Des maires pressent les chefs fédéraux d’agir au sujet des armes à feu

Étaient réunis au Vieux-Port de Montréal mardi matin: la mairesse de Montréal, Valérie Plante, son homologue de Québec, Régis Labeaume, ainsi que le maire de Laval, Marc Demers, celui de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin et la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Étaient réunis au Vieux-Port de Montréal mardi matin: la mairesse de Montréal, Valérie Plante, son homologue de Québec, Régis Labeaume, ainsi que le maire de Laval, Marc Demers, celui de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin et la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent.

Le Canada ne doit pas devenir un Far West où la possession d’armes à feu est banalisée, estiment les maires de cinq grandes villes québécoises, qui réclament des partis fédéraux qu’ils fassent preuve de « courage » et qu’ils s’engagent à interdire les armes d’assaut et de poing à l’échelle du pays.

Réunis au Vieux-Port de Montréal mardi matin, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, son homologue de Québec, Régis Labeaume, ainsi que le maire de Laval, Marc Demers, celui de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, et la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, ont demandé aux chefs de partis fédéraux de prendre des engagements fermes sur cette question en raison de l’augmentation des événements impliquant des armes à feu au cours des derniers mois.

Valérie Plante a accusé le chef conservateur Erin O’Toole d’être « vraiment déconnecté du terrain » et d’entretenir un flou concernant ses véritables intentions concernant les armes d’assaut. Les libéraux de Justin Trudeau et les néodémocrates de Jagmeet Singh évoquent la possibilité de confier aux villes ou aux provinces le contrôle des armes de poing, ce qui n’est pas adéquat pour contrer le trafic d’armes interprovincial, selon elle. Quant au chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, il se cache derrière un « faux dilemme », celui du droit des chasseurs à l’accès aux armes, soutient Mme Plante.

« Si chaque fois que les policiers retirent une arme, il y en a dix qui rentrent, c’est comme un coup d’épée dans l’eau. On n’en viendra pas à bout », a expliqué la mairesse Plante.

Les cinq maires craignent que le Canada devienne une société à l’américaine, « où l’utilisation des armes à feu devient banale, et les drames, quotidiens ».

« Je ne crois pas qu’une arme de poing serve à chasser l’orignal ou qu’une arme d’assaut serve à chasser la perdrix. Donc, il n’y a aucune raison d’accepter la possession de ces armes, à part pour les forces de l’ordre », a avancé Régis Labeaume.

Les chefs fédéraux n’ont aucune véritable volonté de prendre des engagements clairs compte tenu de la réticence de plusieurs provinces à ce sujet, reconnaissent les maires. « Ils [les chefs de partis fédéraux] doivent faire preuve de courage, prendre une décision et ne pas patiner. […] C’est un test de courage », a commenté Maxime Pedneaud-Jobin.

Réactions

 

Questionné sur les demandes des maires, Justin Trudeau a soutenu qu’après avoir banni les armes d’assaut de type militaire, son gouvernement était prêt à aider les municipalités qui veulent interdire les armes de poing. « Et on a clairement entendu l’Assemblée nationale, et d’autres, nous dire qu’ils voulaient les bannir à l’échelle de la province. On a mis un milliard de dollars pour les provinces, dont le Québec, qui veulent interdire carrément les armes de poing. »

De son côté, Erin O’Toole a soutenu qu’il était dans son intention de maintenir les restrictions en place concernant les armes et qu’il établirait un « processus transparent » concernant un système de classification. « Je vais travailler en étroite collaboration avec la mairesse, toutes les municipalités et les provinces contre les gangs de rue et la contrebande », a-t-il indiqué.

Jagmeet Singh s’est dit en faveur du rachat obligatoire des armes d’assaut. « M. Trudeau a promis de le faire, mais il ne l’a pas fait », a-t-il signalé. Les néodémocrates entendent aussi consentir davantage de ressources aux frontières pour contrer le transport illégal d’armes.

Pour sa part, Yves-François Blanchet a rappelé la demande de l’Assemblée nationale de confier à l’État québécois le pouvoir d’interdire les armes de poing. « L’intention est de rendre aux gens, en particulier de Montréal ces jours-ci, […] un sentiment de sécurité. Confions cette tâche à ceux qui veulent et peuvent mieux la réaliser. »

Avec Boris Proulx



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