Vent de panique chez les résidents temporaires du Canada

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé lundi qu’il fermerait les frontières pour freiner la progression du coronavirus.
Photo: Jonathan Hayward La Presse canadienne Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé lundi qu’il fermerait les frontières pour freiner la progression du coronavirus.

Le compte à rebours est lancé pour les résidents temporaires du Canada présentement à l’extérieur du pays. Ils ont jusqu’à mercredi pour rentrer avant que la frontière soit officiellement fermée aux étrangers. Une mesure prise par Ottawa lundi devant la progression du coronavirus.

« Je trouve ça logique de fermer les frontières, [mais] je veux juste pouvoir rentrer chez moi, au Canada. Je ne comprends pas pourquoi on laisse rentrer certaines personnes et pas d’autres », lance Émilie Guérin complètement désemparée par la situation.

Cette Française d’origine s’est installée à Montréal avec son conjoint il y a maintenant six mois, après avoir fait la demande d’un permis vacances-travail. Le couple est actuellement en France pour deux semaines de vacances, afin de rencontrer leur neveu qui vient de naître. Ils doivent revenir au Québec jeudi prochain en après-midi. Mais n’étant ni citoyens canadiens ni résidents permanents, ils risquent de se heurter à un mur.

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé lundi qu’il fermerait les frontières pour freiner la progression du coronavirus. « Nous fermerons nos frontières aux gens qui ne sont pas citoyens ou résidents permanents du Canada », a-t-il déclaré en conférence de presse.

La mesure entrera en vigueur à compter de mercredi. Seuls les Canadiens et les résidents permanents pourront dès lors entrer sur le territoire, s’ils ne présentent aucun symptôme de la COVID-19. Une exception sera faite pour les Américains, de même que les équipages des avions, les diplomates et les membres de la famille immédiate de citoyens canadiens (qui ne seraient pas eux-mêmes citoyens).

Quant aux personnes qui restent au Canada grâce à un permis de travail ou d’étude, ils ne seront plus autorisés à revenir au pays, à part s’ils obtiennent une exemption. Le fait de mener des « études essentielles » pourrait ouvrir la porte à une telle exemption, a évoqué la vice-première ministre, Chrystia Freeland.

« Immigration, réfugiés et citoyenneté Canada a mis en place des mesures spéciales pour les résidents permanents et temporaires touchés par le nouveau coronavirus et aura des mesures supplémentaires à annoncer en temps opportun », a indiqué au Devoir sans plus de précisions, le cabinet du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.

Inquiétudes

 

Que ce soit en France, à Cuba, au Mexique, en Colombie, en Belgique ou encore en Floride : des histoires de résidents temporaires en voyage à l’étranger, cherchant au plus vite un moyen de rentrer au pays, Le Devoir en a lu plusieurs sur les réseaux sociaux lundi. L’annonce d’Ottawa a semé un vent de panique et de confusion.

« Nous avons nos trois chats seuls à Montréal. Mon conjoint a un travail qui l’attend. Je ne sais pas quoi faire, je suis perdue », confie au Devoir, Émilie Guérin. Dans la foulée de l’annonce, la jeune femme a essayé de modifier les billets d’avion pour avancer leur retour, mais impossible de rejoindre Air Transat, dont la ligne était continuellement occupée. Elle compte se tourner dès mardi vers les ambassades pour trouver une solution.

Charlotte Remy, également originaire de France, craint aussi de ne pouvoir revenir au Canada puisque son vol de retour pour Montréal est mercredi après-midi et qu’elle détient juste un permis d’étude. Elle vit depuis trois ans au Québec, où elle fait son doctorat. « J’étais en Belgique pour le travail depuis mercredi dernier et je suis rentrée dans ma famille ce weekend en France à cause des premières mesures restrictives, explique-t-elle. Ça a l’air que je vais être bloquée là pour une durée indéterminée. »

De son côté, Kenny a eu plus de chance que ses compatriotes puisqu’il a réussi à mettre la main sur un billet d’avion le faisant rentrer mardi à Montréal. Mais au prix de 2900 dollars. Cela fait trois ans qu’il a élu domicile à Montréal avec sa femme. Ils détiennent tous les deux un permis de travail et ont lancé les procédures pour obtenir leur résidence permanente.

De passage en France pour des raisons professionnelles, Kenny a décidé d’écourter son séjour d’un mois en apprenant la fermeture des frontières de l’autre côté de l’Atlantique. Il n’a pas hésité longtemps et a pris le premier billet qui lui permettait de rejoindre sa femme restée à Montréal.

Encore faut-il que son vol ne soit pas annulé. Car le président français, Emmanuel Macron, a aussi annoncé lundi la fermeture des frontières de l’espace Schengen à compter de mardi midi. « C’est effrayant je n’ai aucune idée si l’aéroport sera évacué ou si je pourrais quand même partir. C’est mal organisé » laisse tomber Kenny.



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