Aux policiers d’enquêter sur le recrutement de soldats pour Israël, dit Ottawa

Le ministre fédéral de la Justice, David Lametti
Photo: Adrian Wyld La Presse canadienne Le ministre fédéral de la Justice, David Lametti

Le gouvernement de Justin Trudeau n’a pas l’intention de faire enquête sur des allégations de recrutement illégal par le consulat d’Israël à Toronto pour l’armée israélienne, malgré la demande d’un groupe citoyen en ce sens. Le ministre de la Justice, David Lametti, laissera plutôt le soin aux autorités policières de se pencher sur la question.

Le Devoir révélait lundi qu’une centaine de professeurs d’université, d’auteurs, de représentants syndicaux et de militants pour les droits des Palestiniens avaient envoyé une lettre de plainte au ministre Lametti. La missive argue, photos à l’appui, que le consulat d’Israël à Toronto a publié des invitations sur son site Web offrant de rencontrer des représentants des Forces de défense israéliennes (FDI) dans ses bureaux. Ce qui représente, selon les plaignants, du recrutement pour le compte de l’armée en sol canadien. Le groupe, associé à un avocat de Montréal, John Philpot, a demandé au ministre de faire enquête et de porter des accusations contre les employés consulaires si leurs allégations s’avèrent.

Le ministre a cependant fait valoir, en conférence de presse sur un autre sujet lundi, qu’il revient aux autorités responsables — et non à son bureau — de déterminer si les allégations sont fondées.

« Il faut que les diplomates dans un autre pays, donc les diplomates d’Israël qui sont ici, suivent la loi canadienne », a confirmé le ministre. « D’habitude, au Canada, il relève des enquêteurs de la police de décider s’il y a eu des infractions et du service des poursuites pénales, s’il y a lieu, de procéder avec des accusations formelles. Donc je vais laisser la décision aux institutions qu’on a au Canada de suivre la situation », a-t-il tranché.

Le bureau du ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, n’a pas voulu faire de commentaires, s’en remettant aux propos du ministre de la Justice. Ce dernier a en outre pris soin de faire valoir, en entamant sa réponse aux allégations, que le Canada a « en tant que pays des relations avec Israël » de même que « des relations personnelles avec les citoyens d’Israël ».

La Loi canadienne sur l’enrôlement à l’étranger interdit tout recrutement militaire au Canada, à moins qu’il soit mené par des diplomates auprès de ressortissants de leur propre pays.

Le consulat d’Israël au Québec, qui s’est chargé de répliquer aux allégations, affirme que ces invitations à rencontrer des représentants de l’armée israélienne représentent un service consulaire offert aux citoyens israéliens — et pas aux non-Israéliens — qui doivent faire le service militaire en vertu de la loi du pays.

Le groupe citoyen qui a présenté sa plainte au ministre Lametti craint toutefois que le consulat israélien ne recrute aussi des Canadiens ainsi que des citoyens ayant la double citoyenneté israélienne et canadienne. Ce second cas, à leurs yeux, serait interdit par la Loi sur l’enrôlement à l’étranger. Des experts consultés par Le Devoir ne partagent pas cette interprétation de la loi en ce qui a trait aux ressortissants ayant une double citoyenneté.

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