Les fonctionnaires fédéraux mal à l’aise d’utiliser le français au bureau

Une « insécurité linguistique » plombe l’usage du français dans les bureaux fédéraux de Montréal, d’Ottawa et de Gatineau, notamment, selon un sondage du Commissaire aux langues officielles du Canada.

Pas moins de 44 % des fonctionnaires francophones sont mal à l’aise d’utiliser leur langue première dans les bureaux bilingues sondés de la région de la capitale fédérale, mais aussi ailleurs en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick, selon l’enquête d’opinion publiée vendredi.

« L’insécurité linguistique en français langue première et en français langue seconde est un défi important dans toutes les régions étudiées, principalement en ce qui a trait à l’expression orale, mais aussi à l’écriture et à la demande de supervision dans cette langue », note le rapport.

Les répondants qui se sentent mal à l’aise d’utiliser leur première langue officielle sont souvent préoccupés par les inconvénients causés aux autres, craignant par exemple l’effort supplémentaire demandé aux collègues et la crainte d’être jugés. Certains craignent aussi de ne pas être bien compris par leur supérieur. La haute direction, note-t-on, ne leur demande que très peu de produire des documents en français.

44 %
C’est le pourcentage de fonctionnaires fédéraux francophones qui se disent mal à l’aise d’utiliser leur langue première dans les bureaux bilingues du gouvernement.

Pourtant, un grand nombre de fonctionnaires, y compris les anglophones, aimerait travailler plus souvent en français. 53 % des employés fédéraux anglophones qui ont au moins des compétences intermédiaires en français souhaitent avoir plus d’occasions d’utiliser le français au travail. Parmi les francophones qui travaillent dans des milieux où l’anglais prédomine, ce taux monte à 70 %.

En décembre, Le Devoir rapportait que la haute direction des ministères qui composent Affaires mondiales Canada est presque uniquement composée d’anglophones, et ne fait accéder que d’autres anglophones aux postes stratégiques. Par la force des choses, leurs subalternes francophones choisissent parfois de faire carrière dans leur langue seconde.

Il est à noter que le sondage du Commissaire aux langues officielles conclut qu’il existe aussi une insécurité linguistique en anglais langue première et en anglais langue seconde dans toutes les régions étudiées, mais qui est plus courante au Québec.

Le sondage a été mené en ligne du 6 au 25 mars 2019. Il a suscité un immense engouement parmi les fonctionnaires : 10 828 employés provenant de près d’une centaine d’institutions fédérales ont rempli le questionnaire.

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