Andrew Scheer propose un corridor énergétique pancanadien

Andrew Scheer veut en finir avec les affrontements entre provinces chaque fois que l’une d’entre elles veut construire une infrastructure pour exporter son énergie. Le chef conservateur propose donc de tracer un corridor unique qui sillonnerait le pays d’une côte à l’autre et dans lequel seraient construits tous les oléoducs, gazoducs et lignes hydroélectriques à l’avenir.
« Avec un corridor unique, on minimiserait les impacts environnementaux, on réduirait les coûts des évaluations environnementales, on augmenterait la prévisibilité pour les investisseurs et, plus important encore, on s’assurerait que ces projets importants puissent être réalisés », a plaidé M. Scheer à Toronto jeudi au cours du deuxième des cinq discours fondateurs qu’il entend livrer d’ici l’été pour étoffer sa pensée politique.
Le professeur de l’Université de Saskatchewan Jason MacLean pense qu’en théorie, l’idée pourrait être « incroyable et fantastique ». Mais en pratique, il rappelle qu’elle nécessiterait plusieurs évaluations environnementales régionales pour chacun des écosystèmes régionaux traversés. Or il doute que la promesse de M. Scheer aille jusque-là puisque le chef conservateur promet par ailleurs d’abolir la loi C-69 (sur le point d’être adoptée) qui instaurera des évaluations environnementales plus contraignantes.
Dans son discours, M. Scheer s’est dit favorable à « la construction de plus d’oléoducs ». D’ailleurs, il vise à ce que d’ici 2030, le Canada consomme exclusivement du pétrole canadien. Il s’en est pris à Justin Trudeau qui préférerait, dit-il, s’approvisionner auprès de pays non respectueux des droits de la personne « comme l’Iran, le Venezuela et l’Arabie saoudite ». Selon l’Office national de l’énergie, en 2018, le Canada a consommé du pétrole canadien à 68 %, de l’américain à 20 %, du saoudien à 6 % et de l’azerbaïdjanais à 2 %. L’Iran et le Venezuela ne sont pas des fournisseurs significatifs.
M. Scheer a aussi pris l’engagement d’abolir la Banque d’infrastructures du Canada, qui finance la construction du REM à Montréal. En coulisse, son équipe dit que le projet sera préservé et financé par d’autres fonds d’infrastructures. La Caisse de dépôt et placement du Québec, partenaire de ce projet, n’a pas voulu commenter l’annonce.
Enfin, M. Scheer a promis qu’il ralentira le rythme de croissance des dépenses fédérales. Il ne révélera toutefois qu’en campagne électorale à quelle vitesse il entend rééquilibrer le budget. « Sous mon leadership, toute nouvelle dépense qui n’a pas déjà été budgétée devra être financée à même des économies [réalisées] au sein du gouvernement. » Les libéraux salivent à l’idée que M. Scheer promette un retour rapide à l’équilibre budgétaire qui leur permettrait de brandir la menace de coupes douloureuses pour les contribuables.