Une déclaration de revenus unique maintiendrait les emplois, dit Scheer

Andrew Scheer et François Legault s’entendent sur la nécessité d’instaurer une déclaration de revenus unique gérée par le Québec. Mais ils divergent sur un point : le changement n’entraînerait pas de pertes d’emplois dans la fonction publique fédérale, selon le chef conservateur, qui réitère vouloir donner plus d’autonomie au Québec.
Andrew Scheer affirme qu’il n’est « pas question d’éliminer des emplois pour les fonctionnaires. On a besoin des fonctionnaires pour s’assurer que les lois fédérales sont suivies. Et on peut aussi utiliser de manière plus efficace les gens qui travaillent pour le fédéral ».
Ceux qui travaillent actuellement au traitement des déclarations de revenus fédérales des Québécois pourraient ainsi faire autre chose, a suggéré M. Scheer lundi en point de presse à Montréal. Par exemple ? « On pourrait utiliser ces gens pour s’attaquer à l’évasion fiscale, et ça va être mieux pour les contribuables », dit-il.
La semaine dernière, le premier ministre Legault indiquait pourtant qu’il était « certain » qu’il y aurait des pertes d’emplois si le fédéral accepte la demande de Québec d’instaurer une déclaration de revenus unique. « Quand on dit qu’il y a 500 millions de dollars de dédoublement, ce sont essentiellement des emplois », avait expliqué François Legault après une rencontre avec Justin Trudeau, qui n’est pas favorable au projet.
Des ministres fédéraux soulevaient aussi, la semaine dernière, le fait que l’harmonisation des déclarations de revenus entraînerait des pertes d’emplois. L’Agence du revenu du Canada dit employer 5300 personnes au Québec, en particulier dans des régions où la situation de l’emploi est plus précaire, comme Shawinigan (1360 personnes) et Jonquière (1000).
Les inquiétudes ne sont pas partagées par tous, toutefois. La députée caquiste de Laviolette-Saint-Maurice (qui englobe Shawinigan), Marie-Louise Tardif, avance de son côté qu’il n’y aurait aucun impact pour sa région. « Le Centre de données fiscales a été converti en Centre national de vérification et de recouvrement il y a deux ans, dit-elle au Devoir. On ne traite plus de rapports d’impôt, les tâches sont tout autres. »
Cinq mesures à détailler
Andrew Scheer était à Montréal pour annoncer la conclusion de la tournée de consultation que ses troupes ont menée au Québec depuis le printemps. « Nous avons entendu des suggestions intéressantes qui se retrouveront dans notre programme », a soutenu le chef conservateur. Dans l’immédiat, il s’est engagé à mettre en oeuvre cinq mesures pour le Québec… mais les détails de celles-ci seront dévoilés plus tard.
Deux d’entre elles visent à donner plus d’autonomie au Québec. Par la déclaration de revenus unique, bien sûr, mais également en étant « ouverts à des aménagements permettant une plus grande autonomie au Québec dans le choix des immigrants admis sur son territoire ». Ce qui veut dire ? Pour l’instant, Andrew Scheer refuse de définir la portée réelle de l’engagement, notamment si Québec pourrait gérer le programme de réunification familiale.
« Je suis ouvert à travailler avec François Legault en se basant sur les données et les faits », a-t-il répondu à une question portant sur le plan caquiste d’abaisser à 40 000 le nombre d’immigrants accueillis chaque année au Québec.
Concernant le test des valeurs que le gouvernement Legault veut faire passer aux immigrants, Andrew Scheer dit qu’il veut « voir les propositions de François Legault. On peut avoir une discussion après ».
Autrement, les conservateurs proposeront des incitatifs pour que des retraités reviennent sur le marché du travail et contribuent à atténuer la pénurie de main-d’oeuvre. Ils travailleront aussi à mettre fin aux déversements d’eaux usées dans les cours d’eau. M. Scheer promet finalement de s’entourer d’un « ministre politique du Québec », et de nommer un ministre québécois responsable du développement économique de la province.
Quant à la question délicate des projets énergétiques, Andrew Scheer a dit être convaincu qu’il pourra répondre aux inquiétudes du Québec. « Je pense qu’il y a de l’acceptabilité sociale pour s’assurer que l’essence qui est dans nos voitures provienne du Canada », a-t-il avancé.