Les conservateurs sont premiers au chapitre des dons politiques durant la pandémie

À la veille de la campagne électorale fédérale, le Parti conservateur du Canada a une longueur d’avance au chapitre des finances. Tout au long de la crise sanitaire de la COVID-19, le second parti aux Communes a recueilli plus de dons politiques que le Parti libéral au pouvoir.
Selon les données publiées par Élections Canada en août, les conservateurs terminent bons premiers dans la récolte de dons pour le deuxième trimestre de 2021. Ce parti a recueilli plus de 5 millions de dollars, de la part de près de 35 000 électeurs, entre le 1er avril au 30 juin 2021. C’est plus que la récolte de 3,3 millions du Parti libéral du Canada, le 1,5 million de dollars du NPD, les 682 000 $ du Parti vert du Canada et les quelque 312 000 $ du Bloc québécois.
Les données publiques sur le financement politique compilées par Le Devoir montrent que les conservateurs ont aussi complètement dominé leurs adversaires en matière de dons politiques depuis le 1er janvier 2020, période qui englobe toute la durée de la crise sanitaire.
Le parti a connu une hausse du volume de dons depuis l’arrivée d’Erin O’Toole à sa tête, à la fin août 2020. Au printemps, des sources conservatrices ont aussi évoqué un succès des campagnes de financement lié à la lutte du parti contre le projet de loi C-10, présenté comme une menace à la liberté d’expression des internautes.
Deuxièmes sur Facebook
Même si les conservateurs ont bien rempli leurs coffres ces derniers mois, ils ne dépensent pas tout à fait autant que les libéraux en publicités sur Facebook et Instagram. Il s’agit des deux seuls grands réseaux sociaux qui acceptent de diffuser des publicités politiques une fois une campagne électorale déclenchée.
Les informations publiées par la plateforme montrent que la page du Parti libéral du Canada a engagé, dans la seule la semaine du 2 au 8 août 2021, des dépenses publicitaires de 61 738 $. À cela s’ajoutent aussi 46 421 $ en publicités pour la page consacrée au premier ministre Justin Trudeau.
Bref, la semaine dernière, les libéraux ont envoyé un peu plus d’argent (108 159 $) à la multinationale californienne que le Parti conservateur d’Erin O’Toole (98 051 $, y compris la page du chef), mais énormément plus que tous les autres partis. Le NPD et Jagmeet Singh en sont à 8429 $ ; le Bloc québécois, à 362 $ ; et la cheffe du Parti vert, Annamie Paul, à 269 $. La page Facebook du Parti vert du Canada et la page du chef bloquiste Yves-François Blanchet n’ont pas été l’objet de campagnes publicitaires cette semaine-là.
Les libéraux et les conservateurs ont considérablement augmenté leurs dépenses sur Facebook par rapport à la moyenne des deux dernières années, quoique les données ne permettent pas de connaître le détail de cette évolution. Depuis le 25 juin 2019, soit il y a 111 semaines, les libéraux ont enregistré des dépenses de 3,2 millions de dollars auprès du réseau social ; les conservateurs, 2,5 millions.
Facebook rend publiques depuis cette date toutes les dépenses effectuées dans la catégorie « Enjeux, élections ou politique » de sa « bibliothèque des publicités ». Ces montants tiennent aussi compte de ceux générés par sa filiale Instagram. Les auteurs de publicités politiques doivent au préalable être approuvés par un mécanisme de la plateforme, qui vérifie leur identité. Toutes les données sont conservées durant sept ans.
En constituant un registre de toutes les publicités politiques, Facebook va encore plus loin que ce qui est prévu par la Loi électorale du Canada. Adopté en 2018, le projet de loi C-76 modifiant la Loi électorale force depuis juin 2019 les plateformes en ligne à compiler ce genre d’information lorsqu’elles vendent de la publicité partisane ou électorale, tant auprès de partis que de tiers, mais seulement si ce contenu est diffusé durant une période électorale ou préélectorale. Les données doivent être conservées deux ans après l’élection.
La mesure a découragé Google, propriétaire de YouTube, à vendre des publicités politiques durant une campagne électorale. Les plateformes Twitter et TikTok ont même complètement renoncé au marché des publicités politiques et, par conséquent, n’ont pas constitué de registre.