Le chef du Bloc nie les allégations et reste en poste

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, n’a pas voulu ajouter quelque commentaire que ce soit au communiqué de presse diffusé plus tôt par son parti.
Photo: Sean Kilpatrick La Presse canadienne Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, n’a pas voulu ajouter quelque commentaire que ce soit au communiqué de presse diffusé plus tôt par son parti.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s’est retrouvé à son tour mêlé aux nombreuses allégations d’inconduite sexuelle qui inondent les réseaux sociaux ces jours-ci. Le leader bloquiste a nié en bloc les faits qui lui ont été reprochés par une internaute. Mais ces allégations ont créé un malaise dans le milieu politique.

Une internaute anonyme a reproché à M. Blanchet, sur Facebook mardi soir, d’avoir été trop insistant avec elle lors d’une soirée dans un bar montréalais à l’époque où le chef du Bloc était le gérant d’artiste d’Éric Lapointe en 1999.

« Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, nie sans équivoque les gestes allégués », a réagi son attachée de presse, Carolane Landry, dans un communiqué diffusé quelques heures après la publication mercredi matin.

« Il invite la personne ayant publié les allégations à porter plainte auprès des autorités compétentes. Le chef du Bloc québécois souhaite toujours que la justice puisse être interpellée afin de protéger de réelles victimes de gestes criminels », poursuit la déclaration du parti souverainiste.

Le Devoir n’a pas été en mesure de valider les allégations ni de s’entretenir avec la victime mercredi.

Yves-François Blanchet a refusé de faire tout autre commentaire.

 

La directrice générale du Bloc québécois, Josée Beaudin, n’a pas non plus souhaité se prononcer. « Je ne veux pas commenter ce dossier. Pas du tout. Pour le moment, la réaction du chef est très claire. Et pour le moment, on se fie à cette réaction », a-t-elle précisé lors d’un bref entretien téléphonique avec Le Devoir. En matinée, le Bloc n’avait pas l’intention de lancer une enquête sur cette affaire.

La réaction du Bloc québécois laisse Mireille Lalancette songeuse. Chercheuse au Groupe de recherche en communication politique, elle estime qu’il serait « important que le Bloc aille plus loin et se montre plus blanc que blanc ».

« Un parti qui se dit progressiste et pour le respect hommes/femmes et une nouvelle gouvernance ne peut balayer ces allégations sous le tapis », pense celle qui enseigne à l’Université du Québec à Trois-Rivières. « Il doit agir rapidement et émettre un avis là-dessus — voire suspendre son chef jusqu’à ce qu’il y ait un nouvel éclairage sur la situation. »

Le député bloquiste et doyen des élus fédéraux, Louis Plamondon, a cependant vivement défendu son chef en se disant « pleinement satisfait » de sa déclaration. « Quant aux saloperies qui se disent sur les Facebook, je ne les lis jamais et je ne les commente jamais. […] On ne peut pas vivre en démocratie avec un système de justice basé sur la dénonciation anonyme », a-t-il dit au Devoir.

Partis politiques timides

 

Les rivaux politiques de M. Blanchet se sont montrés tout aussi prudents que le Bloc québécois dans leurs réactions.

À Ottawa, le bureau du premier ministre Justin Trudeau a refusé de commenter. La ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly, a offert la réaction libérale : un gazouillis à l’endroit des victimes de harcèlement ou de violence sexuelle. « Je vous entends et vous comprends. Il faut du courage pour dénoncer », leur a-t-elle écrit, sans toutefois citer le chef bloquiste.

Ni le Parti libéral, ni le Nouveau Parti démocratique n’ont voulu dire si — comme certains internautes le suggéraient — M. Blanchet devrait s’interroger sur son avenir comme chef du Bloc québécois.

« C’est un récit troublant et j’ai toujours été d’avis que toutes les allégations doivent être prises au sérieux », a affirmé le chef néodémocrate, Jagmeet Singh.

Le Parti conservateur n’a pas voulu réagir.

Du côté provincial, le premier ministre François Legault a lui aussi refusé de commenter « des cas individuels ». « Ce qu’on voit, c’est qu’il y a beaucoup de dénonciations. Évidemment, il faut être prudent, mais avec les médias sociaux comme on les connaît, c’est à peu près inévitable », s’est-il contenté de répondre, en disant souhaiter que « les recours légaux soient pris ».

Les oppositions ont aussi choisi de ne pas commenter ce cas précis, y compris du côté du Parti québécois — le parti frère du Bloc — où le chef intérimaire Pascal Bérubé a refusé de réagir.

Les allégations contre M. Blanchet s’inscrivent dans le contexte plus large d’une nouvelle vague de dénonciations touchant le secteur culturel. Depuis la semaine dernière, différents témoignages (anonymes ou pas) ont incité ou forcé de nombreux artistes à s’excuser pour leurs agissements, dont les chanteurs Bernard Adamus, Kevin Parent, Yann Perreau et Alex Nevsky, ou l’animatrice Marie-Pier Morin. Tous ont été lâchés par différents partenaires.

Avec Marie-Michèle Sioui

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