
Avortement: Scheer laissera ses députés s’exprimer

Le chef conservateur, Andrew Scheer, s’est engagé à personnellement voter contre un éventuel projet de loi s’attaquant au droit à l’avortement, mais il n’entend pas pour autant, s’il devient premier ministre, empêcher ses députés de présenter une telle mesure.
« Rien n’a changé pour notre parti sur cette question », a lancé M. Scheer jeudi lorsqu’il s’est fait demander en point de presse s’il permettrait le dépôt d’un projet de loi d’initiative privée. « Nous opérons en vertu de la même politique que sous le précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper, à savoir que les députés ont le droit de s’exprimer sur des questions de conscience. »
Entre 2006 et 2015, trois projets de loi et une motion portant sur l’avortement ou la reconnaissance légale du foetus ont été déposés par des élus conservateurs à la Chambre des communes. Une autre motion conservatrice, dénonçant celle-là les avortements sexo-sélectifs, avait été interdite de vote.
Nous opérons en vertu de la même politique que sous le précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper, à savoir que les députés ont le droit de s’exprimer sur des questions de conscience
Lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il punirait un député qui prendrait à nouveau une telle liberté, le chef conservateur a évité de répondre : il a plutôt prédit que ses troupes se « concentreron[t] sur les questions qui [les] unissent » tout en vantant le fait que le Parti conservateur est « le seul parti qui reconnaît [l’existence de divergences d’opinions sur l’avortement] et qui autorise les gens à avoir des points de vue personnels ». Toutefois, M. Scheer a indiqué que lui et son cabinet voteraient contre d’éventuelles initiatives parlementaires resserrant l’accès à l’avortement. « Je vais m’opposer aux mesures qui tentent de rouvrir ce débat. »
M. Scheer a répété que « les Canadiens peuvent avoir confiance que les débats sur des questions comme l’avortement ne seront pas rouverts sous un futur gouvernement conservateur. » En faisant une telle promesse, il laisse entendre que les forces opposées à l’avortement ne seront pas majoritaires au Parlement. À l’heure actuelle, 34 des 44 députés conservateurs pro-vie se représentent à l’élection, auxquels s’ajoutent 34 autres candidats identifiés comme tels par le groupe Campaign Life Coalition. Le Parti populaire de Maxime Bernier compte à ce jour 57 candidats désireux d’interdire les avortements au-delà de la 24e semaine de grossesse.
Mariage gai
M. Scheer a par ailleurs dû expliquer comment sa pensée avait évolué depuis 2005, lorsqu’il avait soutenu à la Chambre des communes que le mariage entre conjoints de même sexe n’est pas légitime puisque ne pouvant servir à la procréation. « C’est une question qui a été tranchée par le Parlement il y a 14 ans. Je l’accepte. […] Un vote a eu lieu. La question a été réglée. Les Canadiens sont passés à autre chose. Je suis passé à autre chose. » M. Scheer a répété à plusieurs reprises que « les Canadiens LGBT ont la même valeur et la même dignité inhérente que les autres Canadiens ». « Je vais toujours respecter la loi et m’assurer qu’ils ont un accès égal au mariage tel que le prévoit la loi. »
Le chef conservateur était visiblement exaspéré de se faire faire un procès d’intention. Il estime que ce sont les libéraux qui « ramènent des enjeux sociaux conflictuels » à chaque élection afin de détourner l’attention des électeurs. M. Scheer n’a jamais accepté d’assister à un défilé de la Fierté gaie.