Blanchet semble regretter s’être prononcé sur le troisième lien à Québec

Yves-François Blanchet semble regretter d’avoir partagé publiquement son opinion personnelle sur le troisième lien à Québec.
« Mettons que, momentanément, je suis redevenu un ex », a-t-il dit mercredi, en faisant référence à son passé d’analyste politique sur les ondes de Radio-Canada.
La veille, en point de presse, il s’était pour la toute première fois montré en faveur du projet de 10 milliards $, qui consiste à forer un tunnel sous le fleuve Saint-Laurent pour relier Lévis et Québec.
Le gouvernement du Québec demande à Ottawa d’éponger 40 % de la facture.
M. Blanchet a expliqué qu’il était « sensible » aux arguments des gens de la Rive-Sud qui veulent se rendre plus rapidement au centre-ville de Québec. En plus, le projet a un potentiel « écologique », a-t-il dit.
Appelé à élaborer, il n’avait plus répondu aux questions.
Avec le Château Frontenac comme décor, mercredi matin, il lui était impossible d’éviter encore les questions sur le sujet.
Il a suggéré que le troisième lien serait vert, dans la mesure où les voitures qui l’emprunteront n’auront pas à faire un long détour pour aller au centre-ville, et donc, émettront moins de GES.
Mais « ne confondons pas la position du Bloc et la sollicitation intensive que j’ai eue pour donner quelque chose d’une analyse un peu plus personnelle », s’est-il empressé d’ajouter.
En début de campagne, M. Blanchet avait dit vouloir rester « neutre », la position du Bloc étant que le Québec « va arriver avec des projets et que le fédéral n’a pas à intervenir ».
Positions divergentes sur le 3e lien
L’enjeu du troisième lien s’est malgré tout imposé au Jour 11 de la campagne électorale, alors que le chef bloquiste arpentait les rues de la capitale nationale pour la deuxième journée d’affilée.
Le Bloc espère faire des gains dans la grande région de Québec, et ravir des sièges aux conservateurs, qui eux, martèlent depuis le début qu’ils sont pour le troisième lien et qu’ils vont le financer à 40 %.
« Nous sommes le seul parti en faveur du troisième lien, a insisté depuis Brantford, en Ontario, le chef conservateur Erin O’Toole. Les Québécois méritent une voix forte à Ottawa. »
Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, qui faisait campagne à Surrey, en Colombie-Britannique, mercredi, a quant à lui affiché une position plus nuancée.
« On a investi énormément au Québec pour le transport collectif, que ce soit le tramway de Québec, que ce soit la ligne bleue, que ce soit le REM à Montréal.
« On va continuer d’être intéressés par des projets, particulièrement les éléments du troisième lien qui ont un lien avec le transport collectif. Ces discussions vont continuer », a déclaré M. Trudeau.
Invité à son tour à donner son avis sur le sujet, son rival néodémocrate a déclaré que le troisième lien ne peut être applaudi par les environnementalistes.
« On est contre ce projet parce qu’il n’amène pas à nos buts de réduire nos émissions de GES, d’investir dans l’infrastructure pour faire face à la crise climatique », a souligné Jagmeet Singh, en campagne à Windsor.
Pas facile à Québec, admet Blanchet
Plus tard, à sa sortie d’une rencontre avec le maire de Québec, Régis Labeaume, Yves-François Blanchet a admis qu’il lui restait beaucoup de travail à faire dans la région.
Questionné à savoir ce qu’il pensait avoir accompli durant ses deux jours à Québec, il a dit avoir pris la « lecture de ce qui se passe, de ce que sont les enjeux, de comment les gens réagissent à différents sujets ».
« Ça ne sera pas facile, a-t-il déclaré. On est reçu […] dans la curiosité. […] J’ai clairement besoin des 26 jours qui reste pour compléter ce travail-là. »
Les conservateurs, d’après lui, ont encore des « racines assez fortes dans la région ».
« Il y a une habitude qui s’est installée de vote conservateur dans la région. De créer une brèche là-dedans, ça va quand même demander des efforts », a-t-il poursuivi.
« Il va falloir qu’on y revienne à Québec encore à plusieurs reprises avant la fin de la campagne si on veut avoir les résultats qu’on espère. »
Plus de soutien aux gravement malades
Mercredi, le Bloc québécois a proposé de faire passer les prestations d’assurance-emploi de 15 à 50 semaines pour les personnes gravement malades.
Yves-François Blanchet a présenté cette idée en point de presse en présence de son candidat Louis Sansfaçon, dont la fille Émilie a été emportée par le cancer en novembre dernier.
Elle a été obligée de s’inquiéter de sa situation financière en tant que mère de famille, au moment où sa santé aurait dû être sa seule préoccupation, a déploré M. Sansfaçon.
M. Blanchet s’est engagé à poursuivre le combat d’Émilie, plaidant qu’une société ne pouvait abandonner ses plus vulnérables, « comme le fait actuellement le fédéral ».