Ottawa défend la vaccination des détenus âgés

Selon les statistiques fédérales, il y a eu 1149 cas de COVID-19 dans les pénitenciers fédéraux dont trois se sont soldés par un décès.
Photo: Oded Balilty Associated Press Selon les statistiques fédérales, il y a eu 1149 cas de COVID-19 dans les pénitenciers fédéraux dont trois se sont soldés par un décès.

Le gouvernement fédéral a dû remettre les pendules à l’heure après que les conservateurs d’Erin O’Toole et le premier ministre ontarien lui aient reproché de vacciner les détenus. Ce ne seront que les prisonniers à risque – à cause de leur âge ou de leur état de santé — qui seront vaccinés sous peu et cela, à la suggestion du Comité consultatif national de l’immunisation. Les autres délinquants enfermés attendront leur tour, comme le reste de la population canadienne.

Le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, a confirmé qu’environ 1200 doses du vaccin contre le coronavirus, pouvant immuniser 600 personnes, seront utilisées à partir de vendredi dans les institutions carcérales fédérales. Les doses serviront à immuniser les détenus de 70 ans et plus et ceux dont les conditions de santé les rendent plus à risque de développer une forme sévère de la COVID-19. Les doses seront réparties à travers le système carcéral canadien. Elles permettront donc d’immuniser environ 4,6 % des quelque 13 000 détenus fédéraux.

« Nous avons la responsabilité de prendre soin des prisonniers qui nous sont confiés pour s’assurer qu’ils sont traités équitablement et sont en sécurité », a rappelé le ministre Blair en conférence de presse. « Il faut se rappeler que lorsque quelqu’un devient très malade dans nos pénitenciers fédéraux, ils ne sont pas traités à l’interne, ils accaparent un lit de soins intensifs dans l’hôpital de la communauté locale. Il est donc très important que nous nous occupions de ces individus les plus susceptibles de développer des complications sévères de la COVID. » En d’autres mots, un prisonnier malade contribue autant à engorger le réseau de la santé qu’un citoyen malade ordinaire.

Pourtant, le chef conservateur Erin O’Toole s’est insurgé contre cette politique. « Aucun criminel ne devrait être vacciné avant un travailleur de la santé de première ligne ou un Canadien vulnérable. Aucun », a-t-il écrit sur le réseau Twitter mardi soir. Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a fait de même. « Le ministre en a échappé une », a-t-il dit mercredi à propos de Bill Blair. « Ne donnons pas le vaccin aux criminels les plus dangereux du pays avant les personnes les plus vulnérables qui se trouvent dans les résidences de soins de longue durée. »

Le ministre Blair a reproché à ses collègues politiques leur mesquinerie. « Je rappellerais au premier ministre et au chef conservateur que le ressentiment et les incitations à la peur n’ont pas leur place dans ce débat, qui doit s’appuyer sur l’avis des experts de santé publique. Le Comité consultatif national de l’immunisation a été très clair que les gens vivant dans des milieux fermés comme les établissements de soins de longue durée ou les pénitenciers et qui sont âgés ou ont des conditions médicales sous-jacentes, et sont à ce titre plus vulnérables, doivent être priorisés. »

Selon les statistiques fédérales, il y a eu 1149 cas de COVID-19 dans les pénitenciers fédéraux dont trois se sont soldés par un décès.

 

Le syndicat des agents correctionnels ne s’insurge pas contre la vaccination de ces détenus, mais demande que ses membres soient aussi considérés comme des candidats prioritaires au vaccin. « Nous comprenons que Service correctionnel Canada souhaite vacciner les détenu-es âgés et à risque rapidement, a dit le syndicat dans une déclaration écrite. Mais les agents correctionnels ne devront pas venir en dernier ; ils devront être vaccinés le plus vite possible ».

Selon nos informations, le gouvernement fédéral fait des représentations auprès des provinces pour que les travailleurs de la santé œuvrant à l’intérieur des pénitenciers fédéraux soient traités comme des personnes prioritaires. Le Manitoba a d’ailleurs déjà agi en ce sens et a commencé à vacciner ces travailleurs. Les employés réguliers du Service correctionnel seront vaccinés lors de la deuxième phase de vaccination, qui débutera en mars.

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