«Ne votez pas conservateur», disent des familles des victimes de la fusillade à Dawson

Le tueur de la fusillade au collège Dawson possédait légalement un Beretta CX4 Storm, qu’il était muni d’un chargeur de dix balles et d’une arme de poing, également légale.
Photo: Jonathan Hayward La Presse canadienne Le tueur de la fusillade au collège Dawson possédait légalement un Beretta CX4 Storm, qu’il était muni d’un chargeur de dix balles et d’une arme de poing, également légale.

Au 15e anniversaire de la fusillade qui a fait un mort au collège Dawson, à Montréal, des familles des victimes implorent les Canadiens de ne pas voter pour les conservateurs d’Erin O’Toole.

Cette élection fédérale, écrivent-ils dans un communiqué, « sera décisive » en matière de contrôle des armes à feu au Canada.

« Nous avons besoin que vous ne votiez pas conservateur. Nous avons besoin que vous votiez libéral, ou si vous habitez au Québec, que vous votiez pour les libéraux ou le Bloc québécois », implore Kathlene Dixon, qui a été témoin de la fusillade et dont la fille Meaghan a été atteinte par deux balles et a survécu à l’attaque.

 

Les familles ont rappelé que le tueur possédait légalement un Beretta CX4 Storm doté d’un chargeur de 10 balles. Il avait aussi en sa possession une arme de poing, également légale. Il a tiré sur 20 personnes, tuant Anastasia De Sousa, 18 ans.

Dans une entrevue sur les ondes de la télévision de CBC que des usagers de Twitter relayaient et commentaient lundi, le chef conservateur Erin O’Toole a donné de l’eau au moulin de ce groupe. « Même dans la situation de Dawson, je crois, c’était une arme obtenue illégalement », a faussement affirmé M. O’Toole à la journaliste qui lui demandait de quelle façon l’interdiction du Beretta CX4 est politique.

C’est que, sur les armes à feu, l’argument du chef conservateur est qu’il faut revoir la classification des armes pour qu’elle ne soit plus « politique ».

Le Beretta CX4, tout comme l’arme utilisée dans la tuerie de Polytechnique en 1989 et près de 1500 autres ont été bannies par le gouvernement libéral en 2020. Leur achat, leur vente et leur utilisation sont dorénavant illégaux. Les libéraux promettent, s’ils sont réélus, d’obliger leurs propriétaires à les revendre au gouvernement ou à les rendre inopérants.

Les conservateurs, quant à eux, promettent toujours dans leur plateforme de bannir le décret de 2020 du gouvernement libéral même s’ils ont ajouté, dans une note de bas de page, que « toutes les armes à feu actuellement interdites le resteront ». M. O’Toole n’a jamais précisé jusqu’à quand cette interdiction demeurerait en place ni expliqué l’apparente contradiction qu’on lit maintenant dans sa plateforme. Il a toutefois répété, à plusieurs reprises, qu’il y aurait révision de la classification des armes à feu, s’il prend le pouvoir.

L’arme de poing utilisée au Collège Dawson est toujours légale.

Les maires des grandes villes québécoises ont réclamé la semaine dernière que le gouvernement fédéral interdise ces armes, alors que les fusillades se multiplient dans leurs rues.

 

Le chef libéral Justin Trudeau, après avoir tenté de pelleter la gestion des armes de poing dans la cour des villes, promet maintenant de donner ce pouvoir aux provinces s’il est réélu.

Les familles et les victimes du collège Dawson maintiennent qu’il vaut mieux voter libéral que conservateur, le 20 septembre. « Un vote pour le Parti conservateur est un vote pour le lobby des armes à feu, estime Hayder Kadhim, qui a survécu à une grave blessure à la tête. Tout ce que ce parti a fait depuis la fusillade dans mon école a été à la demande du lobby des armes à feu. En fait, Erin O’Toole leur doit son ascension à la direction du parti. Si les conservateurs sont élus, ce sera le moment de retourner l’ascenseur. »

L’association étudiante du collège Dawson endosse la demande des familles. « Dans le contexte actuel, il s’agit de l’élection la plus importante pour l’avenir du contrôle des armes à feu au Canada », a affirmé sa porte-parole Arwen Low.

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