Le Québec, ce grand mal-aimé du Canada

L’animosité entre le Québec et le reste du Canada va bien au-delà de la sphère politique, confirme un nouveau sondage Angus Reid.
Photo: Graham Hughes Archives La Presse canadienne L’animosité entre le Québec et le reste du Canada va bien au-delà de la sphère politique, confirme un nouveau sondage Angus Reid.

L’animosité entre le Québec et le reste du pays n’est pas qu’affaire de premiers ministres provinciaux se chamaillant au sujet d’oléoducs. Les Québécois et les citoyens des autres provinces canadiennes se regardent aussi en chiens de faïence, révèle un nouveau sondage.

Le Québec est non seulement la province considérée comme la plus gourmande de la fédération, c’est aussi celle que le reste du Canada estime la moins aimante envers ses partenaires.

Ainsi, lorsque la firme Angus Reid a demandé à 4024 répondants en ligne quelles provinces retiraient des bénéfices supérieurs à leurs contributions au Canada, le Québec a été montré du doigt à travers le pays : 83 % des Albertains pensent que le Québec empoche plus que ce qu’il apporte, 73 % des Saskatchewanais pensent de même, tout comme 62 % des Manitobains, 60 % des Britanno-Colombiens et 59 % des Ontariens et des résidents des Maritimes.

À titre de comparaison, l’Ontario arrive au second rang des provinces mal-aimées à ce chapitre, mais ce ne sont qu’entre 37 % et 44 % des habitants de l’Ouest qui pensent que le fief de Doug Ford exploite ses partenaires de la fédération. Seulement 28 % des gens des Maritimes pensent de même et 11 % des Québécois.

En mal d’amour

Les répondants au sondage ont aussi dû indiquer, pour chaque province, s’ils croyaient qu’elle était proche de la leur ou amicale envers elle. Le constat est clair : aucune province canadienne ne pense que le Québec l’aime. En Ontario, seulement 12 % des répondants pensent que le Québec a de la sympathie pour eux. Dans les provinces atlantiques, ils sont 7 % à penser de même. Le pourcentage descend à 6 % en Colombie-Britannique, à 3 % au Manitoba, à 2 % en Saskatchewan et à 1 % en Alberta. Aucune autre province ne se voit accorder d’aussi mauvais sentiments.

Le sondage confirme donc une fois de plus que l’amour n’est pas toujours réciproque : les Québécois ont été, eux, 44 % à répondre que l’Ontario leur était sympathique et 42 % à dire la même chose du Nouveau-Brunswick, nos deux voisins limitrophes.

1%
C'est la proportion de répondants albertains qui estiment que le Québec a de la sympathie pour leur province.

À la question plus directe encore « Y a-t-il des provinces qui sont moins proches de la vôtre ou qui y sont hostiles », 81 % des Albertains ont désigné le Québec, 74 % des Saskatchewanais, 57 % des Manitobains et 56 % des Ontariens. Encore une fois, le Québec obtient les pires résultats à cette question.

Le sondage a été mené en ligne entre le 21 décembre et le 3 janvier dernier auprès de 4024 répondants. Un sondage probabiliste de taille comparable aurait une marge d’erreur de plus ou moins 2,5 %, 19 fois sur 20.

Le PQ veut « en savoir plus »

Le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, désire « en savoir plus » sur les raisons pour lesquelles le Québec est « moins populaire ». « Si c’est parce que le Québec fait part de ses revendications et de sa spécificité, ça ne va pas changer », a-t-il averti en marge d’une rencontre de son équipe jeudi. Puis, l’élu gaspésien a fait la promotion du projet d’indépendance du Québec non seulement auprès des Québécois, mais aussi auprès des Canadiens. « C’est même positif pour le Canada, qui se construit selon ses propres intérêts », a-t-il plaidé. Même s’ils ne partagent pas le « même destin » que les autres Canadiens, les Québécois souhaitent nouer une relation de bon voisinage avec le reste du pays, a poursuivi M. Bérubé. « Comme voisin, on a intérêt à avoir de bonnes relations, mais nous, la relation qu’on souhaite, c’en est une de partenariats et de collaboration. »

Avec Marco Bélair-Cirino

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