Les conservateurs présentent leur plan de protection de l’environnement

Le chef conservateur Andrew Scheer croit qu’il peut « surpasser » les libéraux avec son plan sur l’environnement et ainsi réussir à atteindre les cibles de l’Accord de Paris.
M. Scheer a détaillé sa plateforme dans la cour arrière d’une résidence privée à Chelsea, au Québec, mercredi soir, un des endroits touchés par des inondations plus tôt ce printemps.
« Notre plan équilibre la nécessité pour le Canada de combattre les changements climatiques en réduisant les émissions globales et notre engagement fondamental de laisser plus d’argent dans les poches des Canadiens et Canadiennes et de leur permettre d’améliorer leur quotidien », a-t-il énoncé dans son discours.
Le document de 60 pages — baptisé « Un vrai plan pour protéger notre environnement » — détaille 55 politiques « spécifiques, réalistes et réalisables ».
« C’est basé sur des chiffres concrets du [directeur parlementaire du budget] qui montrent aux Canadiens qu’une approche d’investissement en technologie fonctionne mieux qu’une taxe sur le carbone », a-t-il expliqué en point de presse après son annonce.
Le plan conservateur ne précise pas comment il compte atteindre les cibles de Paris. Dans plusieurs cas, il donne une évaluation du coût des mesures, mais n’indique pas de seuil de réduction de gaz à effet de serre.
Obliger les gros émetteurs à investir dans la recherche Le plan confirme l’intention des conservateurs d’abolir la taxe fédérale sur le carbone pour les particuliers et les PME, mais oblige les grands émetteurs à réinvestir dans la recherche et le développement d’énergies vertes.
Les entreprises devront débourser un « montant fixe » pour chaque tonne de gaz à effet de serre excédant la limite. Le montant et la limite ne sont pas détaillés dans le plan conservateur.
« Nos critiques envers le gouvernement, c’est qu’il a imposé une nouvelle taxe sur les individus au Canada, mais donne un accord spécial, une exemption pour les grands pollueurs. Ça, c’est pas juste », a soutenu M. Scheer devant les journalistes.
Créer l’image de marque « écocanadien »
Les conservateurs souhaitent exporter des énergies canadiennes propres pour remplacer d’autres produits étrangers qui utilisent des énergies « plus sales ». Pour ce faire, l’équipe de M. Scheer vise à avoir une « influence mondiale » sur la réduction des émissions de GES.
Le plan des conservateurs donne l’exemple, entre autres, de l’aluminium sans carbone mis sur pied par Rio Tinto et Alcoa qui devrait être mis sur le marché en 2024 et qui devrait être exporté ailleurs dans le monde, à leur avis.
Crédit d’impôt pour les rénovations « vertes »
Un peu comme le crédit d’impôt RénoVert de Québec, M. Scheer promet de créer un crédit d’impôt fédéral sur une période de deux ans afin d’aider les propriétaires à financer leurs rénovations qui permettront d’économiser de l’énergie.
Il prévoit que les Canadiens pourront réclamer un crédit remboursable de 20 pour cent pour des rénovations vertes allant de 1000 $ à 20 000 $. Cette mesure devrait coûter 900 millions $ par année, mais n’offre pas de cible de réduction des GES.
Mettre fin au déversement d’eaux usées
Les conservateurs avaient poussé de hauts cris quand la Ville de Montréal avait déversé des milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent en 2015. Ils promettent maintenant de mettre fin à cette pratique courante dans plusieurs municipalités.
Réévaluer la contribution du Canada aux émissions mondiales Afin de « mieux comprendre le défi », les conservateurs souhaitent « étudier » la contribution du Canada aux émissions de GES sur la planète, en tenant compte de la « contribution des forêts, des milieux humides, de la toundra ».
Des représentants conservateurs ont suggéré que les études actuelles ne tenaient pas compte de tous les éléments de la science et qu’il valait mieux prendre un pas de recul pour voir où le Canada se situe par rapport aux autres pays sur les GES.
Les libéraux et néodémocrates insatisfaits
La ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, a ridiculisé le plan des conservateurs, le qualifiant de « faux plan, qui veut retourner en arrière ».
En point de presse à Ottawa après l’annonce d’Andrew Scheer, Mme McKenna a même avancé que le plan des conservateurs avait été écrit par des lobbyistes de l’industrie pétrolière.
La ministre libérale a insisté pour dire qu’il fallait imposer une taxe sur le carbone pour avoir un plan « crédible » en matière d’environnement.
« Nous avons un vrai plan où nous faisons un vrai travail pour atteindre nos cibles, mais aussi pour faire plus », a-t-elle soutenu.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a pour sa part déclaré que le plan des conservateurs « aurait pu passer le test s’il avait été adopté il y a 30 ans », puisqu’il ne répond pas à l’urgence de la situation climatique.
« Les conservateurs sont enfermés dans l’industrie des combustibles fossiles et dans le passé », a lancé le député Alexandre Boulerice.
« Il n’y a rien en 60 pages sur l’électrification des transports. Les mots » transports en commun « n’apparaissent pas. Je ne sais pas comment on peut arriver à diminuer nos émissions de gaz à effet de serre si on ne s’attaque pas vraiment à ce secteur-là. »