur devrait être vacciné.

La question des armes à feu s’est invitée dans la campagne électorale après le Face-à-face diffusé à TVA, où son appui à l’interdiction des armes d’assaut a été mis en doute par Justin Trudeau. La déclaration n’a pas inquiété les propriétaires d’armes, qui étaient convaincus que le chef conservateur parlait d’armes interdites depuis 1977. La polémique qui s’est ensuivie a forcé les conservateurs à préciser dans leur plateforme que les armes bannies par les libéraux demeureraient interdites. Pour combien de temps ? Le chef n’a jamais voulu le préciser, promettant seulement un système apolitique de classification. Il ne s’est pas engagé non plus à interdire à ses députés de déposer des projets de loi restreignant l’avortement, se contentant de dire que son gouvernement, lui, ne le ferait pas.

L’entente de 6 milliards conclue entre Ottawa et Québec sur les garderies signée par les libéraux serait-elle honorée par un gouvernement O’Toole ? Il semble que non, même si le chef refuse de le reconnaître directement. Tout au plus, une dizaine de milliards seraient consacrés aux ententes avec les 10 provinces, selon le plan conservateur. Erin O’Toole promet de rencontrer François Legault en début de mandat pour renégocier cette entente.

Le premier ministre du Québec a donné son appui tacite au chef conservateur. Ç’a été l’occasion pour M. O’Toole de se présenter en grand défenseur des compétences provinciales et de répéter qu’il a « un contrat avec le Québec ». Un contrat qui inclut le financement d’un troisième lien entre Québec et Lévis, rappellent ses candidats de la capitale québécoise.

Alors qu’il chauffe le premier ministre sortant dans les sondages, Erin O’Toole a utilisé la carte de l’éthiquepour attaquer le Parti libéral, qu’il qualifie de « corrompu ». Il est accusé par ses adversaires de tenir un double discours dans ses promesses, entre ce qu’il dit à ses partisans et ce qu’il affiche en public. Du point de vue de l’ex-premier ministre Brian Mulroney, qui s’est exprimé en toute fin de campagne, un gouvernement O’Toole apporterait au pays « de difficiles et profonds changements structurels ».

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