Surenchère électorale sur les transferts fédéraux en santé

Les 28 milliards de dollars demandés par les provinces au fédéral en transferts en santé opposent bloquistes, conservateurs et néodémocrates.
Le chef conservateur Erin O’Toole s’engage à faire passer de 3 à 6 % par an au minimum l’augmentation de l’enveloppe versée aux provinces, mais ses adversaires bloquiste et néodémocrate n’y voient que du vent.
Le Conseil de la fédération, qui regroupe les provinces, réclame une hausse immédiate des transferts pour qu’ils couvrent 35 % des coûts en santé plutôt que les 22 % actuels, sans conditions. Les transferts fédéraux en santé passeraient ainsi de 42 à 70 milliards de dollars, soit 28 milliards de plus.
Le chef bloquiste Yves-François Blanchet a dit oui sans aucune réserve à cette revendication dans une lettre transmise jeudi au président du Conseil de la fédération, le premier ministre manitobain Brian Pallister. Le chef néodémocrate Jagmeet Singh a aussi répondu par l’affirmative.
Le chef libéral Justin Trudeau n’a pas répondu clairement à la question, mais il a laissé entendre qu’« on va être là » et s’est contenté d’évoquer une hausse éventuelle. « On a transféré des milliards de dollars pour aider dans le court terme dans le système de santé et, comme je l’ai promis bien souvent, on va augmenter les transferts en santé parce qu’on sait qu’il y a plus de besoins en sortant de cette pandémie », a-t-il dit en conférence de presse à Victoria.
De son côté, le chef conservateur Erin O’Toole a laissé entendre que la hausse de 6 % qu’il propose était un minimum. « Je vais avoir une approche comme un partenaire, a-t-il déclaré en conférence de presse. Je vais augmenter les transferts en santé chaque année, sans conditions, dans une manière stable et prévisible. Et on va utiliser 6 % comme un minimum. Et si on voit plus de croissance économique, on va accélérer ça. »
Selon M. Blanchet, cette hausse est largement insuffisante à ce rythme pour atteindre la cible réclamée par les provinces. « Entre 3 et 6 % d’augmentation annuelle ne nous amènent pas là avant extrêmement longtemps », a-t-il déploré en conférence de presse devant l’hôpital de Gatineau, dont l’urgence avait dû être fermée cet été en raison du manque de personnel. « Un très, très hypothétique gouvernement conservateur ne serait déjà plus là, et on ne serait pas rendu au 35 %. »
« Personne ne croit que les conservateurs vont investir en santé, […] ils ont déjà fait des compressions dans le passé », a renchéri M. Singh en conférence de presse à Edmonton. Il a rappelé que les conservateurs de Stephen Harper avaient réduit la progression des transferts en santé. « On est le parti de la santé. On veut augmenter l’accès aux services de santé. On veut améliorer l’accès. On veut investir dans une assurance médicaments universelle. On veut augmenter les transferts. »
Le gouvernement Trudeau avait annoncé un ajout de 4 milliards de dollars aux transferts fédéraux en santé le printemps dernier.
La hausse du transfert fédéral en santé est un contentieux historique entre Ottawa et les provinces. Ces dernières réclament une participation financière plus importante du fédéral depuis les compressions des années 1990, puisque les coûts du système de santé augmentent plus vite que la hausse de la contribution d’Ottawa.