L’ex-ministre libéral fédéral Alfonso Gagliano est décédé

En 2004, Alfonso Gagliano a été démis de ses fonctions par le premier ministre Paul Martin.
Photo: Simon Hayter Archives La Presse canadienne En 2004, Alfonso Gagliano a été démis de ses fonctions par le premier ministre Paul Martin.

L’ex-ministre libéral fédéral Alfonso Gagliano, dont le nom a été mêlé au scandale des commandites, est décédé samedi à l’âge de 78 ans. Les causes du décès n’ont pas été dévoilées.

La nouvelle a été confirmée par sa fille, Imma. « C’est avec une grande tristesse que la famille Gagliano annonce le décès de M. Alfonso Gagliano, le 12 décembre à l’âge de 78 ans. […] Il était un fier Québécois, un fier Canadien et un fier Italien qui avait une grande passion pour la vinification. Levons un verre à son honneur. Qu’il repose en paix », a-t-elle écrit dans une déclaration remise à La Presse canadienne.

Né en Sicile, M. Gagliano arrive au pays en 1958 et devient comptable. Il s’implique sur la scène politique scolaire. De 1977 à 1983, il est commissaire scolaire à la Commission Jérôme-LeRoyer, dans l’est de l’île de Montréal. Il en devient le président en 1983.

Il fait le saut en politique fédérale en 1984. Deux fois, il résiste à la vague conservatrice qui frappe le Québec, cette année-là et en 1988, pour se faire élire dans une circonscription de St-Léonard-Anjou. Il occupera ce siège (qui deviendra entre-temps St-Léonard-St-Michel) jusqu’à son départ de la Chambre des communes en 2002.

Pendant le règne de Brian Mulroney, M. Gagliano était le porte-parole de son parti pour les petites entreprises et le tourisme avant de s’occuper du dossier de l’emploi et de l’immigration. Il était aussi whip des libéraux.

Après l’élection du premier gouvernement de Jean Chrétien, en 1993, M. Gagliano demeure whip de son parti. En 1994, il est devenu secrétaire parlementaire et leader adjoint du gouvernement.

En janvier 1996, M. Chrétien l’a nommé ministre du Travail, poste qu’il occupera jusqu’à l’automne de l’année suivante. Le premier ministre le permute alors au ministère des Travaux publics et de l’Approvisionnement.

M. Gagliano semble alors gagner en puissance. Il fait partie de divers comités, étant même membre du conseil du Trésor. Le premier ministre en fait son principal lieutenant pour le Québec en 2000.

Mais il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne.

La foudre le frappe une première fois en janvier 2002. Éclaboussé par des allégations de favoritisme, comme l’écrivait La Presse canadienne à l’époque, Jean Chrétien le destitue du conseil des ministres et l’envoie au Danemark à titre d’ambassadeur. Le premier ministre affirmera que M. Gagliano voulait quitter la scène politique à l’été 2003, mais que le remaniement avait précipité son départ. « Je perds un précieux collègue », avait-il déclaré.

Pendant qu’il séjourne au pays d’Hamlet, M. Gagliano n’est pas oublié. Son nom revient souvent lorsqu’éclate le scandale des commandites, un programme visant le financement illégal de la promotion du fédéralisme dans le contexte du référendum sur la souveraineté du Québec en 1995.

Le rapport de la vérificatrice générale Sheila Fraser, dévastateur à son endroit, convainc Paul Martin, qui a succédé à Jean Chrétien, de le démettre de ses fonctions en février 2004.

« On a négligé ou violé les règles à toutes les étapes du processus pendant plus de quatre ans et il y a peu de preuves que l’État en a eu pour son argent », avait-elle écrit dans son rapport.

Dans son rapport sur le programme des commandites, rendu public en 2005, le juge John Gomery l’épingle à son tour et lui reproche d’avoir été en partie responsable des importantes sommes d’argent empochées par des agences de publicité proches du Parti libéral du Canada.

M. Gomery avait notamment conclu que M. Gagliano jouait un rôle direct dans les décisions visant à subventionner des événements et des projets à des fins partisanes plutôt que dans un souci d’unité nationale.

M. Gagliano avait tenté de faire renverser les conclusions formulées à son sujet à la suite de la Commission Gomery, mais il avait été débouté par un juge de la Cour fédérale.

Le diplomate déchu intente des poursuites contre le gouvernement fédéral, mais il perd sa cause devant la Cour supérieure. Il interjette appel, mais en vain.

 

Depuis son retrait de la vie publique, Alfonso Gagliano dirigeait un vignoble qui porte son nom à Dunham, dans les Cantons-de-l’Est.

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