Trudeau ne mérite pas la confiance des Verts, dit Elizabeth May

Le premier ministre, Justin Trudeau, a reçu à son bureau la leader parlementaire du Parti vert, Elizabeth May.
Photo: Sean Kilpatrick La Presse canadienne Le premier ministre, Justin Trudeau, a reçu à son bureau la leader parlementaire du Parti vert, Elizabeth May.

Le Parti vert n’appuiera pas le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau tant que ce dernier n’aura pas des cibles environnementales plus ambitieuses et qu’il ne renoncera pas à l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain. Les trois élus verts pourraient soutenir, au cas par cas, des projets de loi gouvernementaux, mais jamais ils n’accorderont leur soutien aux libéraux lors d’un vote de confiance, prévient Elizabeth May.

« Je ne donnerai pas mon appui à une motion de confiance pour un gouvernement qui s’engage à continuer de voler l’avenir de nos enfants », a tranché Mme May à l’issue d’une rencontre avec le premier ministre en vue de préparer la rentrée du nouveau Parlement. « Il ne s’agit pas de refuser de collaborer, a-t-elle soutenu. Là où nous pouvons travailler ensemble, nous le ferons. Mais je ne peux pas accorder ma confiance à un gouvernement dont le plan entraînera la destruction de la planète. »

Cibles insuffisantes

 

La leader parlementaire du Parti vert reproche à Justin Trudeau d’avoir des cibles insuffisantes de réduction des gaz à effet de serre. Et le projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain que défend le gouvernement est incompatible avec toute lutte contre les changements climatiques, a-t-elle déclaré vendredi.

Mme May reconnaît que M. Trudeau n’a pas besoin de l’appui des verts pour rester au pouvoir. Le gouvernement libéral n’aura qu’à s’assurer d’avoir celui d’un des partis d’opposition pour les votes de confiance (lors de l’adoption des dépenses budgétaires ou à la suite du discours du Trône, par exemple). Mais Mme May estime néanmoins que le chef libéral ne pourra pas l’ignorer, car elle défend les préoccupations environnementales d’un million d’électeurs qui ont voté pour le Parti vert.

Je ne donnerai pas mon appui à une motion de confiance pour un gouvernement qui s’engage à continuer de voler l’avenir de nos enfants

La leader rencontrait à son tour Justin Trudeau vendredi. Mme May s’est dite disposée à appuyer la création d’un programme national d’assurance médicaments ou une loi libérale qui obligerait toutes les lois fédérales à respecter la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

En route vers la COP25 ?

Elizabeth May réclame en outre que le premier ministre bonifie ses cibles de réduction de GES.

 

M. Trudeau s’est engagé en campagne électorale à ce que le Canada devienne carboneutre d’ici 2050, mais Mme May argue qu’il s’agit d’un objectif inatteignable avec la cible actuelle de réduction de 30 % des GES d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005. Le Parti vert prône plutôt une réduction de 60 %. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) recommande une diminution mondiale des émissions de 45 % d’ici 2030.

Mme May a sommé le premier ministre d’aller lui-même à la COP25 de Madrid, dans trois semaines, pour statuer « qu’un pays producteur d’énergie fossile s’engage à être carboneutre d’ici 2050 » et ainsi encourager la planète à lui emboîter le pas.

Le bureau du premier ministre s’est contenté d’indiquer que « le Canada sera assurément représenté à la COP25 ». Il semble toutefois peu probable que M. Trudeau fasse partie de la délégation.

Pas de chefferie pour Wilson-Raybould

 

Elizabeth May a cédé les rênes de la chefferie du Parti vert la semaine dernière. Certains espéraient déjà voir l’ancienne ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould lui succéder. Mais Mme May a coupé court à cette possibilité, notamment parce qu’elle ne croit pas que son amie soit intéressée.

« Et je ne l’y inviterais pas. Je crois que le prochain chef devrait être parfaitement bilingue », a-t-elle statué.

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