Le cas du troisième Canadien détenu en Chine serait un cas de «routine»

Le cas du troisième ressortissant canadien arrêté en Chine en est un de « routine » et diffère donc de ceux des deux autres qui ont été placés en détention la semaine dernière, a indiqué mercredi le premier ministre Justin Trudeau.
« Les indications qu’on a, très préliminaires, sont que c’est un cas plutôt par rapport à des choses un peu plus “routine” », a-t-il déclaré en conférence de presse de fin d’année à Ottawa, évoquant un « enjeu de visa ».
« Il faut se rappeler qu’il y a des dizaines de milliers de Canadiens qui vivent, qui voyagent, qui travaillent en Chine chaque année, et parmi eux, il y a toujours des centaines de cas consulaires à surveiller », a souligné le premier ministre.
Il n’y a donc pas de parallèle à tracer entre cette situation de nature « consulaire » et l’arrestation de Michael Kovrig, un ex-diplomate, et Michael Spavor, un entrepreneur, qui sont soupçonnés d’avoir porté atteinte à la sécurité nationale chinoise, a-t-il insisté.
« Ça, évidemment, c’est des cas plus sérieux qu’on est en train de regarder », a-t-il ajouté.
Trudeau reste prudent
Justin Trudeau s’est encore une fois bien gardé de dire que ces deux arrestations étaient de nature politique. Les deux citoyens canadiens ont été arrêtés quelques jours après l’arrestation à l’aéroport de Vancouver de Meng Wanzhou, la numéro deux du géant chinois Huawei.
Il a continué à défendre sa décision de ne pas prendre le téléphone pour exiger directement auprès du président chinois la libération des ressortissants canadiens, disant avoir tiré des enseignements sur l’attitude à adopter depuis qu’il a pris le pouvoir.
« Quand j’étais chef de l’opposition, je me souviens m’être levé en Chambre pour mettre au défi [le premier ministre Stephen] Harper : “Prenez le téléphone, faites libérer ce Canadien !” Je comprends maintenant que c’est toujours beaucoup plus compliqué que ça », a-t-il argué.
Il a fait valoir que « politiser » ces enjeux ou hausser le ton en public pouvait être « satisfaisant à court terme », mais que cela ne permettait pas toujours d’en arriver à l’objectif ultime, lequel est de faire libérer les citoyens canadiens dans le pétrin à l’étranger.
Le chef de l’opposition conservatrice, Andrew Scheer, a de nouveau exhorté Justin Trudeau à passer un coup de fil au président chinois Xi Jinping afin de régler cette affaire une fois pour toutes.
« Ça suffit. Il est temps que le premier ministre prenne le téléphone, appelle le président Xi et exige le retour des Canadiens détenus à Beijing. Toute détention de citoyens canadiens pour des raisons politiques ou diplomatiques est inacceptable », a-t-il écrit sur Twitter.
Ça suffit. Il est temps que le premier ministre prenne le téléphone, appelle le président Xi et exige le retour des Canadiens détenus à Beijing. Toute détention de citoyens canadiens pour des raisons politiques ou diplomatiques est inacceptable. https://t.co/CCRK1khevC
— Andrew Scheer (@AndrewScheer) 19 décembre 2018
Ce que l’on sait
La directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei, Meng Wanzhou, a été libérée sous conditions et doit retourner devant un tribunal de Vancouver en février. Elle a été arrêtée par les autorités canadiennes à la demande des États-Unis, qui réclament son extradition.
Quant aux deux ressortissants canadiens, qui sont détenus à Pékin, ils ont reçu ces derniers jours la visite de l’ambassadeur du Canada en Chine, John McCallum, et continuent à obtenir des services consulaires.
Le gouvernement n’a pas dévoilé l’identité de la plus récente personne d’origine canadienne appréhendée en sol chinois, Affaires mondiales Canada citant la Loi sur la protection des renseignements personnels.
À un moment, pendant sa conférence de presse, Justin Trudeau a parlé de l’arrestation d’une « Canadienne ».
Son bureau n’a pas voulu offrir davantage de détails.
Le premier ministre a par ailleurs indiqué qu’il revenait aux fonctionnaires d’Affaires mondiales Canada de faire l’évaluation de risques en ce qui a trait à la sécurité des voyageurs canadiens qui voudraient se rendre en Chine.