À trois jours du scrutin, l’ultime appel à la stratégie

Le chef libéral, Justin Trudeau, exhorte les électeurs « progressistes » à voter stratégiquement pour son parti, mais peste contre l’idée d’une tactique semblable du côté conservateur, qui pourrait rassembler le vote des électeurs du Parti populaire du Canada.
« M. O’Toole est en train de dire aux gens antivax, aux gens qui nient l’existence des changements climatiques, à des gens qui sont contre le droit d’une femme de choisir, qu’il y a de la place pour eux dans son parti », a lancé le chef libéral vendredi à Windsor, dans le sud de l’Ontario, où il a été accueilli par les insultes de manifestants.
En ce qui le concerne, toutefois, il n’a pas hésité à inviter les électeurs motivés à barrer la route aux conservateurs à voter pour lui. Aux progressistes qui considèrent appuyer le Nouveau Parti démocratique (NPD), le Bloc québécois ou le Parti vert, Justin Trudeau a demandé « de prendre cinq minutes » et d’évaluer sa plateforme. Il a ajouté que le Bloc québécois n’était pas en mesure d’empêcher un gouvernement conservateur d’agir comme l’ex-premier ministre Stephen Harper.
À moins de trois jours du vote, le chef libéral n’était pas le seul à recommander une dose de tactique dans l’isoloir afin de parer à son principal adversaire. Erin O’Toole a invité les électeurs à punir Justin Trudeau pour avoir déclenché une campagne électorale « à 600 millions de dollars » en pleine pandémie, en votant pour lui. Du même souffle, il a démenti toute tentative de courtiser les électeurs sceptiques sur la vaccination.
« Trois petits partis »
Erin O’Toole n’a pas mentionné le nom de Maxime Bernier ni même reconnu l’existence de son parti, vendredi, le jour où le journal à la ligne éditoriale conservatrice Toronto Sun a invité les électeurs du Parti populaire du Canada (PPC) à voter stratégiquement pour lui. Selon M. O’Toole, « il existe cinq partis fédéraux ». Le compte semble exclure le PPC, arrivé sixième lors des dernières élections générales. « Il y a trois petits partis dans cette course », a-t-il plus tard répété, sans en dresser la liste.
Dans un courriel adressé au Devoir, le porte-parole du PPC, Martin Masse, a précisé que cette vision était basée sur « la fausse prémisse de la “division du vote” et [visait] à décourager les partisans conservateurs qui sont attirés par notre programme. Le Parti conservateur n’est plus conservateur. »
Selon le professeur de science politique à l’Université Laval Marc André Bodet, un nombre important de citoyens prend en considération une forme de tactique électorale au moment de voter, soit environ 30 % de l’électorat. Environ le tiers d’entre eux, soit 10 % des électeurs, choisissent effectivement d’appuyer un candidat qui n’est pas leur favori.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a fait valoir vendredi que la pertinence de son parti est d’éviter que l’un ou l’autre des partis de gouvernement ne réussisse à obtenir une majorité. « La vocation, la vertu et la force du Bloc est d’empêcher n’importe qui qui va former un gouvernement de faire n’importe quoi sur le dos du Québec. […] La meilleure garantie qu’on puisse donner, n’en déplaise à M. Trudeau, c’est de donner la balance du pouvoir au Bloc québécois. »
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a répété que « M. Trudeau et M. O’Toole ne sont pas de votre bord ». Le seul sondage qui compte, dit-il, est l’élection de lundi.
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